Disons-le, retrouver le Britannique Tom Ballard et l’Italien Daniele Nardi vivants tiendrait désormais du miracle. Les deux alpinistes ont disparu des radars depuis le 24 février sur les pentes du Nanga Parbat, plus haut sommet entièrement au Pakistan qui culmine à 8 125m. Ce 24 février est la date du dernier contact succinct avec l’équipe du camp de base 3. Leur dernière position connue se situait entre le Camp 3 et 4, à environ 6300m d’altitude. La météo, exécrable depuis leur arrivée dans la région en décembre dernier, ne s’était pas améliorée. La météo, c’est justement ce qui a poussé les deux alpinistes pakistanais les accompagnant à renoncer à cette expédition.
Depuis leur disparition, de nombreuses options ont été envisagées pour tenter de sauver les deux alpinistes. Mais problématiques géopolitiques – les tensions entre l’Inde et le Pakistan sont à leur comble depuis quelques jours – et situation météorologique délicate ont mis à mal les différentes tentatives.
Après avoir convaincu les autorités pakistanaises d’ouvrir l’espace aérien dans la zone – au prix d’un important effort diplomatique – un premier essai, jeudi, n’a pu aboutir. La météo défavorable a obligé les deux hélicoptères de l’armée pakistanaise à faire demi-tour.
Une seconde tentative a été lancée ce matin, avec cette fois une équipe d’alpinistes espagnols. Ces derniers tentaient l’ascension du K2 (deuxième sommet le plus haut du monde) à quelques centaines kilomètre de là. Ils ont été héliportés près du camp I à 4700m. Alex Txikon – premier à avoir réussi l’ascension hivernale du Nanga Parbat en 2016 – et Rahmat Ullah Baig – présent aux côtés de Tom et Daniele au début de leur expédition – les accompagnent. C’est probablement l’ultime chance de les retrouver, vivants ou morts.
Le Nanga Parbat est tristement célèbre pour être l’une des montagnes les plus dangereuses de la planète. La « montagne tueuse » a déjà vu périr 68 alpinistes, soit 22% des tentatives. Cette montagne relativement peu connue du grand public (en comparaison avec l’Everest, les Annapurna, ou le K2 par exemple) avait fait parler d’elle l’année dernière, à la même époque, pour des faits similaires. La Française Élisabeth Revol avait réussi à être sauvée, contrairement à son compagnon de cordée, le polonais Tomek Mackiewicz.
Photo d'en-tête : Courtesy Daniele Nardi