Everest vs K2. Pour avoir gravi les deux, l’alpiniste et recordwoman Vanessa O’Brien sait comment les départager. Pour elle, la réponse est évidente : le sommet du K2 (8 611 m) est définitivement plus dur à atteindre que celui de l’Everest (8 849 m). Alors que plusieurs expéditions tentent actuellement son ascension, retour sur les spécificités du deuxième plus haut sommet du monde, expliquées en vidéo par l’Américaine Vanessa O’Brien.
Première femme à avoir atteint le point le plus haut et le plus bas de la Terre, Vanessa O’Brien a tous les arguments pour affirmer que le K2 est plus dur à gravir que l’Everest. Son palmarès parle de lui-même. À son actif, plusieurs records du monde : non seulement elle a atteint le sommet de l’Everest en 2012 et a plongé au point le plus profond du monde sous l’eau, au coeur du Challenger Deep – soit à 10 225 mètres – en 2020, mais elle a également gravi les sept sommets les plus hauts de chaque continent en 295 jours – le temps le plus rapide qu’une femme ait jamais réalisé. Sans oublier qu’en 2017, elle est devenue la première Américaine – et Anglaise (vu sa binationalité)- à réussir l’ascension du K2, où elle a hissé le drapeau des femmes de l’ONU, en hommage au courage et à la détermination des femmes.
Dans une vidéo tournée par Tech Insider en 2017, Vanessa O’Brien explique pourquoi l’Everest n’est finalement pas la montagne la plus dure à gravir, et ce qui rend le K2 aussi unique et – mortellement – dangereux.
Deux pays différents
« Tout d’abord, les sommets se situent dans deux pays différents. L’un est au Népal et l’autre au Pakistan, donc je dirais que techniquement, c’est déjà plus difficile d’aller au Pakistan, d’obtenir les visas et la logistique nécessaires. »
Passer par un glacier
« Il y a différentes voies pour accéder aux sommets. La voie pakistanaise allant vers le camp de base du K2 implique de passer par un glacier – c’est plus dur, car ce passage est constitué d’un mélange de différentes roches, et on peut très facilement se faire une entorse à la cheville. Alors que lorsque vous montez au camp de base de l’Everest, vous êtes juste sur un chemin de terre, donc c’est très facile. »
Transporter sa tente
« De plus, quand vous escaladez le K2, vous emportez tout le matériel de l’expédition avec vous et vous montez vos tentes sur le chemin ; alors que quand vous rejoignez le camp de base de l’Everest, vous pouvez compter sur les tea houses, donc vous n’avez pas besoin de transporter votre tente ».
Deux profils différents
« Le K2 a la forme d’un triangle, c’est raide, et ça suppose que vous vous donniez à 110% dès le premier jour. Alors que l’Everest a un itinéraire sinueux, il n’est donc pas toujours constamment abrupt. »
Une météo imprévisible
« La météo est bien plus imprévisible sur le K2 que sur l’Everest, et je dirais que le gravir est techniquement plus difficile. Sur l’Everest, le seul véritable obstacle est le « ressaut Hillary » -(disparu aujourd’hui, vraisemblablement suite au tremblement de terre de 2015, ndlr)- et sur la plupart du parcours, les voies sont mieux aménagées, car chaque année, l’Everest est bien plus convoité que le K2, où très peu de grimpeurs s’aventurent à cause de son imprévisibilité. »
Un mélange de roche et de glace
« Le parcours du K2 est un mélange de rocher, de glace et d’escalade alpine. Il y a des sections très techniques -House’s Chimney et Black Pyramid. C’est donc incomparable. »
Seulement 400 ascensions réussies
« Si je regarde les statistiques, il y a 40% de chances de ne pas arriver au sommet, c’est donc une montagne vraiment rude. Le K2 compte moins de 400 ascensions réussies jusqu’au sommet – comparées aux 7500 enregistrées sur l’Everest – ce qui montre à quel point le K2 est plus difficile à chaque nouvelle saison. »
Photo d'en-tête : Bartek Bargiel