Deux éruptions récentes de volcans sont à l’origine de la présence d’aérosols dans la stratosphère et responsables des aubes violettes et autres couchers de soleil écarlates constatés à travers le monde. Une conséquence plutôt sympathique, mais qui rappelle aussi à quel point nous sommes à la merci de la prochaine explosion volcanique majeure.
Très tôt, un matin d’août dernier, le photographe américain Glenn Randall s’est installé en pleine nature avec son appareil photo et a mitraillé les 20 minutes précédant le lever du soleil, au moment où une écharpe dorée s’étoffe à l’horizon. Ce n’est qu’une fois rentré que Glenn Randall a remarqué quelque chose d’inédit : sur ses photos, le ciel et son reflet dans l’eau du lac auprès duquel il s’était posé étaient tous les deux violets.
Two recent volcanic eruptions are producing enhanced golden and purple glows at sunrise and sunset. Both Raikoke, in the…
Publiée par Glenn Randall Photography sur Vendredi 6 septembre 2019
Il s’avère que le photographe est loin d’être le seul à avoir fait ce constat. Un peu partout, des témoins se sont manifestés pour évoquer des ciels aux couleurs improbables, jusqu’à ce début d’automne. Les scientifiques n’ont pas tardé à livrer les responsables : l’éruption du volcan Raikoke le 22 juin, sur l’une des îles inhabitées de l’archipel des Kouriles (au large du Japon), suivie de celle de l’Ulawun, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces dernières, selon des données préliminaires collectées par la NASA, ont injecté du dioxyde de soufre dans la stratosphère, y formant de minuscules gouttes appelées aérosols, qui se sont ensuite dispersées autour du globe.
En modifiant l’interaction entre l’atmosphère terrestre et la lumière solaire, ces aérosols provoquent l’apparition de diverses teintes vues du sol, allant du violet à l’orangé. Si le phénomène finira par s’estomper, des scientifiques de l’Université du Colorado à Boulder ont cherché à mesurer les traces de l’éruption du Raikoke dans l’atmosphère. Ils ont envoyé un ballon sonde étudier les particules présentes en altitude et ont découvert dans la stratosphère des couches d’aérosols 20 fois plus épaisses que la normale. « Cela vous fait réaliser que vous n’avez pas besoin d’une grande quantité d’aérosols dans l’atmosphère pour changer sa composition », a indiqué l’équipe dans un communiqué. « C’était une éruption relativement mineure, mais cela a été suffisant pour impacter l’hémisphère nord ».
L’année sans été
En 1815, le stratovolcan Tambora, situé dans l’actuelle Indonésie, avait envoyé un volume inédit de cendres et de dioxyde de soufre dans l’atmosphère lors d’une éruption, plongeant la planète dans l’ombre et perturbant le climat à travers le monde. « L’année suivante, il n’y a pas eu d’été, rappellent les chercheurs dans leur communiqué. Les récoltes ont été désastreuses dans de nombreux endroits du monde ».
C’est exactement le genre de désastre auquel la NASA et l’agence spatiale européenne, entre autres, sont préparées. Avec des ballons sonde disposés à plus de 30 kilomètres d’altitude, les organisations mesurent les aérosols naturels et ceux engendrés par les éruptions volcaniques. Si une éruption se produit, il est crucial de récolter très vite des données afin de mesurer son impact et de déterminer s’il sera local, régional ou mondial.
Le volcan Ulawun, considéré comme l’un des plus dangereux au monde, est de nouveau entré en éruption hier matin, crachant de la lave et une épaisse colonne de fumée noire et poussant les populations de la zone à évacuer à nouveau. La suite au prochain épisode.
Article publié le 3 octobre 2019, mis à jour le 9 novembre 2019.
Photo d'en-tête : NOAA / Unsplash- Thèmes :
- Astronomie
- Environnement