Nichés au coeur des montagnes, les lacs pyrénéens n’échappent pourtant pas à la pollution chimique, démontre une étude réalisée par deux chercheurs toulousains. Les coupables ? Les anti-parasites pour animaux et les répulsifs utilisés par l’homme. Un verdict inquiétant.
Les montagnes ne sont pas épargnées par la pollution. Après les micro-plastiques recensés sur les sommets pyrénéens fin 2021, dont le Pic du Midi, voici que les lacs du massif regorgent d’un « cocktail toxique » démontrent des chercheurs toulousains du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement de Toulouse, Dirk Schmeller et Adeline Loyau, qui ont étudié huit lacs dans trois zones différentes des Pyrénées françaises – Ariège, Haute-Garonne et Béarn. Résultat : « le dépôt atmosphérique de Polluants Organiques Persistants (POP) expose ces écosystèmes sensibles à la pollution chimique » atteste leur étude publiée en mars qui confirme la présence de 151 molécules (sur les 479 recherchées).
« Cela a été un peu un choc pour nous, se souvient Adeline Loyau, contactée par nos confrères de Sud Ouest. Nous nous attendions à trouver des molécules. Mais pas dans une telle quantité, ni même dans des milieux qui sont censés être un peu reculés et préservés ».
Si la plupart sont présentes à faible concentration, deux molécules alarment les chercheurs : le diazinon et la perméthrine, l’une servant à débarrasser le bétail ou les chiens des puces et des tiques, en vue de lutter principalement contre la maladie de la langue bleue transmise par les insectes piqueurs. L’autre entrant dans la composition des anti-moustiques utilisés par l’homme, souvent pulvérisés sur les vêtements avant une randonnée.
La plupart des molécules ont été transportées par les vents depuis des cultures de plus basse altitude ou arrivent avec les pluies. S’ajoute à cela une pollution directe des lacs, remarquée par les scientifiques, provenant des animaux d’élevage ou domestiques qui s’abreuvent ou se baignent dans ces eaux.
Conséquence de ce « cocktail toxique » : les crustacés microscopiques « ont été au moins partiellement impactés par les risques toxiques élevés » détaille l’étude. Or on sait que ces maillons essentiels de l’éco-système des lacs limitent les agents pathogènes contaminant les amphibiens. De même, dans les années à venir, les humains, le bétail et les animaux sauvages vivant autour de ces plans d’eau pourraient à leur tour être plus vulnérables à certaines maladies, précise Adeline Loyau.
Photo d'en-tête : Les Argonautes- Thèmes :
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