Annoncée en février dernier par Emmanuel Macron, la création de la zone de protection d’habitats naturels du Mont-Blanc, signée aujourd’hui, jeudi 1er octobre, à Annecy par la secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, entend mettre un peu d’ordre dans les pratiques sur les pentes du mont Blanc. Ce texte, dont c’est la 21e et dernière version, devrait permettre de limiter les abus constatés ces dernières années sur ce site sans réglementer l’alpinisme ni le ski ou le parapente avec leurs variantes.
A cheval sur les communes de Chamonix, Saint-Gervais et les Houches, c’est une zone de 3 175 hectares qui est désormais protégée par le nouveau dispositif de protection du Mont-Blanc « réglementant la fréquentation du site et des activités de ce patrimoine naturel exceptionnel », explique le communiqué du ministère de la Transition écologique diffusé ce soir. A savoir : l’usage des véhicules, l’atterrissage d’engins, le camping et le bivouac, les itinéraires pédestres et les sources potentielles de nuisances ou pollutions. « Il permet ainsi de privilégier les pratiques qui préservent le capital naturel au profit des générations futures », poursuit le document.
Concrètement, que dit l’arrêté?
Des dispositions validées à l’issue de mois de concertation, on retiendra notamment que le droit de bivouac en dehors de la voie normale du Mont-Blanc – cheval de bataille d’Éric Fournier, maire de Chamonix – a été conservé.
Pour entrer plus dans les détails, il faut se référer à l’APHN (arrêté de protection des habitats naturels ) du Mont-Blanc dont nous publions ci-dessous des extraits. Cette nouvelle réglementation, créée par le ministère de la Transition écologique, vise « à protéger spécifiquement des habitats naturels en tant que tels, indépendamment de la présence d’espèces protégées via des mesures réglementaires ».
Afin de prévenir la destruction et l’altération physique des habitats naturels, de conserver la qualité paysagère et la quiétude du site, il est interdit, à l’intérieur du périmètre :
- De pénétrer avec tout type de véhicules (à moteur ou non-motorisés)
- D’atterrir par tout moyen sauf pour le ravitaillement des refuges, la réalisation des travaux autorisés, ainsi que pour l’enchaînement alpinisme-parapente et le paralpinisme dans le strict respect de la réglementation aéronautique en vigueur
- De laisser pénétrer des animaux domestiques, à l’exception des animaux tenus en laisse sur les itinéraires de randonnées au sein des zones de transition
- De camper en dehors du camp de base de Tête Rousse, dans la limite de la validité de la dérogation accordée au titre du site classé et sur réservation nominative
- De bivouaquer, sauf en cas de force majeure, sur l’itinéraire et à proximité de la voie normale d’accès au Mont-Blanc par Saint-Gervais-les-Bains, en raison de la présence de plusieurs refuges sur cet itinéraire.
- De cheminer le long de la voie du tramway du Mont-Blanc
- Concernant l’accès par la voie normale du Mont-Blanc par l’aiguille du Goûter : d’entreprendre en période estivale de gardiennage des refuges, l’ascension sans réservation nominative en refuge, sauf aller-retour dans la journée prévu et rendu possible par le niveau technique et de forme physique des personnes considérées. De s’écarter volontairement des itinéraires habituels pour les ascensionnistes qui empruntent la voie normale de l’aiguille du Goûter ou l’arête Payot. De dormir et de séjourner à l’abri Vallot, sauf cas de force majeure. De dormir à la cabane forestière des Rognes.
Sur zone centrale (80% de la zone couverte par l’APHN), il est interdit :
- De pratiquer toute autre activité que l’alpinisme, l’enchaînement alpinisme-parapente, le paralpinisme, le ski/snowboard-alpinisme
- D’accéder au site en vue de l’ascension du Mont-Blanc sans être muni d’un équipement individuel et collectif approprié pour fréquenter les lieux dans des conditions de sécurité conformes aux us et coutumes définis par les professionnels de la montagne.
- De progresser en cordées de plus de trois personnes, sauf dans les situations imposées par la sécurité ou l’assistance à d’autres ascensionnistes.
- De transporter du matériel ou objets autres que ceux strictement nécessaires à la progression alpine, à la protection individuelle ou collective et à la subsistance.
A noter également que le décret prévoit :
- L’interdiction d’organiser des manifestations « qu’elle qu’en soit la nature ».
- L’obligation pour les alpinistes qui souhaitent se rendre au sommet du Mont-Blanc par la voie normale de réserver leur nuit dans les refuges.
- Enfin, en cas de non-respect de l’arrêté, les contraventions s’élèvent à un minimum de 750 euros (IVe classe).
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