Depuis quelques mois, la chaussure Next% de Nike, dotée d’une plaque carbone, fait polémique dans le monde de la course à pied. Accusée par bon nombre d’observateurs et d’athlètes d’être une forme de “dopage technologique”, elle fait l’objet d’une enquête depuis plusieurs semaines et pourrait bientôt être interdite en compétition. Une décision qui fait débat mais qui ne serait pas une première dans le monde de l’athlétisme.
Hier, le magazine britannique The Times révélait que Next% ,le dernier modèle de Nike, évolution de la Vapor Fly, pourrait être très bientôt interdit en compétition. Cela fait suite à une enquête ouverte il y a trois mois par l’IAAF (Fédération internationale d’athlétisme) suite à une succession de performances impressionnantes de coureurs et coureuses portant cette chaussure et à la réclamation d’autres, non sponsorisés par la marque à la virgule.
Une avalanche de records
Depuis son arrivée sur le marché, force est de reconnaître que les différentes versions de la chaussure avec plaque carbone de Nike, dont la dernière version est la Next%, a permis un nombre incalculable de grandes performances. On pense particulièrement au record du monde du marathon féminin, explosé en octobre dernier par la Kenyanne Brigid Kosgei en 2h14’04” soit 1 minute et 21 secondes de mieux que le précédent record de Paula Radcliffe datant d’avril 2003. Plus récemment, la star montante de l’athlétisme français, Jimmy Gressier, a battu son record sur 10km également avec cette chaussure à la Corrida de Houilles (27’43), pendant que la Française Liv Westphal battait le record de France…avec la Next% (31’15).
Qu’est-il reproché exactement à cette chaussure ?
Ceux qui critique son utilisation pointe essentiellement du doigt deux choses : d’une part la plaque en fibre carbone présente à l’intérieur de la semelle intermédiaire, à l’origine du dynamisme très important du modèle. D’autre part, une mousse ultra légère, présente notamment sur l’arrière de la chaussure, qui aurait un effet rebond en plus de procurer un meilleur amorti. C’est la combinaison de ces deux éléments qui incitent certains à parler de “dopage technologique”.
Un débat stérile ?
S’il est difficile de remettre en doute le fait que cette chaussure permet de réels gains de performance, cela doit-il nécessairement mener à son interdiction pure et simple en compétition ?
Notons d’une part que dimanche dernier, à Valence, le record du monde du 10 km route a été largement battu par Rhonex Kipruto (26’24), alors même que ce dernier ne portait pas le fameux modèle, mais une chaussure Adidas, sans plaque en fibre carbone. Cela a permis de rappeler qu’au-delà du matériel, c’est bien le coureur qui est à l’origine de la performance. Certes, on peut toujours imaginer que si le Kenyan avait porté les Next%, son temps aurait pu être encore meilleur.
Par ailleurs, quid des modèles des autres marques ayant eux aussi des plaques en fibre carbone ? Hoka, New Balance, et d’autres bientôt, ont des modèles concurrents présentant cette caractéristique. Faut-il les interdire également ? Comment justifier l’interdiction d’une chaussure et pas d’une autre ?
Dopage technologique, pas une première
Il y a dix ans déjà, le monde de la natation avait connu une polémique similaire, mais cette fois-ci ce n’était pas une marque en particulier qui était mise en cause. Les fameuses combinaisons en polyuréthane avaient été finalement interdites. En athlétisme, en 2015, l’IAAF avait de son côté interdit la participation des athlètes portant une prothèse en carbone.
C’est un nouveau chapitre qui est en train de s’écrire avec la Next% de Nike aujourd’hui. Notons pour conclure que le projet d’interdiction ne prévoit pas d’annuler les records établis avec cette chaussure.
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