Le 4 et 5 janvier prochain, dans la station d’Arêches-Beaufort, le snowboarder Victor Daviet organisera pour la troisième année les Safety Shred Days, l’un des plus grands rendez-vous dédiés à la sécurité en montagne en France. Deux jours de formation à la gestion du risque et aux secours en montagne, avec des experts, Tony Lamiche en tête, et de nombreux riders dont Marion Haerty, Victor De Le Rue et Mathieu Crépel. Il nous en dit un peu plus sur le projet et ses motivations.
Snowboarder pro, websérie, entrepreneur, on ne peut pas dire que tu t’ennuies. Pourquoi avoir décidé de te lancer dans cette aventure ?
L’idée de créer un événement autour de la sécurité en montagne est née il y a quelques années. J’ai d’abord fait du snow en compétition, mais ça fait dix ans que je suis dans la production vidéo. J’ai eu des mauvaises aventures lors de tournages qui m’ont fait prendre conscience de l’importance de connaître les bons gestes et surtout de savoir les reproduire quand on est confronté à une situation d’urgence. Et même si l’on a été familiarisé à tout ça, après la plage, l’été et les longs mois sans rider, il faut se remettre à niveau. On perd les réflexes, on oublie un peu les gestes de base.
Tu peux nous en dire plus sur ces mauvaises expériences ?
Ces dix dernières années, il y en a eu plusieurs… Mais disons qu’il y en a deux qui m’ont particulièrement marqué et qui ont été un déclic. La première c’est en 2014, la première fois que je suis pris dans une avalanche. C’était en Alaska, j’étais parti tourner pour Absinthe films. Ça s’est fait un peu au dernier moment, je n’ai pas eu trop le temps de me préparer. J’étais super excité, pour beaucoup de riders, l’Alaska c’est le spot ultime. Et là, première journée de ride, première ligne, je suis pris dans une grosse avalanche. Je déclenche l’air-bag et finalement je m’en sors, mais j’ai frôlé la correctionnelle. Ça a été clairement un tournant sur ma vision du risque. J’étais dans les conditions parfaites, c’était un shooting pro, il y avait un hélico, des personnes pour encadrer, j’étais loin d’être là en touriste, et pourtant je ne suis pas passé loin du drame.
La seconde c’est en 2016, cette fois j’étais dans la peau de celui qui cherchait quelqu’un enseveli. Encore une fois, on était dans un contexte très cadré, on avait évidemment tout le matos nécessaire, et on a réussi à sortir la personne en cinq minutes. Cinq minutes c’est rien ! Et pourtant il était inconscient et violet. Il était tout proche d’y passer.
En prenant un peu de recul après cette expérience j’ai fait le constat que la majorité des riders ont le matos, mais quand il s’agit de s’en servir, c’est autre chose. J’ai pris conscience qu’il y avait un gros manque en matière de formation et c’est comme ça que j’ai pris la décision de créer les Safety Shred Days. J’avais en tête de faire ça à l’entrée de l’hiver, et d’en faire le gros rendez-vous du début de saison.
Tu n’es pas secouriste toi-même, tu t’es donc entouré des personnes compétentes.
J’ai mon expérience de rider pro, mais je ne suis pas un professionnel du secours en montagne. Ainsi quand j’ai eu l’idée, je suis allé voir Johan Gaume, ancien snowboarder pro et chercheur en avalanche à l’École Polytechnique de Lausanne, et j’ai également tapé à la porte de l’Anena ((Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches). Ils ont été emballés par le projet et m’ont tout de suite accompagné dans cette aventure. Cette année, pour compléter l’équipe j’ai voulu intégrer un autre expert du domaine, le guide Tony Lamiche. Je dois dire que je suis assez fier, il y a ce qui se fait de mieux en matière de sécurité.
Tu organises cela dans le Beaufortain, à Arêches. Pourquoi ce lieu ?
J’ai un attachement particulier à cette station pour plusieurs raisons. La première, un peu anecdotique, c’est que pendant la 2ème Guerre mondiale, mon grand-père qui était résistant s’est fait arrêter à Arêches. Ils étaient 40, et il a été l’un des seuls à ne pas se faire fusiller. Forcément, ça aide à aimer le coin (rire).
Ensuite, c’est un endroit où j’ai passé beaucoup de temps en tant que rider. C’est un peu la Mecque pour le ski de rando, le freeride, il y a énormément de spots, j’adore toujours venir ici. C’est assez naturellement que j’ai parlé du projet à la station, qui a été tout de suite partante pour me suivre.
Comment sont organisés ces deux jours ?
Mon objectif, c’était de réussir à mêler théorie et pratique, et surtout, très important, que ce soit fait dans une ambiance “cool”, jeune, familiale. Je voulais que les gens passent un bon moment en plus de repartir avec de vraies connaissances.
Le premier jour, après un brunch, Johan (Gaume) et Victor (De Le Rue) vont faire une conférence sur la théorie et la gestion en cas d’avalanche en débriefant ce qui est arrivé à Victor. Prendre un cas concret pour parler de théorie, je pense que ça parlera mieux aux gens. Ensuite, on passe à la pratique l’après-midi avec trois groupes de niveau, avant de finir la journée par un petit apéritif. Le lendemain il y a d’autres ateliers et puis on va rider, c’est quand même la finalité de tout ça !
35€ la journée de formation, on est bien en dessous des standards en la matière. C’était une volonté de ta part ?
Depuis le départ c’était une priorité pour moi, que ce soit accessible au plus grand nombre. S’équiper est déjà cher, si derrière on achète du matos dont on ne sait pas se servir, quel intérêt ? J’ai essayé d’impliquer tous mes partenaires dans le projet pour financer le maximum de choses. En même temps ça reste une formation de qualité donc je ne voulais pas que ce soit gratuit. Ça a une vraie valeur.
Vous pouvez vous inscrire ici.