Le 9 juin, un ours male de quatre ans était découvert mort, tué par balles à Ustou, dans l’Ariège, déclenchant un appel à témoin avec récompense s’élevant aujourd’hui à 50 000 euros. Sans surprise, le maire de la commune a interdit jeudi la randonnée sur sa zone en raison de la présence de plantigrades. Un pas de plus dans le conflit entre pro et anti ours.
Si vous avez l’intention de randonner à la frontière franco-espagnole, dans les secteurs surplombant le cirque de Cagateille, vous allez sans doute devoir changer d’itinéraire. Au moins pour un temps.
En raison de la présence d’ours dans la zone, le maire à d’Ustou connu pour son opposition à la présence des plantigrades dans la région, a décidé jeudi d’interdire la randonnée sur la portion du massif surmontant sa commune, invoquant une menace pour l’homme.
« Tous les soirs, des troupeaux subissent des attaques, on en est à 80 brebis reconnues comme prédatées. Et là, cette nuit, de minuit à 6 heures, quatre ours n’ont pas cessé d’attaquer des troupeaux sur l’estive du Col d’Escots, tout près de la cabane», a-t-il affirmé à l’AFP pour justifier son arrêté. «La bergère s’est trouvée en danger », a-t-il expliqué. « Les agents effaroucheurs de l’OFB (Office français de la biodiversité) ont eu beaucoup de mal à les repousser, ils n’y sont pas arrivés, d’ailleurs».
Dans la foulée, la préfecture a déclenché le protocole «ours à problème» pour renforcer les moyens face aux prédateurs, sans pour autant parvenir à mettre en fuite le groupe de quatre plantigrades, une ourse accompagnée de deux oursons et un ours mâle séjournant dans le secteur.
Depuis, les opérations d’effarouchement ont été renforcées. Et jusqu’à dimanche des bergers d’appui de la Pastorale pyrénéenne et une association au service des professionnels du pastoralisme sur le massif pyrénéen vont mener de nouvelles surveillances de nuit.
De quoi, peut-être, apaiser les tensions entre pro et anti ours, toujours très vives dans la région.
Suite à la mort de l’ours male, en juin dernier, l’État a porté plainte, ainsi que vingt associations, dont Sea Sheperd, à l’origine de l’appel à témoin contre récompense qui a eu un formidable retentissement. En quelques jours, le montant parti de 10 000 euros, s’est envolé à 50 000 euros, suite à des dons d’associations ou de particuliers. Sans pour autant obtenir de résultats.
Rappelons que si les Pyrénées comptent aujourd’hui une cinquantaine d’ours depuis que l’État a entamé fin des années 90 le repeuplement des Pyrénées en ours, en respect de ses obligations européennes, depuis le XIXe siècle aucun cas de blessures ou de mort d’homme n’a été documenté, selon le Fonds d’intervention éco pastoral Groupe Ours Pyrénées. L’association précisant « qu’en France, par contre, sangliers, cerfs et chiens causent tous les ans des accidents mortels chez des êtres humains et pourtant on ne les considère pas comme des espèces dangereuses. »
Photo d'en-tête : Ilja Nedilko