À quelques jours du soixantième anniversaire de l’exploit qui l’a fait entrer dans l’histoire de l’alpinisme, l’Américain Tom Hornbein est décédé samedi 6 mai chez lui, dans le Colorado. Célèbre pour sa première ascension de l’arête ouest de l’Everest en 1963 aux côtés de Willi Unsoeld, il a laissé son nom à l’immense couloir de glace conduisant au sommet, « le couloir Hornbein », lieu de disparition de la légende du freeride, Marco Siffredi, en septembre 2002.
Pour Tom Hornbein, médecin californien de 32 ans invité à rejoindre l’expédition de 1963 sur le toit du monde, la première ascension américaine de l’Everest ne doit pas être une simple répétition de la voie ouverte par Hillary et Tenzing dix ans plus tôt. Son idée ? Tenter d’atteindre le sommet par l’arête ouest, un versant d’apparence bien plus engagé. Ce que le chef de l’expédition, Norman Dyhrenfurth, approuve, avant d’en être dissuadé par le National Geographic, principal sponsor de cette aventure qui exige un succès. Sous pression, les Américains revoient donc leurs ambitions à la baisse et prévoient de passer par la voie normale.
Mais l’obstination de Tom Hornbein, qui a réuni quelques alpinistes à sa cause, conduit le chef de l’expédition à scinder l’équipe en deux – l’une destinée à la voie normale, l’autre à l’arête ouest. Le 9 avril, le second groupe se met en route pour une première reconnaissance qui les mène jusqu’à 7650 mètres. De là, ils observent sur la gauche de l’arête, vers 8000 mètres, un gigantesque couloir glacé, raide et étroit de près de 3000 mètres conduisant vers les pentes sommitales. Un lieu, « le couloir Hornbein », qui fera bientôt rêver des générations entières d’alpinistes, dont le Français Marco Siffredi, qui y disparut avec son snowboard en septembre 2002.
Il faut attendre le 1er mai, jour de la victoire de l’Américain Jim Whittaker accompagné du Sherpa Nawang Gombu sur l’Everest par la voie normale, pour que Tom Hornbein et ses hommes puissent pleinement se concentrer sur leur tentative. Trois semaines plus tard, le 22 mai à 18h15, l’alpiniste accompagné de son compatriote, Willi Unsoeld, atteint le sommet avant de redescendre par le col Sud. À court d’oxygène, épuisés par cet itinéraire très difficile, leur bivouac d’anthologie à environ 8500 mètres marque lui-aussi l’histoire. Ce sera la dernière grosse expédition de Tom Hornbein qui mènera par la suite une brillante carrière de médecin anesthésiste tout en fréquentant les montagnes de la région de Seattle.
À leur retour, cette première traversée est décrite comme un bond en avant dans l’alpinisme de haute altitude. Soixante ans après cette ascension, la voie de l’arête ouest, au vu de sa difficulté technique et de l’engagement qu’elle requiert, reste rarement répétée.
Revivez l’aventure de Tom Hornbein sur l’arête ouest dans ce documentaire de cinq minutes produit par l’American Alpine Club.
Photo d'en-tête : American Alpine Club