Elles attirent de plus en plus de regards en mer ou sur les lacs, ces planches tout droit inspirées de l’aéronautique qui vous permettent littéralement de voler sur l’eau. Adaptable au surf, au kitesurf, au wakeboard, ou encore au windsurf, le foil se retrouvent aujourd’hui sur tous types de planche ou bateau. Simple phénomène de mode ? « Non, tendance forte », expliquent Victor Daviet et Edgar Cheylus, riders pro plus habitués à la poudreuse qu’à la houle, mais définitivement conquis par le foil. Au point qu’avec Steve Robert, photographe et caméraman totalement accro à cette nouvelle pratique, ils ont monté l’Annecy Foil Team, un groupe unique en montagne qui fait de plus en plus d’adeptes. Il faut dire qu’ils ont plutôt de bons arguments.
Le foil gagne de plus en plus de terrain dans l’univers outdoor. D’abord vu comme un gadget par les puristes de la glisse, il offre une liberté et une douceur sans pareilles, avouent ceux qui franchissent le pas. Un peu technique au premier abord, certes, mais le foil s’adapte à de nombreuses pratiques sur l’eau. Alors, si vous maîtrisez déjà l’une d’entre elles, pas de panique, vous possédez déjà toutes les bases nécessaires pour vous lancer.
Surtout connu pour être posé sous les coques de bateaux, les transformant en véritables bateaux volants, le foil peut se fixer sous de nombreux types de planches – permettant ainsi à chacun de progresser selon ses propres compétences, et donc à son rythme. Aujourd’hui, on compte cinq disciplines principales : le pumping, le wakefoil, le surffoil, le wingfoil, et le kitefoil. Comment ça marche ? On vous explique.
Pour qui, comment, pourquoi ? Le foil expliqué aux nuls
« Une sensation de liberté, c’est très doux, comme des virages en poudreuse ! », quand le Annecy Foil Team parle du foil, ça donne sacrément envie de s’y mettre. Car si vous aimez déjà la glisse, nul doute que vous allez adorer le foil, une technique nettement plus accessible qu’on ne le croit.
Quels pré requis faut-il avoir pour pratiquer ces disciplines ?
Steve : Le pré requis le plus évident pour moi est d’avoir un très bon équilibre. J’encourage ceux qui n’ont jamais fait de foil à s’entraîner sur une slackline avant. En ce qui concerne le kite et la wing, une bonne connaissance du vent est bien évidemment un gros avantage.
Victor : Je suis totalement d’accord sur l’équilibre, c’est indispensable. Mais contrairement à ce que dit Steve, je ne pense pas que s’entraîner d’abord sur une slackline soit vraiment accessible, car la slack est déjà assez technique. Mais faire du skate, du snowboard ou du surf à la base, ou même du wake, c’est un bon entraînement pour avoir les bases. Sachant que le foil, c’est un sport qui demande d’être particulièrement minutieux et précis, il va falloir utiliser ses sensations de glisse, combiné avec des bases d’équilibre.
Edgar : À partir du moment où tu sais faire du foil, ça s’associe facilement après aux différentes disciplines (c’est plus facile de commencer derrière un bateau). Niveau pré requis, je pense en premier à l’agilité, savoir se repérer dans l’espace, et travailler sa réception. Ceux qui touchent déjà aux sports de glisse auront des facilités – même si tu te prends forcément deux ou trois tartes au début !
Qu’est-ce que le foil améliore comme sensation sur l’eau ?
Steve : Le foil procure des sensations uniques car la vitesse et la glisse sont amplifiées par rapport aux autres sports nautiques sans foil (planche a voile, kite, surf…). Si je compare cette sensation à d’autres, faire du surffoil se rapproche de la pratique du snowboard dans une poudreuse parfaite, sans trace. Ici, aucune secousse, on est dans une vague sans remous, avec la possibilité d’accélérer et de procurer sa propre énergie pour avancer grâce au « pumping ».
Victor : C’est vraiment beaucoup plus doux, comme voler au-dessus de l’eau – c’est assez incroyable quand on le découvre pour la première fois. Il n’y a plus de friction avec l’eau dès que la planche se lève sur le foil, alors la sensation est assez unique. Moi, je n’avais jamais ressenti ça auparavant dans d’autres sports de glisse. Techniquement c’est un bon challenge aussi, parce que c’est très précis. Il faut avoir des placements en équilibre très justes. Notamment pour le pumping, où il faut maîtriser toute une technique pour apprendre à générer sa propre vitesse en partant d’un ponton.
Edgar : C’est très fluide, pas d’accros avec l’eau, pas de perturbation, c’est « smooth », c’est le côté plaisant. Aussi, c’est moins traumatisant sur le plan musculaire. On recherche cette fluidité.
Et quels sont les points communs avec le snowboard ou le ski ?
Victor : On va retrouver les mêmes techniques que pour faire des virages en snowboard ; et savoir se tenir sur une planche. L’équilibre est différent, mais il y a une base commune – après, le foil, au niveau des sensations, c’est comme quand on glisse dans de la poudreuse. Moi, ma plus grande passion dans la vie, c’est de faire de la poudreuse en snowboard. Et en foil, je retrouve un peu ça l’été : dès qu’on vole sur l’eau, on a une sensation de liberté, c’est très doux. Comme des virages en poudreuse !
Pourquoi les riders s’intéressent-ils au foil ?
Steve : Étant donné que le foil se pratique principalement en été, c’est un bon complément permettant de garder des sensations de glisse toute l’année.
Victor : Les skieurs et les snowboarders sont, je pense, à la recherche de nouvelles sensations. Les nouveaux objets comme le foil nous attirent pour trouver précisément ces nouvelles sensations. Et d’un point de vue technique, c’est aussi un autre challenge. Dans les sports de montagne – et sports extrêmes en général – les gens sont addicts à l’adrénaline, aux défis personnels. Alors on est curieux.
Quels mouvements ou techniques de snowboard retrouve-t-on en foil ?
Victor : En wakefoil par exemple, les départs pour monter sur la planche sont identiques au snow. Ensuite, comme on en parlait un peu plus tôt, on retrouve les mêmes bases des virages, même si en foil, c’est beaucoup plus doux, donc il faut vraiment jauger sa force. Pour les figures, elles sont similaires à celles du surf.
Depuis quand cette passion pour le foil est-elle apparue à Annecy ?
Victor : Ça intéresse les riders depuis 4 ans – dans le coin d’Annecy en tout cas. Dans notre groupe, c’est Steve le plus grand passionné de foil, pratique qu’il a développée ici. Il est vraiment fan de ce sport, et essaye de le documenter, de le mettre en valeur avec ses compétences de photographe et caméraman.
Les pratiquants du foil sont-ils nombreux ? Où peut-on trouver un club pour apprendre ?
Steve : Les pratiquants sont encore en petit nombre en France, on en entend parler depuis deux ou trois ans, cinq ans maximum. Mais le surffoil et le wingfoil se démocratisent largement. Le kitefoil est surtout pratiqué par ceux qui font déjà du kite. Le pumping est peut-être le plus difficile à maîtriser au début, mais il attire pas mal de monde.
Très peu de clubs existent à ma connaissance – enfin, du moins en montagne. On doit être les seuls dans le coin. On en trouve plus souvent au bord de l’océan, principalement dans le sud pour le kite et le wing. Certains clubs de de wakeboard se mettent tout de même à enseigner le wakefoil, depuis un ou deux ans.
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Photo d'en-tête : Steve Robert