Sélectionné au Festival de films d’aventure de Banff : la nouvelle vient de tomber. Le réalisateur Jérome Binette et le traileur français du team Salomon, protagoniste principal de « Confiné », documentaire de 75 minutes, n’en demandaient pas tant. Lorsqu’à l’été 2020, Mathieu Blanchard entreprend de traverser en 7 jours l’intégralité du sentier international des Appalaches, le GR-A1, un parcours sauvage de 650 km et de 30 000m D+ au coeur de la Gaspésie, au Canada, il voulait tout simplement relever un nouveau défi, faute de compétitions. Il en reviendra avec un chrono impressionnant et un documentaire dont il livre aujourd’hui un traileur. Déjà diffusé au Canada, le film devrait bientôt être visible en France. Outside a pu le visionner en avant-première.
« Je m’en fous, le gars il fait que courir ! C’est ça que je voulais éviter, « explique Jérome Binette, réalisateur et producteur de « Confiné », le documentaire qu’il vient de consacrer à l’un des derniers défis de Mathieu Blanchard : la traversée en 7 jours du GR-A1. Niché au cœur de la Gaspésie, ce sentier international des Appalaches de 659 km, traverse une zone sauvage et reculée du Canada. Pas une partie de plaisir, donc, d’autant qu’outre la présence d’ours et de grands cervidés pas toujours accueillants, le traileur français devait s’attendre à affronter quelques 30 000 de dénivelé.
Un challenge, mais rien d’impossible à priori pour l’athlète d’origine marseillaise, maintenant installé à Montréal. Membre du team Salomon, Mathieu Blanchard – 3e à l’UTMB 2021 – n’en était pas alors à sa première victoire : UTHC Ultra-Trail Harricana au Canada en 2017 ; Transalpine GoreTex Run en 2017 ; Transmartinique en 2017 ; Endure Challenge 2017 et 2018 à New-York ou encore QMT Québec Méga Trail en 2018, autant de courses remportées par cet ingénieur qui ne s’est mis à courir qu’en 2016.
L’histoire montrera qu’il était à la hauteur de l’entreprise et tient en trois chiffres : 7 jours, 12 heures et 2 minutes ; le temps de référence sur le GR-A1 étant jusque-là de 19 jours et 5 heures. Objectif atteint donc pour le coureur qu’au fil des 75 minutes du documentaire, on voit douter et lutter : « Je ne peux pas cacher que je suis terriblement épuisé, que mon corps fait mal, que ce défi me dépasse et qu’il faut puiser dans des ressources insoupçonnées », confiait-il dans un post Instagram, à 140km de l’arrivée.
Mais au-delà de la performance, c’est sans doute l’aventure humaine qui séduira le spectateur de ce long métrage. Car si effectivement « voir un gars courir » pendant 75 minutes n’affolerait guère plus qu’une poignée de traileurs purs et durs, si ce documentaire remporte aujourd’hui un succès certain au Canada, où il est déjà présent dans quelques salles, et surtout s’il a séduit le jury du festival international de Banff, considéré comme exigeant, c’est moins pour le chrono de l’athlète que pour son approche de la course. Car on découvre ici que cette aventure hors norme est l’histoire d’un « crew », d’un groupe de « même pas tous amis au départ », qui se sont soudés au cours de l’aventure et ont donné le meilleur d’eux-mêmes, impressionnés par le courage de Mathieu Blanchard. Autour du traileur, pas de staff aux couleurs de Salomon, mais des potes fascinés par le défi et par la personnalité du traileur. Au point parfois de virer aux fans absolus. De quoi faire sourire ou agacer peut-être, mais tous n’en restent pas moins attachants, tant leur sincérité est évidente. C’est ce côté humain que l’on retiendra et qui s’est imposé comme le fil rouge d’un projet qui avait tout pour ne jamais se concrétiser.
Pour Mathieu Blanchard et Jérome Binette, tout commence en effet pendant le confinement, au printemps 2020. Le monde est à l’arrêt, Montréal aussi. La ville est vide. Et le traileur comme le réalisateur sont tous deux en mal d’objectifs. Jérome ne connait Mathieu que par les réseaux sociaux par lesquels il le contacte. Au Canada, l’athlète est déjà une personnalité, même s’il n’a pas encore fait Koh Lanta. Contre toute attente, Mathieu lui répond. Leurs premières images ensemble ? Mathieu courant dans les rues entièrement désertes de Montréal. L’idée du GR-A1 n’est pas encore dans les tuyaux, mais il s’inscrira vite dans un projet bien plus vaste : suivre en direct la traversée de la Gaspésie. « Une région très sauvage qui fascine les Français », explique le Jérome Binette qui croit immédiatement à l’aventure et financera entièrement la production du documentaire, son premier, qu’il tournera et montera seul. Bon coureur – il fait ses 88-100 km hebdomadaire- le réalisateur parviendra à suivre Mathieu aux étapes clefs du parcours et n’hésitera pas à revenir sur les lieux du tournage, parcourant des dizaines de kilomètres à pied pour glaner des plans supplémentaires afin de montrer toute la beauté de la Gaspésie.
Mais la plus grande difficulté n’était pas là, insiste-t-il : Mon plus grand défi pour ce film a été de le rendre accessible au grand public. Je ne voulais pas d’un film qui plaise uniquement aux coureurs… Je voulais quelque chose qui allait plaire à tous et raconter une histoire dans laquelle monsieur madame tout le monde allait s’y retrouver. Les ultra-marathonien sont souvent qualifiés de superman, d’extraterrestre et de machine… Je ne voulais pas tomber dans ces clichés et je voulais présenter Mathieu comme un être normal qui a une éthique de travail exemplaire… et qui passe par la même gamme d’émotions que quiconque se lance un défi qui lui tient à coeur. Qu’une personne fasse 5km ou un 650km, elle va sensiblement passer par les mêmes états / émotions… Et suite au première projections de » Confiné », le film attire autant de coureurs que de non coureurs… pour le moment c’est mission accomplie », conclue-t-il.
Le film intégral est désormais disponible en France en VOD, ici
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