Hier, dimanche 21 juillet, une jeune femme de 32 ans qui bivouaquait sur le plateau de Sornin, dans le Vercors a été attaquée par une dizaine de patous, chiens chargés de protéger les troupeaux en alpage. Secourue par la CRS Alpes qui lui avait conseillé de se réfugier dans un arbre jusqu’à leur arrivée, elle est saine et sauve, mais encore très choquée. Une attaque rare, mais qu’on peut facilement les appréhender, à condition de connaître certaines règles, expliquent les experts du parc national des Écrins.
Les patous sont toujours reconnus comme un « moyen essentiel pour protéger le troupeau en cas de prédation », explique le parc national des Écrins. « Avec le retour du loup dans les Alpes françaises, la réintroduction du lynx dans le Jura ou encore la présence de l’ours dans les Pyrénées, de plus en plus d’éleveurs s’équipent de chiens pour protéger leur troupeau ». Face à sa présence répandue dans les alpages, il est nécessaire d’adopter un comportement adapté.
Il est important de comprendre que « l’irruption de tout élément étranger au troupeau » constitue une alerte pour le patou. À l’approche de randonneurs, le chien va naturellement se mettre à aboyer et s’approcher des inconnus pour les identifier en tant qu’humain. L’objectif est de lui faire comprendre qu’il n’y a aucun signe d’agressivité. Voici quelques conseils du parc national des Écrins pour y parvenir :
À faire :
- À la vue du troupeau :
Essayez d’anticiper et de le contournez le plus largement possible. Ralentissez votre allure et signalez-vous au chien (sifflez, parlez fort, chantez…). Cela permettra de ne pas le surprendre. Si vous êtes en vélo, ralentissez et descendez de votre vélo, le mouvement rapide peut entraîner un comportement de poursuite.
- À l’approche du chien :
Immobilisez-vous face à lui, les bras et bâtons de randonnée le long du corps, ne le regardez pas directement dans les yeux. Laissez-lui le temps de vous identifier et de se rassurer : parlez-lui, adoptez des signes d’apaisement (bailler, détourner le regard…). Vous pouvez éventuellement retirer les éléments qui pourraient l’empêcher de vous reconnaître : cape de pluie, casquette… Si vous avez peur, n’hésitez pas à mettre un objet ou vêtement entre le chien et vous pour créer une distance, mais pas avec des bâtons.
- Dès qu’il s’est calmé :
Poursuivez votre chemin doucement tout en restant face à lui. Si le chien de protection ne se calme pas ou que vous estimez être en danger, n’insistez pas. Reculez lentement, toujours face au chien, et après quelques mètres faites demi-tour.
À ne pas faire :
- Ne pas être familier avec un chien de protection :
Des caresses ou de la nourriture le perturbent dans son travail. Certaines attitudes qui vous semblent anodines comme crier, caresser un agneau, prendre une photo avec une brebis peuvent être interprétées comme une agression par le chien de protection.
- Ne pas être menaçant :
Ne jamais menacer un chien de protection, surtout avec vos bâtons, des cailloux ou le fixer dans les yeux, cela va accentuer son stress à votre égard.
Attention de ne pas surprendre le chien dans son sommeil : il pourrait réagir vivement à votre présence
Que faire en cas d’agression par un chien de protection ?
Rassurez-vous, ces cas sont très rares. Ils ne sont pas plus dangereux que des chiens de compagnie, voire moins.
Toutefois, si vous estimez que vous vous êtes senti agressé par l’un de ces chiens, même en l’absence de morsure, des fiches retours sont à votre disposition dans les offices de tourisme et les Maisons du parc afin d’expliquer le contexte de l’incident. Elles seront transmises à la DDT (direction départementale des territoires) pour une meilleure connaissance des événements qui se produisent dans le département et un accompagnement plus ciblé des éleveurs propriétaires.
En cas de morsure, vous pouvez faire une déclaration en gendarmerie. Un test de comportement ou une évaluation comportementale du chien pourra être réalisé pour comprendre les réactions du chien et s’assurer qu’elles ne sont pas dysfonctionnelles dans son contexte de travail.
Photo d'en-tête : Eddy Billard