Hier soir, dimanche 18 août, devait se tenir la 26ème édition du Anglet Surf de Nuit, épreuve unique au monde, en marge de l’étape de la World Surf League (WSL). Edition annulée, vu les conditions méteo dans la ville basque. Organiser un tel événement est un vrai casse-tête, aussi périlleux que guetter la vague à minuit. Reste que la pratique a de plus en plus d’adeptes en quête de nouvelles sensations.
La pluie, le vent, et la mer fortement agitée ont balayé l’édition 2019 d’Anglet Surf de Nuit. Pas de chance, comparé à l’année dernière, où les conditions étaient parfaites. « À minuit il faisait encore 30°, 18 000 personnes savouraient le spectacle », explique Pascal Bourricau, surfeur, ancien sauveteur, co-organisateur de l’événement.
Lancé il y a une vingtaine d’années par la ville d’Anglet, cet événement unique fait partie depuis cinq ans du programme de l’étape de la WSL en terre basque. Il est aujourd’hui très populaire, mais reste complexe à organiser.
Le surf est un sport où l’anticipation est capitale. Guetter les vagues, choisir le bon moment pour s’élancer, au-delà de l’équilibre, tout est question de timing. Déjà pas toujours simple de jour, cela se complique sérieusement lorsqu’on est plongé dans la pénombre. Dès lors, une source de lumière s’impose. Comment les organisateurs gèrent-ils cette contrainte ?
“Pour la première édition à laquelle j’ai participé », se souvient Pascal Bourricaud, « il n’y avait qu’un gros spot qui éclairait depuis la plage. Pour être honnête, on ne voyait pas grand-chose sur l’eau. C’était une autre époque, le monde du surf n’était pas du tout structuré comme aujourd’hui, on faisait les choses parfois un peu à l’arrache”.
Depuis, l’événement a trouvé des partenaires, Quicksilver d’abord, O’Neill ensuite, désormais le WSL. En se professionnalisant, les spots d’autrefois ont été remplacés par de gros ballons lumineux conçus par Airstar, une société française basée à Grenoble. “Les modèles sont gonflés à l’hélium et produisent un halo lumineux puissant, mais suffisamment doux pour ne pas trop éblouir les surfeurs”, explique Pascal Bourricaut. Sans eux, l’épreuve ne peut avoir lieu et c’est bien ce qui a posé problème cette année.
“On leste les ballons avec une charge d’environ 100kg. Avec le vent et l’état de la mer, les ballons peuvent vite se retrouver en bord de plage et ne plus éclairer la zone de surf”.
Pour y remédier, on pourrait imaginer des fixations permanentes plutôt qu’un système de lestage. Pas si simple, selon Pascal Bourricaut.“Ici, ce n’est pas la Méditerranée. La mer est tout le temps agitée, c’est un trop gros chantier, d’autant qu’on n’est pas sûr de retrouver les fixations d’une année sur l’autre à cause des mouvements sableux. Mais c’est la loi des sports outdoor, on est dépendant de la nature et c’est ce qui fait leur magie d’une certaine manière.
La société Airstar n’est pas la seule à plancher sur la délicate question de l’éclairage. Il y a quelques mois, deux Bretons , François Guillou et Sébastien Étienne, ont mis au point une frontale ultra puissante – équivalent à la puissance de deux voitures récentes pleins phares, la “Black Swan”. Une solution qui pourrait séduire les surfeurs en quête de sensations différentes et de spots moins fréquentés. Voire. La notoriété de ce gadget très tentant ne semble pas encore avoir atteint Anglet d’après Pascal Bourricaud, plutôt sceptique devant le prix : 1350 €. Prohibitif pour l’instant, mais s’il devient plus accessible, toutes les solutions sont à envisager, car surfer de nuit sans lumière est trop dangereux, rappelle l’ancien sauveteur.
Autres options ? En version « surf durable » : profiter d’une nuit de pleine lune. Et en version « pragmatique » : compter sur les éclairages de la ville, ou attendre un feu d’artifice !
Photo d'en-tête : © WSL- Thèmes :
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