Dans le monde du surf pro, Kelly Slater, c’est un peu ce que Tony Hawk est dans celui du skate : une figure indéboulonnable, 11 fois champions de la World Surf League. Et à 50 ans, le King continue de fasciner. Aussi sa présence sur la 59e édition du Rip Curl Pro Bells Beach, plus vieille compétition du circuit pro qui a débuté ce dimanche en Australie, focalise-t-elle tous les regards. L’occasion de se replonger dans « Continuance », documentaire en deux parties qu’en 2017 l’ex surfeur Alek Parker lui a consacré. Au-delà d’images époustouflantes, on y découvre un être solaire, admiré tant pour son exceptionnelle connaissance de l’océan, que pour sa ténacité et sa générosité.
Pour la cinquième fois de sa carrière, le King Kelly, actuellement 2e au classement, est sous les spots lights sur la 4e épreuve du World Tour, en Australie, le mythique Bells Beach. Evénement le plus ancien du circuit, c’est un line-up impitoyable qui teste l’endurance, la puissance et le surf des meilleurs surfeurs du moment. Parmi les anciens qui s’y affrontent depuis dimanche jusqu’au 20 avril, Nat Young, Owen Wright, mais aussi et surtout Kelly Slater qui n’a pas vraiment l’intention d’y faire de la figuration mais, comme il le prouve depuis 30 ans, de renforcer sa domination de la discipline. Impressionnant quand on sait qu’en 2017, lorsque l’ex surfeur Alek Parker entreprend de réaliser une mini-série documentaire – avec en tête « Twelve », la fameuse série qui avait permis de suivre le surfeur américain d’origine hawaïenne J.J. Florence à la conquête de son titre mondial – il entend couvrir « ce qui pourrait être la dernière année complète de Kelly en compétition », raconte-t-il. Cinq ans plus tard, en février 2022, à 50 ans, le Floridien remportait la première épreuve du circuit professionnel 2022 à Hawaï. Sidérant. On comprend mieux le titre du documentaire qui lui a été consacré : « Continuance ». « La continuité n’est pas un début ou une fin, c’est juste quelque part sur votre chemin. », explique Kelly Slater dans le premier épisode.
Le secret du king ? Le champion sud-africain Shaun Tomson le résume parfaitement dans le film : « Vous savez pourquoi Kelly Slater a eu la plus longue et la meilleure carrière de l’histoire ? Je vais vous le dire franchement : c’est parce que c’est le surfeur le plus enthousiaste. Il n’est pas blasé, pas cynique, pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Et ses records ne seront jamais battus ».
Dans cette première partie, on suit le surfeur américain sur la première compétition de l’année 2017 de la WSL, le Quiksilver Pro Gold Coast, organisée en mars en Australie sur le spot de Snapper Rocks. Kelly Slater a alors 45 ans, et il est à la conquête de son 12e titre mondial. « Je vais tout donner », dit-il. « On a beaucoup parlé de ma retraite… mais je n’ai pas vraiment à répondre à cette question. » Bien sûr, c’était avant qu’il ne dégringole dans les classements et qu’une fracture du pied à J-Bay, en Afrique du Sud, ne le mette sur la touche pour le reste de l’année. Le King ne remportera donc pas de nouveau titre mondial cette année-là, mais le film y gagnera en substance. Car au-delà de la performance, on découvrira plus encore l’homme derrière le plus grand surfeur de tous les temps.
« Continuance » part two
Dans ce deuxième volet, Kelly Slater participe au Corona Open J-Bay en Afrique du Sud dans le cadre du WSL World Tour. Son objectif à ce moment-là ? « Si j’arrive à avoir une bonne série de victoires, à atteindre les quarts de finale et les demi-finales, je pourrais inscrire mon nom dans la course au titre mondial d’ici la fin de l’année », déclare-t-il à son arrivée. Au début de la compétition, tout se profilait pour le mieux. Une victoire au premier tour et une prévision incroyable sur l’une de ses vagues préférées au monde. Mais le destin en décidera autrement. Au cours d’une séance d’entraînement matinal, il subit ce qui aura sans doute été la pire blessure de sa carrière en se cassant les troisième et quatrième métatarses du pied droit. Contre toute attente, le champion relativise rapidement. « Il se peut que je ne surfe pas le reste de l’année », explique-t-il. « Mais avoir un peu de temps libre pourrait finalement être une chance pour moi ». Pour le réalisateur aussi, cet accident sera une aubaine, comme il l’expliquera plus tard car il permit d’offrir un aperçu intime de la façon dont Kelly réagit à ce revers.
« Quand c’est arrivé (l’accident, ndlr), je me suis dit, « C’est fini ». Jusque-là, nous n’avions filmé que son surf, parce que n’avions pas pu avoir pas de moments réels et approfondis avec Kelly avant l’événement. », raconte Alek Parker à « Surfer ». « La veille de sa blessure, je lui avais dit que c’était le dernier jour où nous aurions toute l’équipe de tournage à J-Bay, et que nous avions encore un tas de choses que nous voulions vraiment shooter (…). Mais, après l’accident, au lieu de nous mettre à l’écart, il nous a dit de venir à l’hôpital ; il pensait toujours à notre projet. Deux heures après son retour de l’hôpital, il était prêt à faire des interviews, ce qui était fou. C’était un défi, c’est sûr. Mais grâce à l’engagement total de Kelly dans le projet, nous avons réorienter le film dans une direction légèrement différente, qui mettait l’accent sur les enfants des rues de Surfers Not à Durban, une organisation pour laquelle Kelly est vraiment investi. »
Photo d'en-tête : WSL / Tony Heff- Thèmes :
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