Mondialement connu pour sa poudreuse, sèche et légère, l’archipel volcanique est aussi une destination rêvée pour les passionnés de trekking ou de VTT. A une heure de Kyoto, direction les sentiers secrets de Nara, l’ancienne capitale impériale, dans le Kansai, où se cachent une nature et des paysages saisissants.
Jamais le Japon n’aura été aussi tentant. Un périple à planifier dès maintenant pour le printemps ou l’automne prochains, deux saisons sublimes dans l’archipel.
3 Bonnes raisons de poser son sac à dos à Nara
– Découvrir une nature sacrée. Il faut partir sur les sentiers japonais à la découverte d’une faune et une flore fabuleuses pour se laisser surprendre, au fil du chemin, par les petites statuettes de Jizo, la divinité gardienne des enfants et des voyageurs. Disséminées dans les montagnes, elles rappellent au marcheur combien la nature est sacrée ici. Partir en rando à Nara, terre où les traditions restent très vivantes, c’est s’immerger dans la culture japonaise, par petites touches.
–Randonner en mode crescendo. En partant de Nara, l’ancienne capitale entre 710 et 784, on peut profiter des attraits naturels de la préfecture, de plus en plus beaux, de plus en plus dépaysants, de plus en plus hauts, de plus en plus isolés. De la célèbre route de pèlerinage du Kumano Kodo, classée au patrimoine mondial, à certaines des montagnes les plus belles du Japon, en passant par de nombreux autres itinéraires séculaires accessibles à tous, marcheurs occasionnels ou plus aguerris.
–Associer outdoor, city life et culture. Peu de régions japonaises, également très natures, peuvent se targuer d’être aussi accessibles que Nara, située à 50 minutes à peine en train de l’aéroport international d’Osaka. Atterrir par vol direct depuis Paris dans la troisième ville du pays, c’est se plonger dans une ambiance très cool, aux antipodes du Japon formel et policé toujours vivant à Kyoto, l’ancienne capitale du Japon, toute proche. Une étape incontournable avant de filer dans le Kansai.
Qu’y voir, qu’y faire ?
Randonner
Direction d’abord la ville de Nara, là s’étend Kasugayama, une forêt primaire de 33 hectares, restée pratiquement intacte. Considérée comme sacrée par les religions bouddhiste et shintoïste depuis le début du 8ème siècle, elle a été interdite au public jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En découlent une faune et une flore préservées. Le parcours de 11 km environ, qui traverse Kasugayama jusqu’au sommet du mont Wakakusa, à 342 mètres d’altitude, est une belle mise en jambe. Plus de 800 espèces végétales jalonnent les chemins, dont les grandioses cèdres du Japon, plantés en abondance au 16ème siècle par le seigneur de guerre Hideyoshi Toyotomi, et les innombrables érables au feuillage fauve qui illuminent l’automne. Quant à la faune, outre les daims qui s’y promènent avec nonchalance, le randonneur peut aussi avoir la chance de croiser des écureuils volants à joues blanches, de nombreuses espèces de passereaux, des tanuki, sorte de blaireaux, ou encore des « lycènes de Loomis », un papillon classé. Pour les apercevoir, ne pas hésiter à emprunter les plus petits sentiers qui partent du chemin principal et qui mènent souvent à des cascades isolées.
Prenons un peu de hauteur à présent avec le mont Takatori, qui offre un cadre de randonnée très rafraîchissant, avec, comme récompense, les ruines d’un château du 14ème siècle, considéré comme l’un des trois plus hauts du Japon. Le départ se fait de la gare de Tsubosakayama, accessible en 1h15 environ depuis Nara en train. La randonnée complète, sous forme de boucle, s’étend sur 11km, qu’il est possible de réaliser en 4h environ, en prenant son temps. Arrêtez-vous en cours d’ascension au temple Tsubosaka, très populaire lors de la floraison des cerisiers. Une rando très accessible, au dénivelé très modéré, le point culminant de la randonnée se situant à 584 mètres.
Prenons maintenant vraiment de la hauteur ; plusieurs destinations excitantes s’offrent aux passionnés de trekking. Nara se partage, avec les préfectures voisines de Wakayama et Mie, les sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les monts Kii, inscrits depuis 2004 sur la liste de l’UNESCO. Pour Nara, on parle ici des sites sacrés de Yoshino et Omine, nichés au cœur de denses forêts. Les pèlerins et les randonneurs qui s’y rendent font l’expérience d’un cadre unique et sacré, reflétant l’histoire des deux plus grandes religions du pays, entre tradition, culture vivante, nature et sanctification. Ces sentiers font d’ailleurs partie du berceau du shugendo, une religion propre au Japon, entre le culte de la montagne et les apports reçus, notamment, du bouddhisme et du taoïsme.
Le chemin Omine Okugake est le lieu suprême de cette pratique ascétique, un véritable lieu d’unité entre l’homme et la nature. Ce sentier du patrimoine mondial, qui mène des montagnes de Yoshino et d’Omine vers le Kumano Sanzan, à Wakayama, a de quoi combler les randonneurs les plus exigeants.
Précisions en effet que ces sentiers demandent de l’expérience et ne doivent pas être empruntés à la légère. Ce trekking sur les traces de l’entraînement du shugendo s’étire sur 170 kilomètres à travers de hautes montagnes, encore appelées les Alpes Yamato. Le dénivelé de cette chaîne varie entre 1200 et 2000 mètres environ, le mont Hakkyo-ga-take pointant à 1915 mètres, ce qui attire de nombreux amateurs d’alpinisme. Ce trail s’entreprend généralement en cinq jours. Omine et les montagnes environnantes se trouvent dans le parc national de Yoshino-Kumano, désigné officiellement comme parc national en 1936. Attention, certaines parties sont interdites aux femmes pour raison religieuse. Les chemins sont bien balisés et l’entraide est toujours de mise. On retrouve le long du trail des panneaux de bois, estampillés Kumano Kodo, qui indiquent les différentes directions à prendre. Ils donnent, en japonais et en anglais, le nom des étapes ainsi que les kilomètres restants.
Parmi les belles destinations qui jalonnent cette région, notons le village isolé de Totsukawa et son panorama saisissant sur les montagnes environnantes. Dorogawa Onsen, village-étape avec ses sources d’eau chaude au pied du mont Omine, est également un havre réconfortant après une longue marche. Là, difficile de faire l’impasse sur les gorges de Dorokyo. Surplombant les eaux aigue-marine de la rivière Kitayama, elles s’étendent sur 31 kilomètres de ravins escarpés. Des paysages naturels magnifiques qui englobent un affluent de la rivière Kumano. Au fil des siècles, une puissante érosion a sculpté ce couloir naturel pour en faire le site que l’on connaît aujourd’hui. Pour le parcourir, on évitera les petits bateaux, très touristiques, pour une descente à bord d’un radeau traditionnel en rondins, nettement plus tonique !
De retour à terre, on pourra grimper sur les chemins escarpés de la vallée Mitarai. Elle est accessible par des sentiers balisés depuis Dorogawa Onsen en cinq kilomètres environ pour un dénivelé de moins de 200 mètres. Dans les villes étapes, on retrouve régulièrement de grands panneaux explicatifs dévoilant la topographie de la zone, ainsi que les différents chemins et sentiers. La plupart sont traduits en anglais, mais, Japon oblige, quelques surprises peuvent arriver.
Pour se faire guider, il est possible de contacter l’équipe de Kumano Experience.
Les sections autour du village Yoshino, situé à environ 500 mètres d’altitude, sont, par contre, beaucoup plus abordables, et la vue y est sensationnelle. A la droite du du sanctuaire Kinpusen-ji se trouve le point de départ d’un sentier de randonnée agréable qui débute par une route forestière, pour finir en sentier de montagne. Le but est d’atteindre le point culminant, Aonegamine, à 858 mètres. Si le balisage devient un peu obscur pour les non Japonais, suivez les idéogrammes 山上 ケ 岳, inscrits sur de petits panneaux de bois. Comptez 1h30 environ pour un peu plus de cinq kilomètres. La montagne Yoshino et ses flancs se parent également d’orange, de rouge et de jaune en automne, mais également de rose au printemps, près de 30 000 cerisiers ayant pris racine autour de Yoshino. Le village, qui se situe à moins de 2h de train de Nara, est la destination idéale pour débuter la découverte de ces sentiers. Au sommet, on peut facilement poser son sac à dos au village dans l’une des nombreuses auberges traditionnelles, les ryokans, une bonne façon de prendre ses marques. Ne pas hésiter non plus à se rendre au centre d’informations pour se procurer de la documentation utile aux sorties outdoor.
Explorer des rizières à vélo
La préfecture de Nara regorge de rizières en plateau qui peuvent être appréciées différemment selon les saisons ou les heures de la journée. Là, c’est vers le superbe village d’Asuka qu’on se dirigera. Considéré comme le berceau historique du Japon – le pouvoir impérial s’y était établi au moment de la fondation du pays, il y a 1400 ans – il est situé à une heure et demie en train seulement de la ville de Nara et s’impose aujourd’hui comme le terrain de jeu idéal pour le vélo, VTC ou VTT. On les loue à la gare d’Asuka pour 1000 ¥ (8€) la journée, le week-end (moins cher en semaine), grâce à Asuka Rental Cycling. Le parcours se déroule parmi de magnifiques paysages, fruits de siècles de collaboration entre l’homme et la nature. Il faut savoir qu’ici les locaux sont très attachés à conserver intacte la beauté de leur région. Aucun grand immeuble n’a été construit dans les environs pour préserver les sites d’origine.
L’outdoor made in Japan mode d’emploi
Quand aller à Nara ?
Question saison, le Japon en comporte quatre, bien différentes. Pour les activités outdoor, mieux vaut éviter l’été, saison très humide et chaude dans l’archipel. On y a vite le souffle coupé. Pour parcourir Nara, l’automne et le printemps sont plus que conseillés. La température est agréable, la météo peu pluvieuse, la luminosité éclatante et la nature se pare de magnifiques couleurs, avec la floraison début avril des sakuras, les cerisiers, et les momiji et kouyou (couleurs de l’automne pour les Japonais), en novembre. Revers de la médaille, ces périodes attirent également du monde.
Comment s’y rendre ?
Pour se rendre à Nara depuis Osaka, rien de plus simple. La ligne Yamatoji rapid vous y emmène en 50 minutes, pour 810 ¥ (6,5€). Les compagnies ferroviaires JR et Kintetsu se partagent la plupart des voies de la préfecture. Il faut savoir qu’au Japon plusieurs compagnies de train proposent leur service, contrairement à la France. Cela peut perturber la première fois. Pour se rendre de Nara à Yoshino, par exemple, la première partie du trajet se fait avec JR, la seconde avec Kintetsu, soit deux tickets. Le trajet dure environ 1h45, transfert compris, pour 1160 ¥ (9€), en tarif bas.
Le réseau ferré au Japon est un véritable casse-tête, il est conseillé de télécharger l’application Japan Travel by Navitime pour ne plus jamais hésiter. Il existe des pass trains JR et Kintetsu qui offrent la possibilité de voyager de façon illimitée. Nous ne recommandons pas forcément de prendre le pass JR, qui débute à 235€ pour 7 jours, peu rentable lors d’un séjour outdoor à Nara. Les pass Kintetsu sont plus intéressants, car ils commencent à 1500 ¥ (12€) pour une journée. On peut les acheter en ligne sur le site de la compagnie. Quant au trajet en bus, ils se feront via Nara Kotsu bus Lines. Les prix varient selon la distance et les horaires sont toujours fixes, bien respectés, mais attention, les liaisons peuvent être rares dans certaines régions.
Peut-on camper ?
Le camping sauvage étant interdit au Japon, il est préférable d’étudier sa route avant de vous lancer. Les refuges se font rares dans ces régions-là. Plusieurs lieux de villégiature ponctuent les chemins, le randonneur doit donc se renseigner en amont pour connaître si les distances à parcourir peuvent être réalisées en une journée.
Où se loger pas cher ?
Peu connus des voyageurs étrangers, les minshukus, pour lesquels nous avons un petit faible. Ces chambres d’hôtes japonaises proposent aux visiteurs un cadre familial, intime et chaleureux, dans une atmosphère japonisante, à moindre coût. Pour se loger à Asuka, par exemple, choisissez la plus centrale, la minshuku Kitamura, un petit havre de paix. A réserver via le syndicat d’initiative d’Asuka-kyo, à partir de 5 000 ¥ (40€) la nuit par personne.
Où s’offrir un nuit plus luxe ?
Bien plus connus que les minshukus, les ryokans. Plus chers, mais incontournables pour une découverte complète du Japon. Si vous souhaitez tenter l’expérience, rendez-vous à Yoshino et à Dorogawa Onsen. Notre coup de cœur revient à Kamiyusou, dans la région de Totsukawa. Le lieu est familial, le kaiseki ryōri, la forme traditionnelle du repas japonais en plusieurs petits plats, exquis, et les bains publics extérieurs, en contre bas face à la rivière et la forêt, inoubliables.
Où se ravitailler en rando ?
On le sait, la cuisine japonaise est l’une des plus alléchantes, raffinées et gourmandes du monde. Mais pour en sortie outdoor, pas question de parler de sashimi, de yakiniku ou de nabe. Pour bien se préparer à une journée sportive, et pour éviter toute déconvenue (il est difficile de trouver des points de ravitaillement en cours de randonnée, spécialement sur les chemins du Kumano Kodo), il est conseillé de toujours prévoir de quoi boire et manger, dès lors, rien de tel qu’un onigiri, cette boule de riz entourée d’une algue nori, si populaire au Japon. On la trouve dans les superettes japonaises, les konbini, pour moins de 200 ¥ (1,5€). C’est gourmand, ça tient au corps. Les rayons présentent également de nombreuses barres de céréales et autres collations très pratiques.
Comment se repérer ?
Les chemins de randonnées sont, pour la plupart, très bien balisés, via un système de panneaux en bois indiquant les directions ou un système de bornes. La région a fait un véritable effort avec l’anglais, mais il arrive encore, dans certains coins isolés, que la langue de Shakespeare soit oubliée. Le pèlerinage du Kumano Kodo étant de plus en plus populaire, la déconvenue au niveau du balisage est rare. Les sentiers et chemins sont également bien tracés. De grands panneaux se trouvent très souvent au point de départ d’une randonnée, fournissant des informations utiles et un plan visuel pour se repérer. Dans la ville de Nara, rendez-vous au Nara Visitor Center & Inn pour récolter toutes les données utiles à vos activités outdoor. Outre un wifi gratuit et un service en anglais, on peut réserver son hébergement, des tours guidés, son transport et ses pass train. Plusieurs sites sont à consulter également pour parfaire son itinéraire : le site de la préfecture de Nara, le site de l’office japonais de tourisme et un site complet spécialisé sur le Kumano Kodo. Procurez-vous également le livre « Japan’s Kumano Kodo Pilgrimage : The UNESCO World Heritage trek« , LA bible sur le trekking dans la région. Pour information, c’est le village de Totsukawa qui a l’honneur d’être en couverture.
Comment éviter les impairs et respecter les codes japonais ?
Au Japon, les sentiers de randonnées et de trek sont propres et cela fait un bien fou. La nature est très souvent épargnée par les traces des randonneurs peu scrupuleux. Et pourtant les lieux où disposer les déchets sont rares, mais les randonneurs nippons n’hésiteront jamais à les emporter jusqu’au terme de leur sortie. C’est culturel et ce n’est pas un cliché. Les Japonais sont, en règle générale, très équipés, autant au niveau des tenues que du matériel divers. Les randonneurs se disent également bonjour en se croisant, n’hésitez donc pas à répondre par un « konnichiwa ». Pour les onsens également, les règles sont pointilleuses. Outre le fait de se baigner nu, hommes et femmes séparés, vous devez impérativement vous laver avant d’entrer dans les bains. Prenez la petite serviette mise à votre disposition, si vous êtes pudique.
Pour planifier son voyage à Nara : www.visitnara.jp
Photo d'en-tête : Préfecture de Nara