C’est la grande voie la plus dure jamais réalisée par une cordée féminine : « Rayu » (610 m, 8c). Situé dans le Parc National des Pics d’Europe, en Espagne, ce chef d’oeuvre des frères Pou mêlant avec subtilité difficulté et engagement, a été enchaîné par Sasha DiGiulian, Matilda Söderlund et Brette Harrington fin septembre 2021. Un film de 31 minutes réalisé par Nick Rosen retrace leur aventure. Il est désormais disponible en libre accès.
Aux côtés de la Suédoise Matilda Söderlund (30 ans) et de l’Américaine Brette Harrington (30 ans), Sasha DiGiulian (28 ans) a réalisé l’exploit d’enchaîner « la grande voie la plus difficile jamais réalisée par une cordée féminine ». « Matilda et moi avons libéré le 8c en tête, et nous avons alterné les longueurs en tête sur pratiquement tout le terrain trad » précise l’athlète sur Instagram. Une ascension historique qui s’ajoute au palmarès déjà bien rempli des trois compères, adeptes des voies les plus dures du monde – de la première féminine de la face nord de l’Eiger, au premier 9a réalisé par une Américaine (une voie aujourd’hui décôtée à 8c+) pour Sasha en passant par le solo intégral des 750 mètres de « Chiaro di Luna », en Patagonie, pour Brette.
« Je me suis souvent inspirée des frères Pou, notamment de leurs premières ascensions visionnaires » nous avait alors raconté la grimpeuse américaine Sasha DiGiulian, sur le point de rentrer aux Etats-Unis juste après son ascension, en septembre 2021. « Lorsqu’ils ont communiqué autour de cette voie, en septembre 2020, j’ai senti que c’était une ascension inspirante, qu’elle faisait rêver. Avec des cotations allant jusqu’au 8c, je savais qu’il s’agirait d’un défi physique à relever – mais aussi d’un défi mental, au vu du terrain, des longues envolées, et de l’escalade calcaire soutenue ».
La voie en question « se décompose en deux sections distinctes », nous avait expliqué Sasha. « La première moitié – 8 longueurs – comporte un peu moins de rocher ‘solide’ que la partie supérieure. Le terrain y est très alpin, avec des rochers instables si bien qu’il est très difficile de savoir où placer les protections. Comme nous n’étions que la deuxième cordée à réaliser cette ascension, il n’y avait pas vraiment de ‘voie’ à suivre. Ensuite, la deuxième partie, bien que toujours très engagée, est plus raide. Toutes les longueurs y sont très techniques – principalement du 7b au 8c. Personnellement, j’ai préféré la deuxième moitié de l’ascension à la première, bien qu’elle soit très épuisante, car le rocher semblait de meilleure qualité. Et puis, là-haut, la vue était absolument incroyable ! », s’enthousiasme-t-elle.
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