Avec les skis et les gants, s’il y a un produit sur lequel on ne transige pas sur les pistes, c’est le masque. Indispensable protection, il est aussi le garant d’un plaisir maximum. Pour comprendre ce qui fait un masque de qualité, comment le choisir et l’entretenir, nous avons rencontré Louis Bradier, ingénieur en chef chez Scott, responsable notamment des accessoires. Féru de sports, sa pratique personnelle est passée du skate de descente … au snow. C’est dire s’il en connaît un bout sur la glisse.
Originaire de Chambéry, Louis Bradier, 33 ans, est deux mois par an sur la neige. Il a beau arboré le titre de « Chief Engineer Sports Division » chez Scott, il n’est pas du genre à se cantonner à son bureau d’études. Qu’il soit sur les pistes, sur les sentiers en VTT ou dévalant les routes sur son skateboard, sa passion de jeunesse, il aime mettre à l’épreuve les produits dont il suit la gestation jusqu’à la fabrication dans les usines de l’équipementier suisse.
Aussi lorsqu’on l’interroge sur ce qui fait un bon masque de ski, le sujet lui parle : « je ne peux plus skier avec des lunettes de ski, j’ai une pratique trop engagée, impossible sans cet accessoire! ». Et sa réponse est sans appel : « ce qui est capital ? C’est la qualité et la maîtrise de l’optique. C’est ce qui va faire toute la différence. Pour cela, il faut aller à la source, dans le berceau de l’optique, Saint-Claude, dans le Juras où sont fabriqués nos verres depuis des années. Nos sous-traitants exclusifs mettent la barre très haut, leurs débouchés incluant notamment l’optique de luxe. En 45 ans, Scott a développé une expertise en la matière, brevetant des technologies permettant une augmentation de la perception du contraste. Cette avancée, qui fait toute la différence en montagne, a déjà plus de vingt ans chez nous. Ce qui est marrant, c’est que ce qui est présenté ailleurs comme une innovation est, de fait, un standard chez Scott.
Pas de bon masque non plus bien sûr sans protection des yeux, c’est la base. Mais ce qui fait un masque réussi, c’est l’équilibre entre ces trois paramètres fondamentaux, la qualité de l’optique, la sécurité et le confort qui passe notamment par la qualité de la ventilation et l’adaptation à la morphologie de votre visage. Il nous a ainsi fallu des années pour réaliser la technologie permettant d’adapter le masque au visage de l’utilisateur (fit system) ». Enfin j’ajouterais que l’esthétique entre aussi en compte. Le masque de ski est clairement devenu un accessoire de mode ! ».
Qu’est ce qui rend difficile la conception d’un masque de ski ?
« La compatibilité, précisément, de ces différentes fonctions. Pour toutes les satisfaire, on a besoin d’espace … sur un accessoire qui n’en n’a guère. Dès qu’on en ajoute, on a tendance à réduire le champ de vision. C’est ce que l’ont appel l’effet « tunnel », cela revient a faire semblant de regarder à travers des jumelles. On risque donc d’impacter la fonction première, à savoir la qualité de l’optique. C’est tout un process sur laquel nous pouvons travailler en direct, au jour le jour, avec nos partenaires français et autrichiens. Sans le problème de la distance ou de la langue que l’on rencontre forcément dès lors qu’on est implanté hors Europe.
Maîtriser ainsi toute la chaine de production nous a permis d’améliorer ce que nous appelons « l’expérience utilisateur «. En clair, tous ces petits « plus », qui font la différence en haut d’une piste. Changer son verre de masque sans avoir à le toucher par exemple, particularité que l’on retrouve sur notre modèle LCG. Ou ajuster le masque à la forme de votre nez, via un mécanisme. «
Les étapes de production des écrans
(Scott)
Les étapes de production des cadres
(Scott)
Les étapes de production des straps
(Scott)
Quel est le point sur lequel toute l’industrie travaille pour rendre le masque encore plus performant ?
« La plupart des marques sont à fond sur la technologie de contraste. Or chez Scott, nous sommes déjà très avancés sur ce point. L’autre grand chantier du marché, c’est la qualité de l’assemblage et des finitions, mais là aussi, nous avons un temps d’avance, compte-tenu de notre organisation européenne. Nous continuons bien sûr d’améliorer ces paramètres, mais nous travaillons en parallèle sur la prochaine étape, à savoir comment apporter un produit plus versatile encore. »
De la conception à la fabrication, combien de temps prend la réalisation d’un masque aussi abouti ?
« D’un an et demi à deux ans, car nous allons très loin dans la simulation avant de nous lancer dans la fabrication, grâce l’usage notamment de la 3D. Nous utilisons les mêmes logiciels avancés que l’industrie automobile. Cela nous permet de contrôler que le design autant que les fonctionnalités suivent la bonne direction avant même de finir les premiers prototypes. On peut passer des mois sur un « détail », pour trouver par exemple, comment éviter d’avoir un espace entre le casque et le masque. L’horreur sous des rafales de neige! »
(Scott)
Quelles évolutions a connu le masque de ski au fil des années ?
« Pour schématiser, on est parti du casque de moto, dans les années 60. Mais très vite ce qui a fait bouger le produit, c’est la qualité de l’optique. Jusqu’aux années 2000, on travaillait une plaque de polycarbonate emboutie et pliée pour l’appliquer sur le cadre du masque. Cette contrainte perturbe la vision. Avec l’arrivée du verre injecté, tout a changé. On a franchi une énorme étape en matière de perception des contrastes.
De même, au départ le verre était transparent. Plus tard, il est passé à l’orange. Aujourd’hui, on dispose de techniques beaucoup plus poussées pour parvenir à la teinte la plus adaptée aux pratiques du ski. Il y a vingt ans déjà, Scott a fait des recherches pour comprendre comment l’œil fonctionnait pour optimiser la lumière afin d’obtenir une meilleure interprétation de la couleur par l’œil du skieur. Nous avons consacré une partie de nos études à l’analyse approfondie des spectres lumineux générés par chacune des conditions météo possibles et nous avons identifié les couleurs principales et les « mauvaises » couleurs, afin de développer les meilleures teintes d’écran adaptées à chaque situation en montagne.
Cela a eu un énorme impact sur la qualité de notre optique, le skieur y a gagné une qualité de vision exceptionnelle, une meilleure perception des reliefs et une réduction de la fatigue visuelle.
Au final, ces recherches nous permettent d’offrir aujourd’hui des écrans haute performance sans distorsion, avec protection anti-UV et d’une qualité inégalée sur le marché. Ils procurent une qualité de vision exceptionnelle, aussi bien qu’une sécurité vitale. »
Quid du masque connecté ?
« Les systèmes évoluent si rapidement qu’ils deviennent vite obsolètes, or Scott s’inscrit délibérément dans la durée. Nos masques sont faits pour durer, pas pour être jetés dans deux ans. C’est une autre façon d’aborder la nécessaire question de la durabilité et de l’impact de notre industrie sur l’environnement. Tant que la technologie n’est pas mure et stabilisée, jouer la carte de la connectivité juste pour dire que nous sommes présents sur ce « créneau » ne nous correspondrait pas,
De même, embarquer des « trackers » sur un masque pour le localiser en cas de perte ne nous semble pas vraiment pertinent. Cette technologie est trop fugace, nous préférons des solutions durables et offrir du « dur » avec performances réelles.
Comment ? Et bien pour résoudre le problème de la perte d’un masque, le plus simple est encore d’anticiper et donc … de faire en sorte de ne pas le perdre. En disposant d’attaches de sécurité sur le casque ou d’une bande silicone ajoutée à l’intérieur du strap pour éviter qu’il glisse, par exemple.
Même approche pour les verres. Nous faisons en sorte que le verre ne puisse pas tomber, grâce à un système de verrouillage mécanique. Simple pour le skieur et plus efficace qu’un aimant.
La « perte du masque » est un grand classique, analysé sous tous les angles et toutes les situations possibles. Vous voulez un autre maillon faible, source de casse dans bien des cas ? Le strap qui se découd. Fatal sur un télésiège. Mais impossible sur nos modèles, car nous surmoulons les boucles en plastique sur les straps.
Quel est le rôle des athlètes du team Scott dans l’élaboration des masques ?
Nous les rencontrons une fois par an pour un retour d’expérience. Ce qui nous aide à définir les orientations de développement, en gardant toutefois un certain recul, car nos athlètes utilisent nos produits de manière très intensive, pas forcément comme monsieur ou madame tout le monde. L’idée est donc de tirer le meilleur parti de leur expérience au profit du plus grand nombre. On leur doit beaucoup par exemple dans l’amélioration de la ventilation, notre modèle Vapor dispose ainsi de deux ventilations sur les côtés. Un point capital dans les moments d’effort intensif, nous avaient expliqué les athlètes. De même, ils sont très exigeants sur la question de la visibilité et la nécessité de ne pas avoir d’angles morts. Point que nous avons réussi à intégrer dans nos masques.
Quelles sont les tendances actuelles en matière de design ?
Je ne suis pas designer, nous avons des bureaux qui sont dédiés à cette approche, mais disons que l’idée fondamentale est d’offrir une expérience réussie en évitant tout le superflu. Pour vous donner un exemple, chez Scott chez Scott, on ne trouvera pas de bouts de mousse, synonyme de ventilation pour le consommateur… sans trou derrière.
Enfin, comment entretenir un masque correctement ?
C’est simple, un masque doit être séché, c’est la base. On oublie trop que c’est un outil d’optique, plus résistant qu’une paire de lunettes, certes, mais qu’il faut soigner, en le glissant ensuite dans sa pochette. Évident mais pas si fréquent : on a tous mis le masque dans le casque et posé, bien au-dessus, les gants mouillés, non ? A éviter ABSOLUMENT!
Pour découvrir la collection de masques Scott, c’est ici.
Photo d'en-tête : Fabian Bodet / Scott- Thèmes :
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