Parti samedi sur le sentier mythique de la côte ouest des Etats-Unis, la star de l’ultra trail a été contraint de jeter l’éponge hier au bout de 400 km, les conditions météo rendant l’aventure impossible. Le Français tentait de battre le record de 2018 – 10 jours 1 heure et 26 minutes- détenu par le Suisse Christof Teuscheur.
La saison n’était certes pas idéale, reconnaissait avant son départ François D’Haene, comme il l’expliquait sur Facebook : “J’avais un planning de compétition cet été et faire 900 km avant une course n’est pas une bonne idée ! Début septembre il y avait les vendanges (François D’Haene gère avec sa femme une exploitation viticole dans le Beaujolais, ndlr), ce qui ne me laissait guère d’autre choix en termes de timing”.
Parti le 5 octobre pour un parcours de 900 km et 35 000 m de dénivelé qu’il espérait boucler en une dizaine de jours, le traileur prenait donc le risque de se confronter à des conditions météo très fraîches. Les premières images postées sur ses réseaux sociaux montraient d’ailleurs la présence de neige sur le parcours. Malgré tout, François D’Haene et son équipe, espéraient pouvoir continuer hier matin.
Mais, après 9 h et 45 km à tracer dans une neige de plus en plus abondante, ils ont retrouvé « avec une joie et une émotion non dissimulée le reste de l’équipe montée les chercher à Cathedral Pass sous plus de 50cm de poudreuse », explique-t-il ce matin sur Instagram. « Impossible de continuer dans ces conditions. La nature et la puissance des éléments ont repris leurs droits. » reconnaît-il.
L’équipe a donc entrepris de redescendre de ce col, « certainement très déçue de ne pas pouvoir achever ce projet mais saine et sauve et la tête et le coeur remplies d’images et d’émotions construites pendant ces 400 kms d’aventure commune ». conclut le post.
Déjà privé du Harock 100 cette année, course annulée du fait de l’enneigement exceptionnel, il n’était pas étonnant que le Français ait choisi de revenir aux Etats-Unis, berceau de l’ultra trail.
En s’attaquant au Pacific Crest Trail, François D’Haene se frottait à l’un des tracés les plus mythiques des États-Unis, long de 4200 km, qui s’étend de la frontière canadienne à la frontière mexicaine. Il devait parcourir environ 900 km sur la partie « Washington », de l’extrémité nord jusqu’à “Bridge of the Gods”, un pont qui traverse le fleuve Columbia, entre la Cascade Locks (Oregon) et l’État de Washington, près de la ville de Stevenson.
Comme pour ses aventures précédentes, il était épaulé par des “pacers”, des coureurs se relayant pour l’accompagner sur le parcours. Au-delà du soutien mental et logistique, c’était un gage de sécurité sur ces sentiers sauvages où l’on peut se retrouver parfois très éloigné de la civilisation. Alexis Traub et Guillaume Prevost, avec qui il a l’habitude de partir à l’aventure, étaient présents sur tout le tracé. D’autres trailers devaient se greffer à l’aventure sur certaines portions, comme l’avait fait l’Américain Tim Tollefson en 2017 sur le John Muir Trail, quelques semaines après avoir partagé avec lui le podium de l’UTMB (François D’Haene avait remporté l’épreuve, Tim Tollefson avait terminé troisième).
Après le record du GR 20 en Corse en 2016 (31 heures 6 minutes), celui du John Muir Trail en 2017 (67 heures et 26 minutes), et le tour du Lac de Serre-Ponçon en 2018 avec ces deux acolytes Alexis Traub et Guillaume Prevost (34 heures et 40 minutes), le Français s’apprêtait à vivre ici sa plus longue traversée.
En ligne de mire après cette aventure américaine, reste le fameux Tor des géants auquel il pourrait se confronter dans les années à venir.
Photo d'en-tête : Max Romey