A l’heure où la planète est bouleversée par une crise climatique et sanitaire sans précédent, l’univers de l’outdoor est en première ligne et n’en finit pas d’affronter ses paradoxes : Comment concilier développement, innovations et développement durable ? Chez Picture Organic Clothing, pourtant précurseur en la matière, la réponse est claire : il faut aller plus loin encore et contribuer à la neutralité carbone sur la base du rapport du GIEC. Sans attendre, la marque française accélère la mise en œuvre de son vaste plan d’attaque et annonce pour l’automne le lancement de la garantie réparabilité à vie. Du concret.
Dans l’univers extrêmement concurrentiel de l’outdoor, « Picture », c’est la marque française de produits écologiques et éthiques. Concrètement, côté snow, son terrain de jeu d’origine, on lui doit entre autres la veste Welcome – 100% recyclable – fabriquée avec un tissu partiellement bio-sourcée à base de canne à sucre. Primée à ISPO 2020, elle sera en magasin cet automne. Côté mer, les surfeurs retiendront, eux, les combinaisons de surf fabriquées en EicoPrene – une mousse élaborée grâce à un mélange de calcaire (70%) et du recyclage de pneus (30%).
Plus récemment, la marque basée à Annecy lançait cet hiver sa campagne « Objectif Zéro Pétrole ». Un challenge dans l’industrie de l’outdoor très gourmande en énergie fossile. « La manière la plus conventionnelle de fabriquer une veste de ski consiste en effet à extraire du pétrole », explique Florian Palluel, en charge de la transparence et de la durabilité chez Picture. Or pour la marque, la lutte contre le réchauffement climatique implique de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, pétrole inclus. Certes depuis sa création en 2008, elle utilise déjà du polyester recyclé issu de bouteilles plastiques, mais elle estime que de meilleures solutions existent sur du long-terme. Parmi elles, le bio-sourcing. Un terme qui ne dira pas forcément grand-chose au consommateur de base, mais qui, concrètement se traduit pour une veste de ski par la création d’un tissu textile partiellement issu d’une plante. Par exemple, la canne à sucre ou le ricin. « Grâce à un processus de fermentation », explique la marque. « Il est possible de reproduire l’un des deux composants du polyester conventionnel et mixer ce tissu bio-sourcé avec un tissu recyclé », détaille Florian Palluel. Premier produit issu de cette recherche, la tenue de ski & snowboard Harvest utilise ainsi une membrane imper-respirante bio-sourcée à partir d’huile de graines de ricin. « Plus qu’une innovation, c’est finalement un véritable retour aux sources », explique Picture qui s’inspire d’un procédé ancestral datant des années 1950 et que l’industrie pétrochimique aurait peu à peu fait disparaître.
Le choc de la pandémie
Quelques mois plus tard, la marque s’attelait à un Rapport Environnemental et Social 2020. Ce document très étayé, diffusé en janvier dernier, présente l’ensemble des initiatives mises en oeuvre par Picture afin de s’inscrire dans une démarche de développement durable. Il couvre toutes les dimensions de l’entreprise et fait état des prochains combats à mener. Parmi les accomplissements, on retiendra la récente certification B-CORP couronnant douze ans d’efforts. Cette certification est en effet la plus haute distinction que puisse recevoir une entreprise soucieuse de faire de la responsabilité environnementale et sociale un élément essentiel dans son activité. Elle repose sur un audit rigoureux, transparent et surtout global, puisqu’elle s’appuie à la fois sur la contribution positive de l’entreprise à la société mais aussi sur la cohérence globale de sa démarche.
A peine bouclé ce rapport, qui trace les grandes lignes d’un plan d’action en faveur du développement durable, survient la pandémie. Confinement des trois-quarts de l’humanité. Arrêt de l’activité mondiale. Un bouleversement qui, forcément, interroge chez Picture. « Après la crise financière de 2008, les plans de relance de l’économie avaient été massifs, entrainant une hausse de 5% des émissions de CO2. » commente alors Florian Palluel dans une lettre ouverte diffusée en plein confinement. « Est-ce vraiment souhaitable ? Comment ne pas tomber dans la même frénésie d’avant crise ? A l’échelle individuelle et à l’échelle de Picture, le problème est similaire », poursuit-il. « Notre activité va bien finir par reprendre, nous allons retourner au travail, la petite machine à faire des vestes recyclées va se relancer, et les magasins ré-ouvrir. Heureusement, nous sommes loin de partir de zéro. Malgré tout, face à l’ampleur de la tâche, est-ce que notre engagement est suffisant ? Non, mais nous sommes sur la bonne voie. Qu’est-ce qu’il nous manque alors ? Réorienter notre engagement dans le cadre défini par le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr). A savoir limiter le réchauffement climatique à deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels. Pilotons désormais l’entreprise de telle sorte qu’elle soit en phase avec cette limite. Suivons leur plan que l’on peut traduire par quatre grands axes ».
1/ Sortir de la dépendance aux énergies fossiles
2/ Modifier nos comportements, nos rythmes de vie
3/ Augmenter la capacité des puits naturels de carbone à capter le CO2 présent dans l’atmosphère et à le séquestrer
4/ Développer des technologies de capture de CO2.
Comment adapter les 4 recommandations du GIEC pour Picture ? s’interroge la marque ? « Pour nous, il s’agit désormais d’opérer un virage à 90° », explique Florian Palluel. « Ce qui suppose de revoir notre plan de route pour aller plus loin encore. C’est aujourd’hui en cours. Entre temps, nous pouvons déjà agir concrètement. »
Comment Picture entend réduire ses émissions carbones ?
La marque est en plein bilan carbone pour connaître ses émissions de CO2. Il s’agit de passer à la loupe 100% de ses activités, incluant celles de ses partenaires. Par exemple, elle devrait ainsi bientôt pouvoir affirmer que « la teinture des produits techniques Picture a émis X kg de CO2 et représente X % des émissions totales de l’entreprise ». La méthodologie Science Based Targets lui permettra de piloter ses réductions pour être en phase avec l’objectif des 2 degrés.
Enfin Picture devra commencer à compenser certaines de ses émissions résiduelles. « C’est le troisième pilier du projet Analyser-Réduire-Compenser afin de contribuer à la neutralité carbone », explique Florian Palluel.
Comment réussir la transition énergétique ?
« Nous avons entamé la transition énergétique de toutes nos activités il y a environ un an, mais nous n’avons pas visé un périmètre d’action et d’influence assez large », reconnait la marque qui s’interroge toujours sur certains points complexes à résoudre.
Comment en effet modifier les habitudes de ses partenaires dans des pays où il n’y a qu’un seul fournisseur d’électricité (l’état) et que ce dernier tarde à opérer une transition ? Aura-t-elle la capacité financière pour les aider à autoproduire leur énergie verte ? Via l’nstallation de panneaux solaires sur leur toit par exemple.
Par ailleurs, bien que ses matières techniques soient recyclées ou bio-sourcées, elles sont toujours dérivées de près ou de loin du pétrole.
« Nous devons faire preuve de plus de circularité dans la création de nos produits », explique Picture. « Nous sommes en contact avec trois fournisseurs possédant des technologies de recyclage de vêtements polyester usagés, afin d’en refaire des nouveaux. Nous avons bon espoir de créer une veste de ski/snow de cette manière sous 18 mois ».
Réparer, acheter d’occasion … vers plus de « sobriété »
« Sobriété », un des mots clefs en cette période post Covid-19. Pour Picture, elle devrait se traduire par une petite révolution interne. « Nous avons toujours fait la promotion d’une consommation de produits responsables, recyclés, biologiques, mais très peu la promotion d’une consommation raisonnée », reconnait la marque qui entend donc rattraper son retard en mettant les bouchées doubles. « Nous travaillons depuis toujours avec des centres de réparation, mais désormais nous allons plus loin et offrons à tous nos clients la « garantie de réparabilité à vie ». Car réparer, c’est augmenter la durabilité du produit, et diminuer son impact. »
En clair, dès l’automne, vous pourrez faire réparer gratuitement votre veste technique ou votre pantalon de ski. En Europe, comme aux États-Unis. A terme, cette garantie devrait s’étendre à d’autres produits, comme les sacs à dos par exemple.
Autre chantier, et non des moindres pour une entreprise dont ce n’est pas la vocation initiale, la vente d’équipements d’occasion. « Acheter un produit de seconde main plutôt qu’un produit neuf est une vraie solution pour réduire son impact carbone individuel » explique Florian Palluel. « Nous n’avons aucun problème avec cette approche sur laquelle il faut sortir des vieux schémas. Il est temps. C’est notre rôle ».
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Photo d'en-tête : Picture Organic Clothing