Quadruple vainqueur de l’UTMB, François D’Haene, destinataire lui aussi de l’appel de Kilian Jornet et Zach Miller au boycott du « Sommet mondial du trail » se devait de prendre position. Voilà qui est fait dans un post publié hier sur les réseaux.
Dire que la petite bombe lâchée par Kilian Jornet et Zach Miller a fait couler beaucoup d’encre est un euphémisme. Réponse immédiate de l’UTMB lundi 22 janvier par voie de presse. Réunion de crise mardi 23. Et publication dans la foulée de mises au point par les deux parties. La position de François d’Haene, un habitué à Chamonix, avec déjà quatre victoires à son actif se faisait attendre.
Comme un certain nombre d’athlètes élites, il avait bien évidemment reçu le message privé l’invitant à réfléchir à une course alternative, à l’évènement phare du trail, histoire de faire entendre (enfin ?) leur voix. « La meilleure façon de communiquer notre mécontentement et d’exercer une certaine pression est peut-être de se regrouper et de participer à une course différente. », lisait-on. « L’absence des quinze premiers coureurs masculins et féminins sur la ligne de départ de l’UTMB en dirait long. Cela leur ferait comprendre que nous ne sommes pas satisfaits et les pousserait à faire des changements ». C’est ce qu’en termes clairs on appelle une invitation au boycott, terme que tous semblent vouloir enterrer aujourd’hui…
Rien de très concret ne semble être sorti de ces échanges, sinon la volonté commune de mieux dialoguer. Un premier pas. Et le feu semble éteint. Pour le moment.
A ce stade, qu’en pense François D’Haene ? Il l’explique dans son post publié hier sur son compte Instagram. Message dont nous publions ici de larges extraits.
« Je ne savais pas qu’un email pouvait réveiller la planète trail en plein hiver. 😂 J’ai reçu ce mail et je ne l’ai pas perçu comme un appel au boycott mais comme une prise de hauteur intéressante sur ce que devient le paysage des compétitions de trail.
L’UTMB est un formidable événement qui a contribué à faire de notre sport ce qu’il est devenu et nous, traileurs, des sportifs reconnus. Il m’a fait rêver étant jeune et parmi d’autres, il m’a révélé. Toutefois, j’estime que je n’ai jamais été forcé et contraint d’y participer. Si mes partenaires ont toujours été heureux que j’y participe, ils n’ont jamais fait de l’UTMB une obligation. (…) L’UTMB évolue mais ses attributs originels demeurent et c’est eux qui continuent de m’attirer.
Mais Kilian et Zach ont raison : il y a de belles courses ailleurs et cela serait dommage de réduire le trail à l’UTMB (et je ne pense pas que c’est ce que l’UTMB souhaite). Cela serait contraire à l’ADN de notre sport et à sa dimension d’exploration qui constitue la genèse de notre pratique. Je veille moi-même à ne jamais faire 2 saisons similaires parce que ce sont ces changements qui me motivent. C’est l’inconnu qui maintient la flamme (et parfois la ravive). (…) L’UTMB fait partie intégrante de cette alternance nécessaire, pas plus qu’une autre, pas moins. Et après 4 ans, c’est déjà avec une excitation que je pense à l’édition 2025.
Je sais déjà que j’y retrouverai cette ambiance unique et ces nombreux trailers qui, comme nous tous ici, toucheront du doigt leur rêve en arrivant sous l’arche de départ à Chamonix. C’est ainsi ! » conclut-il, dans un volonté évidente de calmer le jeu.
Pour sortir de la polémique et parce que l’UTMB ce n’est pas qu’une course élite, vous pourriez apprécier ces histoires qui nous ont inspirées en 2023 :
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