A 31 ans, cet habitué des voies de niveau 7b + a chuté de 24 mètres le 30 juin. L’Américain grimpait l’une des voies les plus dures du Shortoff Mountain, dans la forêt de Pisgah, en Caroline du Nord. Au cours des six dernières années, Austin Howell avait passé plus de temps à grimper sans corde qu’avec.
« Pour moi, l’escalade a été un chemin vers la paix », écrit-il sur son site web. « Grimper en free solo n’est pas une parenthèse, c’est mon mode de vie. »
Malgré son expérience, quelque chose a mal tourné le dimanche 30 juin pour Austin Howell, tombé de 24 mètres lors d’une ascension dans les Gorges de Linville, en Caroline du Nord, un site isolé situé dans le Parc national du Pisgah. On ne sait pas encore très bien sur quelle voie il se trouvait, si une prise a lâché ou s’il a simplement glissé. Le Service des forêts américains enquête actuellement sur les causes de l’accident.
Howell était très populaire sur les réseaux sociaux où il postait fréquemment des vidéos de ses solos ainsi que sur son site Web. On le voit ainsi grimper, se balançant d’une prise à l’autre sur des voies très engagées, pareil à Doc Brown de Retour vers le futur, avec ses cheveux hirsutes couleur paille. Il aimait les t-shirts tie and dye et les chapeaux. Il lui arrivait aussi de réaliser des solos entièrement nu, sans chaussons ni sac à peuf.
Il s’était également exprimé sur le web sur ses problèmes de santé mentale. « Le moment le plus terrifiant que j’aie jamais vécu n’a pas été en solo », écrivait-il dans un post d’avril. « C’était il y a longtemps, au sommet d’un immeuble, alors que mon esprit explosait littéralement … Grimper en freesolo n’est pas un désir de mort, c’est un désir de vie. C’est la meilleure thérapie que j’aie jamais trouvée pour calmer mon esprit tumultueux. La maîtrise que j’ai réussi à atteindre en escalade se transpose dans ma vie quotidienne. C’est important, parce que je ne suis pas le gars qui « a vaincu la dépression ». Ce n’est pas moi. Je vais devoir gérer ça toute ma vie. »
Dans d’autres posts, il a parlé de sa lutte contre la bipolarité, un trouble caractérisé par des états dépressifs.
« ll avait une irrepressible envie de grimper », a raconté sa mère, Terri Zinke Jackson, au Chicago Tribune. « Il racontait qu’il ne se sentait jamais plus libre et plus détendu que lorsqu’il grimpait. Il s’est battu contre la dépression. On avait l’impression que pour lui l’escalade était comme un médicament. »
Au fil des ans, Austin Howell s’est blessé plusieurs fois en grimpant. Il s’est brisé notamment le dos et les chevilles. En 2007, il est tombé la tête la première à El Capitan dans le Yosemite, se fracturant le crâne, le poignet et cinq vertèbres du cou.
Howell est né à Friendswood, au Texas, une petite ville près de Houston. Il a abandonné l’université après avoir étudié l’ingénierie électrique pendant deux ans à l’Université de Houston. Il avait trouvé un emploi de réparateur d’antenne de téléphone cellulaire à Atlanta. Il vivait dans l’Illinois depuis 2017.
Parmi les messages postés ces derniers jours sur les médias sociaux, un ami a écrit sur son mur Facebook : « Austin a essayé de vivre de façon transparente, il a lutté contre ses démons, montrant la voie à ceux qui luttent, eux aussi ».
Photo d'en-tête : Andy Toms