C’est un témoignage en images exceptionnel que nous livre ici le photographe australien. Cette année, ce sportif aguerri, mais encore peu familier de l’Himalaya, a fait deux ascensions majeures au Népal, le Manaslu (8 163 m) et l’Ama Dablam (6 812 m). Un périple dont il est revenu avec des photos qui ont enflammé le web. Un succès bien mérité, le photographe offrant un nouveau regard sur ces deux sommets.
« Je m’appelle Jackson Groves, je suis australien et photographe, spécialisé dans le reportage d’aventure », nous explique l’auteur des images qui vous allez découvrir dans cet article. « Je suis sur la route depuis huit ans maintenant et j’ai obtenu un diplôme de journalisme. Parti à la découverte du monde, j’en ai tiré des guides de voyage à forte teneur en adrénaline. » Les deux derniers en date de Jackson se sont déroulés cet automne au Népal. Deux expéditions qui se sont avérées très riches d’un point de vue photographique.
« Pour autant que je sache, c’est la première fois que quelqu’un a réussi à faire voler un drone depuis le sommet du Manaslu, ce qui a mis fin à une controverse de plusieurs années sur le « vrai et le faux sommet », raconte-t-il. « Ces images ont été publiées dans « l’Himalayan Times » et le « Kathmandu Post », et sont devenues relativement virales au sein de la communauté des alpinistes. En plus des images du sommet prises par un drone, j’ai capturé le camp de base, le camp 1, le camp 2 et le camp 4 avec des images aériennes ainsi que de nombreuses images uniques avec un appareil photo ordinaire et des téléobjectifs tout au long de l’ascension « précise-t-il.
« Quant à l’ascension de l’Ama Dablam, c’est une expédition que j’ai documentée à l’aide de photographies prises depuis un hélicoptère, un drone et un appareil photo ordinaire. De nombreuses images proviennent d’angles ou de parties de l’ascension que je n’ai jamais vus photographiés, notamment des images aériennes du camp 3 sous le sérac. Les images du camp 2, perché de manière précaire, sont devenues très populaires, une fois partagées sur les réseaux sociaux. »
Non content de revenir avec des images saisissantes, le photographe australien a fourni un compte-rendu détaillé de ses deux expéditions riches en informations pratiques, dont nous avons extraits des passages clefs. Pour plus de détails nous ne pouvons que vous recommander de vous référer à son récit complet, accessible sur son site : www.journeyera.com.
Focus sur le Manaslu (8163M)
« Le Manaslu, est la huitième plus haute montagne du monde. Située au centre-ouest du Népal, ce puissant sommet de l’Himalaya est souvent considéré comme le « sommet d’introduction » aux quatorze sommets de 8000 m existant dans le monde. C’est une excellente ascension d’entraînement pour ceux qui aspirent à grimper l’Everest. L’occasion de vérifier comment ils se comportent au-dessus de 8 000 m, dans la zone de la mort.
Quelques chiffres clefs
- Jours nécessaires : 25-35 jours
- Hauteur du sommet du Manaslu : 8,163m
- Coût : 13 000 à 18 000 $.
- Meilleure saison pour l’escalader : Septembre à octobre
- Difficulté : Le Manaslu est connu comme l’un des sommets de 8 000 m les plus » faciles » parmi les quatorze. Cependant, facile est un terme très relatif. J’ai fait mon premier sommet de 7 000 m un mois avant le Manaslu et c’était la première fois que j’utilisais un jumar ou même des crampons pour vous donner une idée de mon expérience préalable. J’ai trouvé que l’expédition du Manaslu correspondait à mes capacités physiques et que les aspects techniques pouvaient être appris en cours de route. En effet, il n’y avait que quelques sections techniques, notamment entre le camp 1 et le camp 2. Avoir été au moins une fois ou deux au-dessus de 6 000 m et 7 000m devrait être un prérequis pour le Manaslu. J’ai passé trois ans à faire du trekking sans relâche, je suis donc en bonne forme en montagne. J’ai atteint le sommet du Kilimandjaro (5 895 m) et du Spantik Peak (7 030 m) au cours de l’année précédant le Manaslu, ce qui m’a donné une certaine expérience de base de la haute altitude. Il est important de noter que j’ai atteint le sommet avec l’aide d’un sherpa et en utilisant de l’oxygène. Si vous enlevez l’un ou l’autre de ces facteurs, cette ascension ne sera pas aussi « facile ».
- Ascensions préalables recommandées : Bien qu’il y ait beaucoup d’ascensions que vous pouvez faire pour vous échauffer pour le Manaslu, quelques options communes sont l’Island Peak (6 189), le Baruntse (7 129m), le Spantik (7 030) et l’Himlung Himal (7 126m).
Le Manaslu est-il dangereux ?
Chaque fois que vous grimpez à des altitudes supérieures à 8 000m, vous êtes dans la zone de la mort. Un taux d’oxygène plus faible, des conditions météorologiques difficiles, des montagnes imprévisibles et des corps fatigués peuvent souvent engendrer des drames. Lors de notre expédition de 2021, un alpiniste est décédé d’une crise cardiaque, mais aucune avalanche majeure sur la voie d’ascension n’a causé de problèmes. La plupart des décès sur le Manaslu sont liés à des avalanches, mais les chutes et les problèmes d’altitude liés à la santé contribuent également au bilan des décès. Selon les bases de données sur les montagnes, en 2018, le Manaslu comptait 661 ascensions réussies pour 65 décès enregistrés, ce qui lui conférait un taux de mortalité de 9,9 %. Ce chiffre s’est considérablement amélioré ces dernières années avec l’établissement d’une nouvelle route plus sûre vers le camp 1, ainsi que de meilleures conditions, équipements et logistiques fournis aux alpinistes.
Scène depuis le sommet du mont Manaslu. Les grimpeurs du sommet ordinaire regardent autour d’eux pour voir Mingma G. Sherpa repousser les limites du vrai sommet, qui est devenu un itinéraire populaire cette année.
Pour connaître tous les détails de l’ascension du Manaslu par Jackson Grove, c’est ici.
Focus sur l’Ama Dablam (6 812 m)
L’Ama Dablam est connue comme la « montagne des alpinistes » en raison de sa nature technique et de son terrain difficile. De nombreux alpinistes viennent du monde entier pour y tester leurs capacités dans la haute altitude de l’Himalaya. Cela reste toutefois une expédition relativement sûre par rapport à de nombreux sommets plus dangereux de l’Himalaya, sans être exempte de tout dangers quand même. En 2006, un gros accident s’est produit lorsque le Dablam s’est partiellement effondré et a causé plusieurs décès au camp trois.
Quelques chiffres clefs
- Jours nécessaires : 10-15 jours (ajoutez 10 jours au total si vous faites un trek à l’aller ou au retour).
- Hauteur du sommet de l’Ama Dablam : 6,812m
- Coût : 7 000 à 10 000 $.
- Meilleure saison pour l’escalader : Il peut être escaladé en hiver mais c’est peu fréquent. La saison habituelle est d’octobre à janvier.
- Difficulté : L’Ama Dablam est connu pour être technique. Cependant, ne vous laissez pas intimider par cette étiquette. Je n’avais aucune expérience préalable de l’escalade, mais j’avais déjà utilisé un Jumar et un dispositif d’assurage lors de mes ascensions du Spantik et du Manaslu. Si nous supposons que vous pouvez supporter l’altitude de presque 7 000 m sans oxygène, l’escalade elle-même se fait sur des cordes fixes et vous n’aurez jamais de moments d’exposition sans être clippé. Il est important de noter que j’ai atteint le sommet avec l’assistance d’un sherpa mais que, comme la plupart des autres, je n’ai pas utilisé d’oxygène sur l’Ama Dablam. C’est sans aucun doute une ascension difficile, mais je pense que la nature technique de l’itinéraire est un peu trop mise en avant étant donné que vous êtes sur une ligne fixe pour toute l’ascension après le Camp 1.
- Ascensions préalables recommandées : Les options pour vous mettre en jambe sont nombreuses avant de vous attaquer à l’Ama Dablam. Pour ma part, je conseillerais l’Island Peak (6 189), le Baruntse (7 129m), le Spantik (7 030), l’Himlung Himal (7 126m) ou le Lobuche (6 119m).
L’Ama Dablam est-il dangereux ?
Au cours de notre expédition de 2021, il n’y a pas eu d’accidents mortels mais quelques évacuations par hélicoptère pour cause de cécité des neiges ou de mal des montagnes. En raison de la présence de lignes fixes pendant la quasi-totalité de l’ascension, je classerais l’itinéraire actuel comme relativement sûr par rapport à des montagnes plus exposées lorsqu’elles ne sont pas équipées de cordes. La principale source d’inquiétude sur l’Ama Dablam est le sérac suspendu au-dessus du camp 3. Les alpinistes évitent généralement de grimper et de camper sous ce sérac, bien que nous y ayons campé avant notre ascension du sommet. En 2006, un morceau de sérac est tombé et a tué six des grimpeurs du camp 3. Trois autres grimpeurs ont également été tués sous le sérac en 2014. L’alpiniste népalais Thundu Sherpa a été tué lorsqu’un tremblement de terre en 2016 a déclenché une avalanche sur la face.
Pour connaître tous les détails de l’ascension de l’Ama Dablam par Jackson Grove, c’est ici
Photo d'en-tête : Jackson Groves- Thèmes :
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