Alpiniste chevronné, aventurier à sa façon, l’Espagnol connu comme le « bivouaqueur des 3 000 » voulait passer le réveillon du Nouvel An au sommet du Pic d’Aneto, à 3 404 mètres d’altitude. Mais c’est son corps sans vie que la Guardia Civil espagnole a découvert quelques jours plus tard, suite à une chute dans le vide, lors de son ascension du point culminant des Pyrénées, son massif de prédilection. Une disparition passée quasiment inaperçue en France, mais qui fait grand bruit en Espagne dans la communauté de la montagne qui regrette un esprit libre et aventureux.
Sur le compte Instagram de Gerard Olivé, 41 ans, caméraman amoureux de la montagne, des dizaines de photos de montagne, des Pyrénées – massif qu’il connaissait comme sa poche – au Pérou. Parmi ses clichés, quantité de bivouacs dressés par tous les temps et tous les terrains. Enfouis dans la neige, protégés parfois par quelques pierres, ou nichés dans un creux, à l’abri du vent. Le Catalan originaire de Tarragone avait la montagne dans le sang, et rien ne le comblait plus que de dormir au plus près des étoiles : « Il n’y a rien de plus satisfaisant pour moi », écrivait-il il y a six mois sur les réseaux, « que d’être enveloppé dans mon duvet… avec la sensation de dormir au plus profond des nuages ».
Au point qu’à l’annonce de sa disparition, le 4 janvier, les messages ont afflué pour rendre hommage à cet alpiniste qui aimait se présenter comme « un bivouaqueur de l’extrême ». Une passion qui lui avait valu le surnom de « bivouaqueur des 3000 ».
Aussi lorsqu’en décembre il décide d’aller passer la dernière nuit de l’année 2024 au sommet de l’Anéto (3 404 m) le point culminant des Pyrénées, personne ne s’en étonne. Mais ne le voyant pas revenir quelques jours plus tard, ses proches ont donné l’alerte. Après plusieurs jours de recherches, c’est la Guardia civil espagnole qui a retrouvé son corps sans vie. On connaît mal encore les conditions de son accident, mais l’alpiniste serait tombé dans le vide depuis la crête de Salenques, un passage technique réputé dangereux, lors de son ascension, selon les autorités.
Or Gerard Olivé n’était pas un débutant. Loin s’en faut. L’hiver dernier, c’est en solo à nouveau qu’il avait fait une traversée des Pyrénées de 15 jours, équipé d’une pulka, en totale autonomie. Sans tente, et en bivouaquant bien sûr. Une aventure qu’il avait racontée dans un documentaire intitulé IKIGAI (« raison de vivre » en japonais), qu’il avait réalisé lui-même, un film disponible en accès libre sur Youtube. De même, son récent documentaire sur son ascension du Chopicalqui (6 355 m ) dans la cordillère Blanche au Pérou, avait marqué les esprits.
Voir « Aware » et découvrir Gerard Olivé, amoureux des montagnes, expert en bivouacs
« Aware est un mot japonais, c’est un concept ‘mono no aware’ qui signifie : Le sentiment profond provoqué par la beauté éphémère de la nature, je pense que ce concept reflète parfaitement la philosophie du bivouac, profiter de ces petits moments éphémères que la montagne nous offre », écrivait Gérard Olivé pour présenter son superbe documentaire de 35 minutes. « Voir le soleil se coucher derrière une mer de montagnes enneigées, les couleurs du coucher de soleil qui changent à chaque minute, ce moment précis où l’on voit les premiers rayons de soleil après avoir passé de longues heures à l’intérieur de son sac. Des moments qui vous rendent complètement heureux, ne serait-ce que pour ces petits instants éphémères, et c’est cela pour moi le bivouac, la recherche du bonheur. »
Photo d'en-tête : Gerard Olivé / @xutonthetop