Alpe du Grand Serre, 24 janvier 2017.

Ski : pourquoi la fermeture de l’Alpe du Grand Serre est repoussée d’un an

  • 23 octobre 2024
  • 3 minutes

Contre toute attente, les télésièges vont finalement tourner à l’Alpe du Grand Serre cet hiver. La station, située à La Morte, en Isère, va pouvoir ouvrir une année supplémentaire, selon un vote des élus locaux, mardi soir. Une décision qui repousse à septembre 2025 la possible fermeture de cette station familiale, pionnière du ski en Isère dès 1938.

Vendredi 4 octobre. L’annonce de la fermeture de la station de ski de L’Alpe du Grand Serre secoue le monde de la montagne. Le domaine, tout proche de Grenoble, situé sur la commune de La Morte, à plus de 1300 mètres d’altitude, était la première station de ski de cette importance à fermer ses portes dans les Alpes du Nord. « Cette décision est un crève-cœur, nous sommes un petit territoire, nous avons tous appris à skier là-haut » déplorait Coraline Saurat, présidente de la Communauté de communes de la Matheysine (Isère). « La réalité financière nous a rattrapés. Je me suis battue, j’ai tout fait pour aller au bout, mais nous sommes une petite intercommunalité de 43 communes. Nous sommes au pied du mur », avait-t-elle conclu. 

Dès le dimanche 6 octobre, habitants et commerçants se mobilisaient déjà pour trouver un plan B. Leur objectif : faire revenir la communauté de communes sur sa décision, en cherchant des engagements financiers afin d’ouvrir la station dès le 20 décembre. Une cagnotte solitaire pour sauver la station avait alors été lancée. 

« Il n’aurait pas été sérieux de nier ces efforts »

« On a reçu plein de messages de soutien, des témoignages, des propositions pour aider, des dons de toute la France », explique Domitille Hocq, membre de « La Morte vivante », l’association à l’origine de la cagnotte citoyenne qui a contribué à changer la donne en récoltant 200 000 euros. Ajoutez à cela une nouvelle étude des chiffres, un soutien financier annoncé de l’État, de la commune de La Morte et de plusieurs acteurs du ski. 

« Il n’aurait pas été sérieux de nier ces efforts », a noté hier, mardi 22 octobre, Coraline Saurat, présidente de la communauté de communes de la Matheysine, qui exploite la station. L’élue a souligné qu’il « ne fallait pas s’enfermer dans cette question des chiffres », quand bien même l’exploitation de la station affichait un déficit de 350 000 euros pour la saison précédente. À l’issue de ces discussions et d’un vote des élus locaux, la décision de poursuivre une saison d’hiver et d’été a donc été adoptée à une large majorité.

« On doit sortir de la dépendance à la neige »

« C’est un soulagement, on évite la catastrophe mais l’échéance est très courte », a réagi César Ghaouti, président de l’association « La Morte vivante », à l’issue du vote. « Il faut absolument un plan pour la moyenne montagne. On doit sortir de la dépendance à la neige », plaide-t-il. L’objectif des élus locaux va être de plancher à nouveau sur un modèle pour l’avenir de la station. À savoir qu’un projet, chiffré à 24 millions d’euros, était déjà en cours de définition pour tourner la station vers les quatre saisons. L’Alpe du Grand Serre avait d’ailleurs été nommée « Station Pilote des Alpes pour la transition » au printemps dernier par la ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure.

L’idée était alors de faire de ce domaine un lieu emblématique de la résilience face au changement climatique d’ici 2050, avec l’ambition de créer, d’ici deux ans, une remontée mécanique quatre saisons visant à relier ses deux extrémités, de 1300 à plus de 2000 mètres d’altitude. Un projet évalué à 24 millions d’euros. De lourds investissements donc qui devaient notamment permettre le développement du VTT en été. « Il faudra peut-être revoir ce projet à la baisse pour le rendre plus réalisable », reconnaît la députée Marie-Noëlle Battistel (PS), présente au conseil municipal hier.

Nombreuses sont les stations de ski à avoir annoncé ne pas rouvrir leurs portes cette saison (Notre-Dame-de-Pré, Le Grand Puy, Le Tanet…). Un déchirement pour les habitants fondamentalement attachés à ces lieux et très souvent laissés sur le carreau, sans véritable solution de repli. D’autres domaines skiables sont également sur la sellette, malheureusement. La faute à une mauvaise gestion bien souvent, plus qu’au changement climatique. Un point mis en évidence dans un rapport publié par la Cour des comptes en février 2023, que nous avons patiemment décortiqué. Il en émergeait une liste des stations considérées comme les plus vulnérables de l’Hexagone. 

Photo d'en-tête : Martin Wain
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