Emelie Forsberg, Mimmi Kotka et Ida Nilsson, les trois stars suédoises de l’ultra-trail, ont créé Moon Valley, une marque de nutrition sportive bio et végane issue de leur amour commun de la nature. Si Emelie Forsberg nous en avait touché deux mots la semaine dernière, il nous manquait ses deux complices. Rencontre avec Ida et Mimmi.
Comment vous est venue l’idée de créer cette marque ?
Mimmi : En 2017, alors que nous étions toutes les trois inscrites sur la course des Templiers, j’ai évoqué l’idée de créer nos propres barres de céréales et de les commercialiser… Et là, ça a été énorme : la réponse a été unanime et enthousiaste, ça a été « Oh yes ! Let’s do it ! ».
Ida : Depuis longtemps on discutait entre nous de l’alimentation dégoutante en raid ou en camping. On se disait qu’on pourrait faire bien mieux, mais on ne franchissait pas le cap d’entreprendre réellement la fabrication. Mimmi a été le déclic. Elle a fait des études de nutrition, elle sait de quoi elle parle et Emelie et moi sommes des fans de la cuisine. On a exactement le même mode de vie et beaucoup de choses en commun. Tout en gardant nos goûts par contre (rires).
Tu rigoles parce que le choix des goûts a été compliqué ?
Ida : C’est sûr ! Certaines voulaient plus de chocolat très amer, ou plus de fruits, mais on a toujours réussi à trouver un terrain d’entente. Si on avait écouté Mimmi et Emelie, on aurait eu une barre super amère avec du cacao pur. Mais personne les aurait achetées (rires).
Tous vos produits viennent de Norvège ?
Mimmi : Oui, absolument et c’est vraiment l’identité de Moon Valley. Nous voulons proposer des produits sains tout en soutenant les agriculteurs locaux et l’économie locale. On n’importe pas de fruits rouges ou de baies de Goji de Chine, on ramasse nos propres baies nordiques.
Ida : On est la seule marque de nutrition de sportive à proposer par exemple une boisson 100 % bio. Tout est naturel dans notre poudre et fait à partir de réels aliments déshydratés.
Est-ce difficile de se lancer dans ce milieu ?
Mimmi : Tu n’as pas idée à quel point c’est dur ! Ces trois barres différentes sur la table, c’est la partie émergée de l’iceberg. Les 90% restants sont incroyablement compliqués. Parce que nous avons la volonté de proposer un produit estampillé « bio » par l’organisme de contrôle européen, le contrôle de qualité est très strict et c’est tant mieux. Mais quel job ! Des inspecteurs visitent nos locaux et contrôlent absolument tout, c’est aussi pour cela qu’on est fières de les commercialiser.
Avez-vous réussi à proposer exactement ce que vous prépariez à votre domicile avant vos courses ?
Ida : Non, mais on s’en est approchées au plus près. Le problème vient de l’aspect technique de la fabrication : on ne maitrisait pas les problèmes liés à la péremption par exemple.
Mimmi : On a dû adapter ça à la grosse industrie pour des questions de texture par exemple ou de goût tout simplement. On nous disait à la fabrique : « il faut que ce soit plus onctueux ou celle-ci est un peu trop amère ».
Vous arrivez à dégager un salaire de cette activé ?
Ida : Absolument pas ! À un moment j’ai cru que ça serait possible et en fait, non (rires).
Mimmi : Il faudrait produire infiniment plus pour dégager des salaires pour nous trois et ce n’est pas le but premier.
Quel est le futur de Moon Valley ?
Mimmi : On veut proposer d’autres produits, d’autres goûts et des nouveautés, notamment des gels sportifs. Sur un UTMB par exemple (où elle a décroché la 3ème place cette année, ndlr), sans gels je devrais manger à peu près 24 barres Moon Valley et ça ce n’est pas possible (rires). Certaines personnes peuvent être malades à cause de ces gels qui contiennent trop de sucres raffinés que leur corps n’a pas l’habitude d’assimiler, donc mettre sur le marché un gel bio aurait vraiment du sens.
Quel est le degré de votre engagement en faveur de l’écologie ?
Ida : Si des gens sont inspirés par mon sport et par mon train de vie je me sens utile, mais je ne publie pas de photos ou de messages spéciaux sur les réseaux sociaux pour les influencer. Mais en Suède, la majorité des habitants ont la même sensibilité à la nature que la nôtre.
Mimmi : On sait qu’on ne peut pas être irréprochables en proposant des barres dans le commerce, parce qu’elles sont emballées de plastique, parce que les transporter vers un point de distribution occasionne de la pollution de carbone. Mais de toute façon si on veut être parfaites, on ne fait plus rien, impossible de commercialiser quoi que ce soit de manière complètement « verte » pour l’environnement. On a réfléchi à emballer nos barres avec une matière recyclable mais c’est impossible, ça augmente énormément le prix et raccourcit le délai avant la péremption.
Avez-vous d’autres projets en commun ?
Mimmi : On va sortir un livre qui résume notre philosophie et notre mode de vie, très liés à la Suède et aux pays nordiques. Le rapport à la nature fait partie intégrante de notre culture. On veut que les gens mangent plus local, aillent aux champignons, mangent les pommes du jardin plutôt que d’aller acheter de la mangue au supermarché. On ne donne pas de leçon, on montre juste que c’est très facile d’adopter ce mode de vie. C’est moins cher, plus durable, moins polluant et excellent pour la santé et la pratique d’activités physiques.