Attendu en août, le verdict du jury de la World Surf League vient enfin de tomber : C’est Maya Gabeira et non Justine Dupont qui a remporté le titre de « la plus grosse vague jamais surfée par une femme «, soit 73,5 feet ou 22,4 mètres. Tout s’est joué à environ 90 cm pour Justine, pourtant pressentie pour remporter un titre qui a donné de sérieuses migraines aux experts de la WSL.
« Award du Ride Of The Year des XXL », » Performance Of The Year «, Justine Dupont avait déjà tout raflé et après sa performance le 11 février dernier à Nazaré, au Portugal, où on l’a vu rider un monstre de plus de vingt mètres, beaucoup dans le milieu s’attendait à la voir ajouter à son palmarès le titre très convoité de « plus grosse vague surfée par une femme ».
Un Guiness record
C’était compter sans Maya Gabeira, qui ce jour-là, remorquée elle aussi en jet ski, partait sur une vague de 73,5 pieds, soit 22,4 mètres … à peine 2 à 3 pieds de plus que celle de la Française, selon le WSL. Battant ainsi son propre record du monde précédent de surf, établi en 2018 sur une vague de 68 pieds (20,7 m), mais aussi, le record de Kai Lenny, vainqueur de la plus grande vague masculine, dont la vague mesurait, elle, 70 pieds (21,33 m). Ce faisant, la Brésilienne a établi également un nouveau record du monde Guinness de la plus grande vague jamais surfée par une femme.
« Je ne suis pas vraiment une bête de compétition », a-t-elle déclaré à USA Today, « mais ce jour-là, j’étais bien dans la zone et je me suis sentie plus courageuse que d’habitude. J’étais juste très concentrée et extrêmement engagée ». En lâchant le câble de remorquage, la Brésilienne raconte qu’elle a eu le sentiment qu’à ce moment-là se jouait sans doute un tournant de sa carrière.
« Je voyais ça à cause de la vitesse, bien sûr, mais c’est au bruit, au bruit derrière moi quand la vague a déferlé que j’en ai pris conscience. C’était le son le plus puissant, le plus fort que j’ai jamais entendu. Je savais que c’était quelque chose de différent, quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant. »
L’expertise d’Adam Fincham
Mais il aura fallu bien plus que du ressenti pour que le jury de la World Surf League, réuni aujourd’hui aux États-Unis, tranche entre les deux performances exceptionnelles de Maya et Justine, un sacré record étant en jeu. Au point, que ne pouvant les départager en toute certitude, elle a fait appel à des experts.
La mesure des grandes vagues n’est pas une science exacte, mais certains scientifiques font autorité. Notamment Adam Fincham, de l’Université de Californie du Sud oeuvrant au département de l’aérospatiale et du génie mécanique, auquel on doit notamment la » vague parfaite » du « Surf ranch » de Kelly Slater. Ce scientifique et son équipe ont utilisé une séquence de photos et des vidéos, avant de s’atteler à quelques bons vieux calculs pour déterminer la taille de chacune des deux vagues. « Nous avons étudié tous les angles et utilisé la géométrie pour déterminer leur taille », explique Adam Fincham . « Nous pourrions être légèrement à côté de la mesure exacte, mais il ne fait aucun doute que cette vague est plus grande que celle de 2018 et que toutes celles qui ont été surfées ce jour-là. Il est important de noter », a-t-il ajouté, « qu’au fur et à mesure que les vagues se brisent, elles changent. Nous avons donc jugé la vague au moment où la surfeuse l’attaque, pas avant, pour en apprécier toute la hauteur ».
Si le record s’est donc joué à 60, voire 90 cm près, les performances des deux surfeuses n’en sont pas moins saisissantes, compte tenu du risque. « J’étais vraiment trop proche du danger », a d’ailleurs déclaré Maya Gabeira. « Je ne le referai pas. On ne peut pas survivre à chaque coup, n’est-ce pas ? », conclut la surfeuse qui, on s’en souvient, a frôlé la mort en octobre 2013 sur, une fois encore, le fameux site de Nazaré.
Le 28 octobre 2013, Maya Gabeira frôlait la mort à Nazaré, emportée par une énorme vague. Deux ans plus tard, la Brésilienne revient sur le spot portugais où elle surmonte son appréhension. De cette session, ici en vidéo, elle dit sortir « plus forte », elle qui s’était sentie si vulnérable après l’accident. Sa victoire aujourd’hui en dit long sur la résilience de la jeune Brésilienne.
Photo d'en-tête : Rafael G. Riancho / Red Bull Content Pool