Quand on boucle son sac à dos pour partir au Japon, Kyoto truste le podium des destinations les plus prisées. Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’au départ de l’ancienne capitale nippone part un long sentier serpentant au plus profond d’une forêt d’érables. 11 kilomètres rejoignant le sublime lac Biwa,situé dans la préfecture de Shiga. Une autre approche du Japon, intime, nature et secrète, explique notre journaliste qui a tenté l’aventure.
Si pour beaucoup aborder le Japon en version outdoor s’est longtemps résumé à Hokkaido et sa légendaire poudreuse, le temps d’un séjour éclair, on serait bien inspiré d’aller découvrir l’archipel en mode slow travel, au rythme du marcheur ou du cycliste. Une option à intégrer dans le cadre d’un séjour qu’on imagine long, préparé à l’avance et nourri d’expériences diverses. Tant s’impose aujourd’hui la nécessité de limiter ses voyages lointains. A l’heure où partout la menace du Covid recule peu à peu, et où l’envie d’ailleurs nous tenaille, rien ne nous interdit aujourd’hui de rêver à un périple dans l’archipel nippon. A planifier pour le printemps, ou mieux encore l’automne, deux saisons riches en couleurs et propices à la rando pédestre ou à vélo.
En tête de liste pour le voyageur, Kyoto bien sûr. Pour ses temples et Gion, son quartier des Geishas, mais aussi ses forêts toutes proches, une option encore secrète qui ouvre les portes d’un Japon nature et authentique. A moins de 10 kilomètres de l’ancienne capitale nippone, s’étend en effet la préfecture de Shiga . Depuis la gare de Kyoto, il faut à peine 10 minutes en train direct pour rejoindre Otsu, sa capitale, située au sud-ouest du lac Biwa, le plus vaste du Japon. Mais mieux que le train, c’est la marche que les randonneurs avertis adoptent en empruntant un chemin de randonnée historique traversant la montagne Nyoigatake, appelée également Daimonji-yama.
Accessible à tous les niveaux, cette randonnée de quatre heures environ part du temple Reikanji à Kyoto et rejoint celui de Miidera, à Shiga. Question dénivelé, le Nyoigatake culmine à 461 mètres, de quoi se mettre en jambe pour la journée, sans forcer. Pour vous repérer dans la forêt d’érables et de cerisiers, suivez les bornes de balisage « Kyoto Trail » postées aux endroits clés de la randonnée. Les nombreux oiseaux sauvages, mais aussi, plus rares, les macaques japonais, seront là pour vous rappeler que vous êtes bien en terre nipppone. Une fois arrivé au temple Miidera, à Shiga, on est à peine à 30 minutes à pied de la gare d’Otsu. On peut donc rentrer à Kyoto ou, mieux encore, continuer son périple, en VTT.
Biwaichi, 200 km de coups de pédale
Au Japon, Shiga est en effet une destination réputée pour les adeptes du cyclotourisme. On y trouve la Biwaichi, une voie cyclable de près de 200 kilomètres serpentant le long des berges du lac Biwa, le plus grand lac du pays. Au nord, s’étend un long tronçon de 150 kilomètres (Hokko) et au sud, un, plus réduit, de 50 kilomètres seulement (Nanko). Le choix de l’itinéraire dépend surtout de votre planning de voyage. Il est possible de faire le tour complet en deux jours et une nuit, ou de pédaler sur un tronçon de quelques kilomètres avant de retourner à Kyoto.
Toutes les routes autour du lac Biwa sont relativement plates. Et bien qu’il y ait plus de relief côté nord, autour de Kinomoto, la Biwaichi est une véritable partie de plaisir. Selon nous, il est préférable de se focaliser sur la partie nord, celle de 150 kilomètres. La partie sud, qui traverse la capitale de la préfecture, Otsu, est plus urbanisée, ce qui est beaucoup moins excitant. On vous suggère donc de couper l’itinéraire en passant par le Biwako Ohashi, pont séparant les deux zones du lac.
Le lac propose aussi de très jolis spots où se poser. Le Biwa-ko, comme on l’appelle ici, est en effet entouré d’un beau banc de sable jaune. On vous conseille la populaire Omimaiko Nakahama. Cette jolie plage permet de délaisser son vélo quelques instants afin de profiter d’une petite baignade en eau douce avant un détour par le superbe parc Nagisa. Pour les ornithologues amateurs, 5000 oiseaux aquatiques sont présents dans la zone. Armez-vous donc de vos meilleurs objectifs. Quant à la faune du lac, on compte une cinquantaine d’espèces indigènes. Malheureusement, la biodiversité a été un peu bousculée avec l’introduction de poissons étrangers, comme l’achigan à grande bouche, considéré comme un « poisson de sport ». Ne soyez donc pas étonné de voir sur le lac des bateaux noir ébène pilotés par des pêcheurs suréquipés, cohabitant avec un myriade de voiliers.
S’orienter, louer un VTT, se ravitailler, gérer ses bagages, tout pour réussir sa rando Kyoto/Shiga
1 Quand y aller
Le Japon connaît quatre saisons distinctes, aux caractéristiques bien différentes. L’été, très humide et chaud, est en général déconseillé pour les activités sportives, car le taux d’humidité rend les efforts difficiles. Pour profiter au mieux de la région, on préconise le printemps et l’automne. Les températures sont idéales, les pluies faibles et l’ensoleillement au top. Ce sont aussi les deux plus belles périodes de l’année pour découvrir la flore locale. Notamment la floraison des cerisiers, début avril, ou, moins connus des étrangers, les momiji et kouyou (couleurs de l’automne), en novembre. L’hiver peut être aussi une option envisageable si l’on est chaudement équipé.
2 Comment s’y rendre
Vous pouvez vous y rendre facilement en train depuis Kyoto. Vous ne mettrez que 9 minutes pour rejoindre Otsu avec la ligne JR Tokaido Sanyo New Rapid (200 ¥ / 1,5 €), 34 minutes pour Omihachiman (680 ¥ / 5 €) ou encore 48 min pour Hikone (1170 ¥ / 9 €). Il est possible de partir de Kyoto, rejoindre le lac Biwa et repartir depuis Maibara, à l’est, en Shinkansen (le train à grande vitesse) direction Tokyo. Ou inversement.
3 Où se loger
Pour les petits budgets, préférez les business hotels, ces hôtels typiques autour des gares (à partir de 35 €) ou les guesthouses. On trouve aussi des chaînes internationales (comme le Lake Biwa Marriott) et des lieux luxueux mais presque inabordables comme le WAQOO dans le temple Miidera. Si vous partez à Shiga à plusieurs, on vous conseille la Guesthouse Mio (biwaholidayhomes.weebly.com/guesthouse-mio.html), à Omihachiman. Cette maison d’hôtes privée a tout ce qu’il faut pour profiter de l’ambiance du pays : tatami, futon, jardin japonais… Elle peut accueillir jusqu’à huit personnes (entre 170 € et 350 €, selon le nombre).
4 Quid des bagages ?
Le service « takkyubin », comme on l’appelle communément ici, est un service qui vous permet d’envoyer vos affaires depuis un hôtel, une gare ou un konbini jusqu’à votre prochaine destination, en temps et en heure. Idéal pour vous éviter un trajet trop pénible. Aujourd’hui, plusieurs opérateurs proposent ce service, Yamato et Sagawa, mais aussi la préfecture de Shiga elle-même. Vous remplissez un bordereau sur place et une personne s’occupera de vous livrer vos affaires. Pratique ! Comptez jusqu’à 3000 ¥ (23 €) pour les bagages les plus volumineux. Autre solution, les gares au Japon comportent toujours des casiers sécurisés, parfait pour y poser vos affaires quelques heures.
5 Trouver des infos sur le sentier
Incontournable, le « Friends of the forest Center » (fieldsociety.la.coocan.jp), un lieu bien connu des marcheurs locaux, à une dizaine de minutes à pied au nord du temple Reikanji à Kyoto. Ce centre, à l’aspect chalet de montagne, est un bon spot pour vous renseigner sur les trails de la zone. On y trouve des cartes, une petite boutique et des WC. L’anglais est limité, mais on se fait comprendre. Si vous croisez des membres du staff dans le centre, remerciez-les, les chemins de trails de Nyoigatake sont uniquement entretenus par des bénévoles.
6 Louer un VTT ou un VAE
C’est le Japon, donc tout est pensé pour vous faciliter la vie. Louer un vélo ? Rien de plus simple. On trouve des agences de location aux points les plus stratégiques du lac, souvent près d’une gare. Vous pouvez consulter la carte en anglais mise à disposition par le Bureau d’informations touristiques de la préfecture (en.biwako-visitors.jp/spot/search/rental/). Le choix de matériel, souvent à la pointe, est excellent. On vous suggère la boutique Giant près du pont Biwako Ohashi. VTT, vélos de course ou vélos électriques de sport, tout y est. Les prix pratiqués varient selon le modèle et la durée de location. Pour un VTT, à titre d’exemple, comptez à partir de 27 € la journée et 44 € les deux jours. Certaines agences vous fournissent de quoi installer votre téléphone portable au guidon.
7 S’orienter sur la Biwaichi,
Voie cyclable officielle, cette piste est très bien balisée. Son code couleur, bleu clair, est reconnaissable et facilement repérable. Il suffit de se fier à la signalétique le long du trajet. Très pratique aussi : l’application « BIWAICHI Cycling Navi », développée par la préfecture.
8 La vie sur la piste
Peu de règles strictes sont appliquées à la Biwaichi, seules les règles de bienséance prévalent. Si la piste est commune aux vélos dans les deux sens, roulez à gauche, à la japonaise ! On trouve une signalétique appropriée au niveau des tronçons partagés avec les véhicules. En règle générale, les Japonais sont prudents en voiture. Pour les déchets, pensez à vous munir d’un sac que vous pourrez glisser dans vos affaires, les poubelles étant ici rarissimes (et pourtant c’est si propre !). Au niveau des spots les plus emblématiques le long de la Biwaichi, vous pourrez facilement déposer vos vélos dans des zones de parkings réservées. Et le vol ? C’est extrêmement rare au Japon. Les agences de location vous donneront de toute façon de quoi attacher vos vélos.
9 Profiter du lac sur un voilier
Pour toute expérience sur le lac, direction la Marina Club Rivré (www.rivre.co.jp/wind/), à deux coups de pédale du pont Biwako Ohashi. Au menu, des tours sur le Biwa-ko à bord de petits bateaux à voile, et, à la barre, des skippers pour la plupart anglophones ! Comptez environ 75€ pour deux pour un tour d’une heure et demie.
10 Se ravitailler
Question ravitaillement, rendez-vous dans les konbini, ces supérettes nippones ouvertes 24h/24, lieux incontournables dans tout le pays. On y trouve des ponchos de pluie, des boissons énergisantes, du café, des rayons entiers de nourriture et des toilettes. Pensez aux onigiri, ces boules de riz enrobées de feuille d’algue. C’est bon, c’est abordable et ça se glisse facilement dans un petit sac à dos.
Pour préparer votre voyage dans la préfecture de Shiga, visitez www.biwako-visitors.jp
Photo d'en-tête : Préfecture de Shiga