Une aberration écologique, un drame économique pour 16 stations de ski françaises, dont Courchevel, Les Arcs, Tignes et Val d’Isère. Le 8 juillet dernier, la compagnie Eurostar a annonçait la suppression de la liaison directe entre Londres St Pancras et les stations de ski dans les Alpes françaises. La décision a soulevé un tollé, en Grande-Bretagne, comme en France et généré une pétition, lancée par « Protect Our Winters UK ».
Près de 7500 signatures ont déjà été recueillies pour soutenir la pétition « SaveTheSkiTrain ». Lancée par la branche anglaise de l’organisation « Protect Our Winters » – porte-parole de la communauté des sports de plein air – cette campagne veut rétablir la liaison entre l’Angleterre et les Alpes françaises, abandonnée par Eurostar.
Soutenue par de nombreux organismes de sports d’hiver écologiques, tels que SnowCarbon, Ski Flight Free, SaveOurSnow, ou encore le français Peak Retreats, la pétition se clôturera à la fin de cette semaine.
La décision du géant ferroviaire est tombée le 8 juillet, au grand désarroi des stations de ski françaises. Il n’y aura donc pas de « train de ski » depuis Londres pour la saison 2020/2021. Une ligne bihebdomadaire qui transportait pourtant chaque année 24 000 personnes, en huit heures seulement, jusqu’à 16 stations de ski françaises, dont Courchevel, Les Arcs, Tignes et Val d’Isère, rapporte The Guardian.
830 km que les Britanniques devront bientôt parcourir en avion et/ou en voiture, bien plus polluants : 18,47 kgCO2e sont émis par les voyageurs qui ont recours au train et au taxi entre Londres et Tignes, contre 78,44 kgCO2e pour un vol de Gatwick à Genève, puis un autocar de Genève à Tignes, révèle une étude du groupe Anthesis, explique le quotidien britannique.
Trop de contraintes sanitaires ?
Malgré le succès de cette ligne, Eurostar a déclaré « concentrer les horaires sur les liaisons entre les capitales, qui sont actuellement les plus demandés par les clients et dont les temps de trajet sont les plus courts ». Des restrictions instaurées à cause de la pandémie de coronavirus et, par conséquent, du « port du obligatoire du masque, des mesures d’hygiène et de nettoyage à haute fréquence considérablement accrues, difficiles à maintenir sur les itinéraires longue distance ». Pour les mêmes raisons, Eurostar a également annulé les liaisons estivales vers Lyon, Avignon et Marseille.
Cet hiver, rejoindre les Alpes depuis Londres ne sera pas une tâche facile : il faudra désormais prendre l’Eurostar du Royaume-Uni jusqu’à Paris, puis prendre un TGV en direction des stations de ski. Soit un trajet de sept heures minimum, a priori équivalent à la ligne directe Eurostar (hors temps des correspondances) mais plus compliqué dans la pratique, puisqu’il faudra compter au moins deux à trois changements de train. Pas évident lorsque l’on transporte tout son matériel de ski.
Cette annonce est donc une très mauvaise nouvelle pour tous les skieurs britanniques et un nouveau coup dur pour les stations alpines, déjà durement touchées par l’épidémie de Covid-19. D’autant que la compagnie ferroviaire estime qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur le retour de la liaison pour la saison 2021-2022.
A l’heure où l’Europe prône le retour au transport ferroviaire, on reste abasourdi par une politique aussi désastreuse d’un point de vue environnemental !