La marque californienne a mis en ligne et en libre accès son nouveau documentaire consacré au grimpeur Alex Megos. En immersion à ses côtés, Patagonia en profite pour retracer l’histoire de l’escalade libre et du redpoint, de ses origines bavaroises et sa star disparue Wolfgang Güllich, jusqu’aux prouesses actuelles de l’extraterrestre allemand de 26 ans.
Petite mise à jour pour les néophytes
En escalade sportive, le redpoint (point rouge) consiste à réaliser une voie en libre en utilisant les ancrages uniquement pour s’assurer. Le terme est issu de l’allemand « rotpunkt », inventé par le grimpeur et alpiniste Kurt Albert au milieu des années 70 dans le FrankenJura, une chaîne de montagnes de Bavière. À chaque voie réalisée sans s’aider des ancrage, il apposait un cercle qu’il remplissait de rouge. Peu à peu, redpoint est devenu synonyme d’ascension libre. Redpoint signifie que l’on a déjà pratiqué le parcours au préalable, à la différence du « onsight » (réussi lors de la première tentative sans information) ou « flash » (première tentative mais en ayant regardé quelqu’un la réaliser ou en ayant eu des informations avant ou pendant l’ascension).
Quant à Alex Megos, c’est un grimpeur allemand né en 1993. Il est connu pour avoir réalisé le premier 9a à vue, à 19 ans, avec Estado Critico, à Siurana, en Espagne. Il a également réalisé en une journée, en seulement trois essais, la voie Biographie 9a+ à Céüse, en France. En tout, il a réalisé plus de 70 voies dans le 9e degré, dont un 9b+ (Perfecto Mundo) et deux 9b (Fight Club et First Round, First Minute). Il fait également partie des meilleurs bloqueurs, en ayant à son palmarès Lucid Dreaming côté 8C (Bishop, Californie).
Pour ceux qui ne sont pas familiers des termes techniques, faisons simple : Alex Megos survole sa discipline. Quand il a commencé, encore enfant, la compétition au niveau européen, il a très vite montré l’étendue de ses talents. Il a remporté deux années consécutives l’European Youth Championship, et ceci malgré la présence du Tchèque Adam Ondra. Entre 2009 et 2010, il a gagné 9 coupes européennes sur 10, ce qui n’avait jamais été fait et ne l’a plus été.
« Rotpunkt », retour à la source
L’Allemand et Patagonia ont construit « Rotpunkt » autour de l’idée de rendre hommage à l’héritage laissé par l’idole d’Alex Mégos, Wolfgang Güllich. Le documentaire suit donc le jeune homme tout en retraçant l’histoire de la discipline, et notamment de son héros tragiquement disparu. Alex Lowther, qui a réalisé le film, explique : « L’idée est de montrer ce que Güllich a fait pour l’escalade libre dans la Frankenjura. Alex, qui l’idolâtre, est issue de la même région et vu comme son héritier. Dans une certaine mesure, il s’est construit à l’image de cette figure tutélaire. »
Considéré comme l’un des meilleurs grimpeurs de tous les temps, Wolfgang Güllich a repoussé les limites de la difficulté entre 1975 et 1990, en établissant de nouvelles cotations dans la discipline: 8b (1984), 8b+ (1985), 8c (1987) et 9a (1991). Cette dernière a fait de lui le premier grimpeur à atteindre le neuvième degré. Il était aussi particulièrement apprécié pour son désir de relever le niveau, pour sa polyvalence lors de réalisations extrêmes en escalade libre et en alpinisme, ainsi que pour sa personnalité flamboyante. Wolfgang Güllich a érigé l’escalade libre en contre-culture, où le style et le mental ont pris toute leur place. L’idée n’était plus d’arriver en haut, mais de quelle façon y arriver. Sa notoriété était telle qu’il avait été convié sur le tournage de « Cliffhanger : Traque au sommet » pour doubler les scènes de grimpe de Sylvester Stallone. Mais en 1992, à seulement 30 ans, l’Allemand s’endort au volant et sa BMW s’écrase contre du béton. Il décède deux jours plus tard à l’hôpital.
« Rotpunkt », par Patagonia.
Photo d'en-tête : Ken Etzel / Patagonia- Thèmes :
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