Mardi 27 juillet, journée historique pour le surf, nouvelle discipline olympique dont les premiers médaillés viennent d’être récompensés : l’Américaine Carissa Moore, quadruple championne du monde, obtient l’or aux côtés du Brésilien Italo Ferreira, autre grand favori. Reste que devant les conditions difficiles, qui n’auront pas montré le côté spectaculaire du surf, et la défaite de favoris qui fait polémique, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le système de notation des compétitions. Explications de Jeremy Flores, Johanne Defay et Michel Bourez.
Comment les épreuves sont-elles notées ?
Cinq juges évaluent les athlètes selon cinq critères :
- L’engagement et le degré de difficulté
- Les manœuvres innovantes et majeures
- La variété
- La combinaison
- La vitesse, la puissance et la fluidité
Chaque vague permet de récolter entre zéro et dix points – un score parfait qui illustre tous les critères de jugement. Seules les deux meilleures vagues d’un surfeur sont comptées pour le score final ce qui signifie que la meilleure note qu’un athlète puisse obtenir en une manche est 20. C’est le format mis en place par la World Surf League depuis des années.
Qu’en pensent les surfeurs ?
Jérémy Florès : « C’est souvent l’océan qui décide »
Premier facteur incontrôlable, les conditions météorologiques. Et que dire de celles des Jeux Olympiques… Un vent latéral apportait des flots marrons et peu de vagues. « Je suis frustrée de ne pas avoir pu m’exprimer dans ces conditions, je pense que je ne suis pas la seule à sortir de l’eau avec ce sentiment » confiait la championne française Johanne Defay, l’une des favorites qui s’est inclinée en 8èmes de finale tout comme l’Australienne Stephanie Gilmore, également prétendante au titre olympique.
Des conditions souvent déplorées, qui font partie du jeu de ce sport, « c’est souvent l’océan qui décide » confiait Jérémy Florès sur son compte Instagram après sa déception hier, lundi 26 juillet.
Johanne Defay : « Il y a forcément une part de subjectivité »
Deuxième aspect incontrôlable pour les surfeurs : les décisions des juges. Elles peuvent conduire à des incompréhensions, voire même des polémiques quand les éliminations ont un goût un peu amer. « Il y a des fois où tu ne comprends pas les notes. On pratique un sport qui est jugé, on se rapproche beaucoup du patinage artistique par exemple. Je me le suis toujours dit, car c’est très dur de subir une injustice dans ton sport » nous avait confié Johanne Defay en 2020. « Quand t’es professionnel, il y a tellement de choses en jeu. Quand tu sors de l’eau et que tu as l’impression qu’on ne t’a pas bien noté, c’est un sentiment hyper désagréable. Après, il faut l’accepter. Aujourd’hui, ce sont des humains qui jugent d’autres humains, il y a forcément une part de subjectivité. »
Michel Bourez : « Pas un spot à tubes »
Une question majeure est revenue lors de ces Jeux Olympiques, pourquoi les juges sont-ils si peu sensibles aux tubes, figure reine, pourtant très spectaculaire qui consiste à surfer à l’intérieur d’une vague en forme de cylindre au moment où elle se brise ?
À Tokyo, selon les spécialistes de la discipline, de nombreux athlètes auraient été mal notés notamment à cause de leurs tubes peu valorisés. Le Français Michel Bourez qui s’est incliné ce matin en quarts de finale a donné sa vision des choses au micro de la Fédération Française de Surf : « C’est compréhensible quelque part car nous ne sommes pas sur un spot à tubes. C’est un beach break (quand les vagues cassent sur le sable, ndlr). Si tu parles de Teahupo’o ou d’un beach break connus pour ses tubes, alors oui, le tube doit être la meilleure note ».
Photo d'en-tête : CNOSF / KMSP