Plus de 245 kilomètres en 4 boucles à travers l’Hérault, dans l’arrière-pays montpelliérain, c’est le parcours qui vient de recevoir le trophée du GR préféré des Français. Un sentier qu’en mai dernier notre journaliste est justement allée explorer, mais en l’adaptant un peu grâce à l’application Komoot, histoire de découvrir un condensé des plus beaux paysages de l’Hérault en 40 kilomètres seulement et moins de 48 heures !
Objectif numéro 1, tracer mon propre parcours. Pas si facile en fait quand on sait que ce désormais fameux « GR de Pays Grand Pic Saint-Loup » est composé de quatre boucles allant de 50 à 75 kilomètres, au cœur de l’arrière-pays montpelliérain. A savoir, le « tour des villages du Pic » (49km), le « tour des vignes au causse » (73km), le « tour des Londres à la Buèges » (55km) et le « tour de la Séranne aux gorges de l’Hérault » (68km). Soit 245 kilomètres. Top si l’on a une petite semaine devant soi, mais bien trop long quand on ne dispose que deux jours, mon cas cette année. Et impossible de suivre ne serait-ce que l’une de ces boucles sans prendre quelques raccourcis. Encore pas trop à l’aise avec une carte et peu familiarisée avec le terrain, plutôt contrasté, j’ai donc décidé de tester une nouvelle appli de navigation et de planification d’itinéraire, Komoot. Déjà adoptée par 20 millions d’utilisateurs dans le monde, elle vient d’arriver en France et entend faire découvrir de nouveaux parcours axés sur la nature en s’appuyant notamment sur le partage de bons plans. Une sorte de « Trip Advisor » qui s’avérera bien utile au cours de ma rando.
Comment ça marche ? Grâce aux milliers d’informations fournies par sa solide communauté, composée de randonneurs, traileurs, mais aussi de cyclistes, cette appli utilise des algorithmes pour générer de nouveaux itinéraires en fonction d’un certain nombre de paramètres. A savoir, la popularité des routes, des chemins et des sentiers, ainsi que le type de surface – routes asphaltées, pavés, bois, graviers ou boue. Une fonction spécifique, « Tours », utilise même votre position actuelle pour générer un circuit commençant à votre emplacement, mais vous pouvez aussi rechercher une zone plus large ou un lieu de départ différent, tant sur l’application mobile que sur la version pour ordinateur. Vous pouvez aussi jouer sur la liste des itinéraires en fonction de la durée souhaitée, de la difficulté de la randonnée, ou même de votre forme physique du moment.
Depuis votre ordinateur ou votre téléphone, vous avez le choix : emprunter des itinéraires déjà réalisés par des membres de la communauté. Ou construire votre propre trace, ce que j’ai fait, en m’inspirant des photos et points incontournables partagés sur la plateforme. Plutôt pratique quand on ne connait ni le terrain, ni la région comme moi. L’appli – et le site qui va avec – fonctionnent sous forme d’abonnements : chacun peut choisir la formule qui lui correspond grâce aux options « région gratuite », « pack région » ou « multi-régions », jusqu’au « pack monde ». Par sécurité, j’ai pris l’abonnement « Premium », qui permet de planifier une trace sur plusieurs jours, d’avoir accès aux cartes hors connexion – ce qui s’avéra bien pratique bien que je sois restée en basse altitude – et d’indiquer les niveaux de difficultés ainsi que la météo. Sans compter les assurances incluses, qui à moindre coût complétaient plutôt bien ma mutuelle un peu légère en cas de grosse galère.
Le tout se traduit par une carte, un profil d’élévation et un guide d’itinéraire que j’ai pu enregistrer et modifier en demandant d’inclure – ou d’éviter – une surface particulière, comme les routes goudronnées par exemple ou un relief précis, les montées abruptes ou autres. Bon, parfois quand on veut faire court, on doit passer une rivière – on n’y coupe pas ! – mais au final le parcours proposé par l’appli est plus conçu pour les randonneurs en quête de calme et de plaisir que de performances. Ça tombe bien, après des mois de confinement et de télétravail, je ne suis pas (encore !) en train de viser un record mais une approche plus relax. Sur ce plan, j’ai pu apprécier quelques fonctions plutôt pratiques qui m’ont permis de profiter vraiment de la rando, sans crainte de me perdre. La navigation vocale, par exemple, détaillée pour garder le cap sans manquer une bifurcation. Sans parler de la fonction hors ligne, top pour sauvegarder mon itinéraire et marcher tranquillement sans me soucier de capter le signal. Donc pas besoin de GPS, j’ai pu utiliser mon téléphone pour naviguer et replanifier mon itinéraire en un clin d’œil, même en cours de route. Enfin, l’appli étant compatible avec plusieurs types de montres connectées – j’avais une Polar Grit X, j’ai pu la connecter et la synchroniser depuis l’application Polar Flow et donc suivre ma trace, sans épuiser la batterie de mon téléphone. Bien vu, sachant que par souci de marcher léger j’avais laissé chez moi ma batterie de secours.
Au programme de mon itinéraire sur mesure, donc, des canyons, de la garrigue, l’ascension du Pic Saint-Loup, un passage par les ruines du Château de Montferrand, avant de trouver un spot de bivouac. Puis, le lendemain, exploration du causse formé entre le Pic Saint-Loup et la montagne de l’Hortus, en passant par les nombreux vignobles du pays. Un condensé de ce que l’arrière-pays montpelliérain offre de mieux, le tout à 40 minutes en voiture du centre de Montpellier. Autrement dit, 3h30 de TGV depuis Paris. C’est l’un des points forts de ce GR, accessible rapidement. Idéal même si vous n’avez qu’un week-end, pour peu que vous soyez prêt à sauter dans le premier train du matin !
Une fois la voiture garée près du village Saint-Martin-de-Londres, à 16 kilomètres du sommet du Pic Saint-Loup, j’ai commencé mon trek en suivant la trace préparée sur Komoot, via ma montre connectée. Des signaux sonores émis 30 mètres avant chaque bifurcation, préviennent le marcheur s’il s’éloigne du sentier. Non négligeable quand on dessine son propre parcours, sans suivre précisément l’itinéraire prévu par le GR. En deux kilomètres de marche, j’ai atteint le Ravin des Arcs, un coin de paradis au cœur des gorges du Lamalou. Attention toutefois, pour y accéder, des passages à gué sont inévitables – vérifiez que le courant n’est pas trop fort, et gare aux pierres glissantes ! Mais après avoir arpenté les lacets vers le fond du ravin, le spectacle est saisissant : une grande arche de pierre repose sous la falaise, entourée de quelques cascades, dans la fraicheur d’un sous-bois.
La remontée le long des falaises offre de nombreux points de vue sur les gorges du canyon – le temps de regagner le plateau et le GR, où le Pic Saint-Loup surgit au loin entre les Garrigues. J’aperçois alors les 13 kilomètres restants pour atteindre le sommet. L’ascension s’annonce plus longue que prévue, notamment à cause de la température qui, dans la région, monte vite. C’est pourquoi ce GR est plutôt recommandé au printemps ou à l’automne, pour éviter les fortes chaleurs estivales. En ce début de mois de juin, le parcours est encore très praticable, mais à éviter à la mi-journée. En chemin, je traverse quelques villages et mas préservés avant de m’enfoncer à travers la garrigue, thym et romarin embaument le sentier, à l’ombre des cistes montpelliérains, des buis et des genévriers.
Dix kilomètres de marche seulement s’affichent sur l’historique de navigation quand j’attaque le vif de l’ascension. Près de cinq kilomètres me séparent du sommet des crêtes, et le terrain commence à se corser un peu. Les chemins deviennent rocailleux, raides et de moins en moins stables. Les mois de confinement se font sentir : les abdos et les fentes en visio… pas si efficaces que ça au final ! Cela dit, mieux vaut avoir l’habitude du terrain calcaire et un peu de pratique pour s’aventurer ici. Les débutants préféreront peut-être réduire la marche d’approche en déposant leur voiture sur l’un des versants du Pic Saint-Loup. Il est en effet possible de se garer aux environs du village de Cazevieille, sur la face sud, ou à La Plaine, entre le Pic et la montagne d’Hortus.
J’atteins enfin le sommet des crêtes du Pic Saint-Loup en fin de journée. Plus qu’une étape avant le bivouac : le château de Montferrand. J’y arrive alors que le soleil se couche lentement, laissant planer une sublime lumière dorée sur l’ensemble des causses. La silhouette des ruines médiévales, datant de l’an 1108, se dessine devant un panorama exceptionnel : face à moi, la falaise de l’Hortus, le château de Vivioures, la montagne de la Séranne, le mont Saint-Baudille. Au loin, on distingue même les Cévennes, et le mont Aigoual. De l’autre côté, une vue imprenable sur la plaine littorale, Montpellier et la Méditerranée – qui, par temps clair, laisse apercevoir le mont Ventoux, à 145 kilomètres de là. Instant magique quand le crépuscule illumine le paysage. Ce spot est indéniablement le plus impressionnant du parcours. Idéal pour les photographes qui apprécieront notamment les jeux d’ombres entre les falaises.
Je quitte les ruines du château, perchées à 345 mètres d’altitude, pour trouver un endroit où planter ma tente, quelques mètres plus bas. La fraîcheur du soir soulage la fatigue accumulée lors de cette première journée. La nuit s’annonce douce. Elle sera aussi réparatrice.
Au petit matin, iI n’est pas encore 6 heures et le panorama d’hier, d’abord caché par une fine brume, se dévoile progressivement sous les rayons du soleil transperçant la couche nuageuse.
En contrebas de la falaise de l’Hortus, les premiers vignobles, au cœur du causse, entre le Pic et la montagne d’Hortus : mon objectif final pour cette deuxième journée qui s’annonce déjà chaude.
Plus à l’aise désormais avec l’appli – décidément facile à maîtriser – plus en jambes aussi, je termine dans les temps prévus- 15 heures – ma version très personnelle du GR de Pays Grand Pic Saint-Loup.
Une boucle de 40 kilomètres qui peut sembler modeste au regard du parcours total, mais suffisamment convaincante pour me faire rejoindre, moi aussi, les milliers de fans de ce « GR préféré des Français cuvée 2020 ».
Découvrez le parcours en détail sur notre profil Komoot.
Texte : Marine Saint-Germain
Texte publié initialement le 9 juin 2021 mis à jour le 14 octobre 2021
Photo d'en-tête : Thibault Ginies / Outside