Votre chien aime aussi la poudreuse. Voici quelques astuces pour que l’aventure en duo reste un moment cool.
Vous voyez déjà la scène : la pente est vierge et vous y tracez une unique courbe tout en souplesse. La neige vole autour, si légère. Vous vous retournez et constatez que votre chien est juste derrière vous, esquissant son propre sillage, flottant presque au milieu de la poudreuse. La langue pendante, on dirait qu’il ne peut s’empêcher de sourire à pleines dents. Il vous comprend !
C’est presque trop Instagram-compatible pour être vrai. Emmener son chien pour une session de glisse comporte son lot de risques et de responsabilités. Blessure, exposition au froid ou problème de communication sont juste la partie émergée de l’iceberg de problèmes qui pourrait faire dérailler votre session ski.
Voici donc quelques conseils glanés auprès d’entraîneurs et de spécialistes de la montagne afin de profiter au maximum de l’hiver avec votre ami à quatre pattes.
S’assurer que vous êtes aptes au challenge
On ne commence pas une saison de ski sans se préparer un minimum – et il en va de même pour les compagnons poilus. Il faut s’y prendre très tôt, puisque tout commence par la génétique, si l’on en croit Trevor John, coordinateur du programme des chiens d’avalanche de Solitude Moutain, une station de ski située dans l’Utah, aux Etats-Unis. Si vous cherchez un chien avec lequel vous pourrez skier, autant choisir une race bâtie pour la montagne : pelage épais, athlétique et obéissant, du type labrador, berger australien ou encore golden retriever.
Commence ensuite le temps du dressage, même basique. Il débute par l’apprentissage de l’obéissance. C’est ici que vous bâtirez les fondations d’une confiance mutuelle irremplaçable, dans un contexte plus détendu que, disons, sur une piste noire des Alpes. Cet entraînement pourra de surcroît s’avérer utile lorsque vous croiserez d’autres skieurs, des animaux ou toute autre distraction en chemin.
Le jour J, il est important de se lever du bon pied et de rester ensuite dans un état d’esprit positif, insiste Trevor John. Les chiens perçoivent l’état émotionnel de leur maître et y répondent en conséquence. Si vous êtes impatient, énervé et autoritaire, votre compagnon le sera aussi – prenez donc le temps d’une petite introspection avant de le siffler pour le départ.
Commencer tout doucement
Ce n’est pas parce que vous êtes un expert du ski que votre talent est automatiquement transmis à votre chien… Des débuts sur une piste facile sont primordiaux pour permettre à votre meilleur ami d’apprivoiser ce nouvel environnement. Choisissez une zone bien tracée les premiers temps, avant d’aborder des terrains plus difficiles.
Une mauvaise expérience pendant la « période de la peur », entre ses 3 et 6 mois, peut marquer le chien à tout jamais, explique John. « Si tout part en cacahuète et que le chien s’en sort avec une expérience traumatisante – que ce soit à cause de vous ou du terrain choisi, il sera très difficile de faire machine arrière. Il suffit d’une fois pour que le chien associe pour toujours ski et stress. »
Des ordres simples et précis
Entre la faune locale, les motoneiges et les autres skieurs, nombreuses sont les occasions pour votre animal de se lancer dans une course éperdue et ruiner la journée. Avant de le lâcher dans la nature, apprenez-lui un ordre de rappel qui le contraigne au retour quand il s’élance. Second incontournable, l’ordre de rester au pied. Ces deux signaux sont essentiels à la sécurité en montagne.
Emporter le nécessaire
Même si ses plaintes seront toujours plus discrètes que celles d’un compagnon humain, votre chien ressent le froid et peut en souffrir. Selon Laura McClain, vétérinaire de la FEMA Urban Search and Rescue dans l’Utah (une équipe qui se déplace aux Etats-Unis sur les lieux de catastrophes pour rechercher des survivants et traiter les blessés), les chiens sont sujets à l’hypothermie, notamment les plus âgés et ceux à poils courts.
Cette dernière recommande donc d’habituer progressivement son compagnon aux basses températures et d’investir dans des équipements spécialement pensés pour lui, comme les manteaux et les bottines de chez Ruffwear (ne pas oublier de les tester chez soi avant de s’embarquer en montagne). Vous pouvez aussi lui tartiner de la cire Musher’s Secret, sur et sous les pattes, afin d’empêcher l’accumulation de glace. Enfin, n’hésitez pas à emporter un matelas le plus léger possible afin de l’isoler du froid lors de ses moments de repos.
N’oubliez pas non plus d’emporter suffisamment d’eau et de nourriture. Ce n’est pas parce que votre animal ne réclame rien qu’il n’a pas besoin d’un peu de carburant !
Se préparer au pire
Andrew Drummond est un skieur tout terrain, spécialiste des courses de ski de fond, vivant en Nouvelle-Angleterre, au nord-est des Etats-Unis. Il avait pris l’habitude d’emmener Squall, son berger australien, lors de ses excursions, mais il était toujours sur le qui-vive et inquiet pour son adorable compagnon. Ses années dans la poudreuse l’avaient amené à être témoin de nombreux accidents impliquant des chiens méchamment coupés par un ski ou un bâton et nécessitant des points d’urgence, voire une anesthésie et une opération. Pour éviter ces déboires à son animal, il ne se déplace désormais plus jamais sans un kit de premiers secours et de nombreux bandages. Il a également investi dans une assurance pour Squall, afin de s’éviter trop de stress sur les terrains les plus dangereux.
Des attentes raisonnables
Vous avez repéré cette pente bien raide, un couloir de rêve dans lequel vous vous voyez déjà vous élancer, mais, comme dans toutes les relations, il ne s’agit plus juste de vos envies. Même si vous pouvez faciliter les choses en préparant et équipant au mieux votre chien, le plus important reste l’endroit où vous l’emmenez : il faut que lui aussi puisse en profiter.
« Gardez des objectifs abordables et ne vous agacez pas si vous devez renoncer à une descente ou porter votre animal parce que c’est trop raide », conclut Trevor John, notre spécialiste des chiens d’avalanche. « Il vous faudra parfois ravaler votre envie de poudreuse et privilégier la bestiole poilue… D’autres occasions se présenteront de toute façon ».
Photo d'en-tête : Courtesy Andrew Drummond