C’est un lieu de légende. Les plus grands alpinistes du monde y ont fait leurs premiers pas : Kukuczka, Rutkiewicz, Zawada, Cichy, Wielicki, Pustelnik, ou encore Andrzej Bargiel se sont aguerris dans les montagnes des Tatras, dans la chaîne des Carpates, entre la Slovaquie et la Pologne, avant de lancer leurs expéditions dans l’Himalaya ou le Karakoram. Volontiers comparées à des « Alpes miniatures », elles ont une magie qu’on ne trouve nulle part ailleurs racontent ceux qui, année après année s’attaquent à ses sommets. Parmi eux, Albin Marciniak, photojournaliste, alpiniste et grimpeur du team de la marque de chaussure italienne Aku, dont le parcours favori est Orla Perć, « le sentier des aigles ». Un vertigineux chemin des crêtes courant sur les cimes polonaises. Peu connu des Français, il est balisé, mais extrêmement exigeant. Aussi avant de vous lancer, mieux vaut bien vous préparer.
« Orla Perć m’attire comme un aimant depuis plus de 30 ans », raconte Albin Marciniak. Un jour, en parcourant les innombrables photos que j’avais prises dans le Tatras, je me suis rendu compte que la majorité concernait le sentier d’Orla Perć ». Du coup, le photojournaliste et alpiniste polonais fait le compte et constate qu’il l’a parcouru 52 fois ! Par tous les temps et toutes les saisons. C’est donc en amoureux qu’il en parle, mais aussi en expert. Auteur de topos et de guides de montagne, Albin Marciniak est aussi à l’origine de la plus grande campagne écologique jamais menée en Pologne : « Czyste Tatry » ou « Tatras propres », opération de nettoyage qui au cours des neuf dernières éditions a mobilisé 33 000 volontaires et permis de ramasser plus de six tonnes de déchets sur cette montagne.
En trois décennies, Albin Marciniak en a-t-il fait le tour d’Orla Perć, « le sentier des aigles », niché au centre des Hautes Tatras, dans la chaîne des Carpates ? « Probablement pas », dit-il, « car la fascination ne s’estompe pas au fil des ans. Et pour moi l’enchantement est toujours aussi fort. C’est incontestablement le plus beau sentier de montagne des montagnes polonaise, mais aussi le plus difficile ! Gare à celui qui l’aborderait sans préparation. Depuis que le sentier a été tracé et équipé, il y maintenant plus d’un siècle, de nombreux randonneurs y ont perdu la vie – 140 selon les derniers chiffres, ndlr – et beaucoup s’y sont blessés. Surestimer ses capacités, manquer d’humilité ou de prudence, négliger la préparation physique et l’étude de la zone peuvent conduire à l’erreur, qui peut être fatale. Ce n’est donc pas un sentier accessible à tous, mais les plus courageux se verront largement récompensés par des vues magnifiques », conclut-il avant de livrer quelques conseils qui pourraient bien faire toute la différence sur le terrain.
Orla Perć en pratique
D’où partir ?
« Pour commencer votre aventure en beauté et vraiment en profiter, mieux vaut prévoir de passer une nuit dans les Tatras et de partir du refuge avant l’aube, de préférence dans la vallée des cinq étangs polonais. » explique Albin Marciniak, auteur d’un guide sur le sentier. C’est le chemin le plus court pour atteindre le col de Zawrat (2159 m) où commence le sentier pour finir au col de Krzyzne ( 2112 m), conduisant à plusieurs sommets et en traversant d’autres. Il faut savoir que, par sécurité – suite à des accidents lorsque des marcheurs se croisaient, le chemin est à sens unique de Zawrat à Kozi Wierch, point culminant du parcours (2 291 m).
Longueur, durée, à quoi doit-on s’attendre ?
« Le sentier de crête fait 4 160 mètres de long, mais en tenant compte du grand nombre de montées et de descentes tout au long de la crête, le temps pour couvrir cette section est alors estimé à environ 6,5 heures. Il faut bien sûr ajouter l’approche du col de Zawrat, d’où part le sentier lui-même, et la descente du col de Krzyżne, où se termine » Grań Orłów « . A noter que la montée vers Zawrat et la descente vers le refuge nécessitent une heure et demie supplémentaire pour chacune de ces sections. »
« Vous pouvez bien sûr tenter de parcourir l’ensemble du sentier en une journée, mais il faut alors prévoir 10 heures de marche, en tenant compte du fait que le point de départ et d’arrivée sera un refuge dans les Tatras », poursuit l’alpiniste. « C’est pourquoi la plupart des gens l’explorent en deux ou trois sorties d’une journée, en utilisant les voies d’approche et de descente ».
Quel niveau est-il nécessaire ?
« Pour les habitués des randos en montagne, c’est tout à fait accessible. Mais ceux qui ne font des sorties occasionnelles, devront impérativement s’y préparer physiquement. »
A combien est estimé le dénivelé ?
« En partant du refuge, vous êtes à une altitude de 1672 m au-dessus du niveau de la mer. Le point culminant est le Kozi Wierch à 2 291 m d’altitude. Cependant, si vous commencez l’ascension à Kuźnice, vous démarrerez à moins de 1000 m au-dessus du niveau de la mer.
Le sentier est-il balisé ?
« Oui, le sentier a été tracé et balisé dans les années 1903-1906 grâce à la participation de la Société des Tatras et d’un grand passionné, le prêtre Walenty Gadowski, soutenu par Jakub Gąsienica Wawrytko, Klimek Bachleda et plusieurs autres montagnards du pays. En 1904 et 1911, des itinéraires de liaison ont été tracés, ce qui permet aujourd’hui de diviser l’itinéraire de randonnées en sections plus courtes. » A noter que le sentier est relié à huit autres sentiers conduisant à des refuges de montagne.
Comment est-il aménagé ?
Il faut bien garder en tête que ce sentier est très exposé. La plupart du parcours se fait le long des crêtes. Par sécurité, sur les parties les plus abruptes, des échelles, escabeaux, chaînes et escaliers de métal ont donc été installés. Enfin, soyez vigilant, des chutes de pierres et des avalanches sont possibles de long de la route.
Comment s’équiper au niveau chaussures ?
Côté relief, attendez-vous à des dalles de granit, des surfaces rugueuses et de tailles inégales. Dans ces conditions, on privilégiera une chaussure d’approche, du type Rock DFS GTX d’Aku, marque italienne spécialisée dans les produits techniques, qui fait ses preuves en montagne depuis plus de quarante ans. Sur le terrain, on en appréciera l’accroche. Sans compter que la société, restée familiale, répare ses propres modèles et propose notamment le ressemelage dans son usine de Montebelluna.
Pour en savoir plus sur AKU et la gamme de chaussures d’approche, visitez : www.aku.it
Photo d'en-tête : Stefan Stefancik