Dès demain, mercredi 3 juin, toutes les salles d’escalade vont rouvrir leurs portes en France, après deux mois et demie de fermeture suite à la pandémie. Concrètement, comment allons-nous pouvoir grimper ? Explications de François Petit, ex international d’escalade, créateur de « Climb up », principal espace dédié à la grimpe avec plus de 25 sites dans l’Hexagone.
Prudent, dans l’attente des décrets d’application, il visait le 5 juin. Au final, c’est demain, le 3 juin, que François Petit va rouvrir « Climb up », numéro 1 français de l’escalade indoor. Avec lui, toutes les salles rouvrent en France, rejoignant ainsi les quelques sites isolés qui avaient pris les devants ces derniers jours suite aux annonces du Premier ministre la semaine dernière.
Après l’ltalie et la Suisse, la France rouvre les salles d’escalade le 2 juin dans les zones vertes, quelles sont vos attentes ?
« Après un mois de préparation, nous sommes prêts. Ce que nous voulons surtout, c’est rassurer les grimpeurs qui vont venir chez nous. Car on voit qu’en Suisse, où les salles sont rouvertes depuis trois semaines, la fréquentation est en baisse de 80%. Chez les Italiens, qui ont rouvert, eux, la semaine dernière, la chute est de 75%. Il y a donc une inquiétude qui est réelle chez les grimpeurs à l’heure de pratiquer indoor. Dans un premier temps, nous tablons donc sur une reprise à hauteur de 35% à 40%, suivant les conditions météo, plus ou moins favorables à la pratique en falaises.
Comment allez-vous appliquer les directives officielles ?
Nous voulons avant tout être très exigeants. Plus encore que les recommandations du ministère des Sports. Si nous appliquions la règle de 1 personne pour 4m2 utiles, nous pourrions accueillir entre 250 à 500 personnes dans nos salles, mais nous voulons être plus restrictifs encore et pratiquement diviser cette norme par deux. On est donc plutôt à 1 personne tous les 8m2, afin que les grimpeurs ne soient pas les uns sur les autres. Par ailleurs, la magnésie en poudre sera interdite, remplacée par la magnésie liquide.
Faudra-t-il réserver sa place pour grimper ?
Non, mais la durée des séances sera limitée à 90 minutes par personne afin que tout le monde puisse pratiquer en toute sécurité et sans attendre. Et, contrairement à ce qui avait été envisagé un temps, la réservation ne sera pas obligatoire chez nous. Nous avons préféré offrir plus de souplesse et mettre au point un système de visualisation en temps réel de l’occupation des salles, accessible en ligne. Quant aux horaires, ils restent inchangés. Idem pour nos tarifs. Les abonnements, suspendus bien sûr depuis le 15 mars, vont pouvoir être réactivés.
Vous travaillez depuis quelque temps à la création d’un syndicat des exploitants de salles d’escalade, pourquoi maintenant ?
Il a fallu assumer cette crise. Ça nous obligé à contracter des emprunts pour faire face au niveau trésorerie. Il faudra les rembourser, ainsi que les loyers décalés. Nous avons donc des charges qui vont s’accumuler sur les mois ou années à venir. Je pense qu’il y a entre 25 et 30 % des sociétés qui vont déposer le bilan dans le secteur des loisirs et de la restauration.
Pour l’instant, en ce qui nous concerne, ce n’est pas un frein au développement mais cela pourrait nous amener à augmenter le capital.
Avec le confinement et l’impact économique et social de la pandémie, nous avons effectivement réfléchi à la création d’une union d’un syndicat afin de nous regrouper et d’être plus forts ensemble. Notre première réunion se tiendra le 9 juin à Lyon. 100% des salles Climb up y adhèrent ainsi qu’environ 80% des salles d’escalade en France. Tous les décrets d’application ne sont pas encore très clairs, nous échangeons beaucoup sur ce point pour voir comment les adapter à nos sites respectifs. Plus nous avons d’expériences, mieux c’est. On est toujours meilleurs ensemble. Nous sommes tous dans le même monde, que ce soit la Fédération de la montagne et de l’escalade ou encore les écoles. Avec la crise que nous traversons, nous devons promouvoir ensemble l’escalade, source de plaisir et de santé, efficace pour lutter contre l’obésité ou encore le diabète. C’est autant d’économies pour l’État et la sécurité sociale.
Nous essayons de surmonter cette crise ; il faut ressortir grandis de ce que je vois comme une étape dans la vie d’une entreprise, et dans la vie en général. Il faut que nous soyons plus solidaires, plus à l’écoute des gens et de la nature. Sans l’épidémie, ce syndicat n’aurait sans doute pas vu le jour, ça a été un catalyseur pour beaucoup de choses, en tous cas pour moi. Notamment sur notre rôle social. Nous devons devenir une entreprise avec une mission. Je m’inspire sur ce point de mon mentor et ami, Emmanuel Faber, PDG de Danone. J’aime bien être inspiré par des gens qui ont de l’avance par rapport à la vision du monde.
Photo d'en-tête : Roya Ann Miller- Thèmes :
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