Les planches de surf réalisées à la main sont des objets rares. Celles faites sur-mesure par des femmes le sont encore plus. Quatre d’entre elles nous ont ouvert les portes de leur atelier. Notamment, la Française Valérie Duprat.
Les planches de surf sont shapées de façon de plus en plus industrielle, à l’aide de machines qui pré-fabriquent et découpent les planches, aux antipodes de la conception artisanale des origines. Expertes de cet art en voie de disparition, la Française Valérie Duprat, l’Américaine Ashley Lloyd Thompson, Cher Pendarvis et Dewi Malopsy font partie de cette poignée de femmes qui continuent à fabriquer des planches à l’ancienne.
Spécialiste des biotechnologies et du séquençage d’ADN, la Française Valérie Duprat, propriétaire de Mere Made Surfboards, a commencé à concevoir des planches en 2011. Pour sa famille d’abord, puis pour ses amis, les amis de ses amis, et petit à petit le cercle s’est élargi. Le fait d’être à la fois une shapeuse de talent et l’une des rares femmes du milieu lui a ouvert les portes des ateliers les plus prestigieux en France, en Californie, et à Hawaï, dans les îles de Oahu et Maui. Sur la photo, on la voit dans son atelier à Encinitas, en Californie.
“Une planche est shapée grâce à un savoir-faire artisanal traditionnel, c’est un objet qui vient de l’âme”, affirme-t-elle. Sur la photo, elle dessine un modèle pour une planche à double winger fishtail.
Ashley Lloyd Thompson a, elle, grandi en barbotant dans les vagues californiennes. Pour elle, il était essentiel de respecter à la fois les principes de shape du longboard traditionnel et de le faire dans le respect de l’environnement. Toutes ses planches de surf sont écologiques : elles ont reçu le label de la Sustainable Surf Organization attestant de l’utilisation de résines époxy d’origine biologique et de matériaux peu nocifs pour l’environnement
La jeune femme découvre le shaping en 2002. Trois ans plus tard, elle est embauchée par Bing Surfboards afin de concevoir ses propres modèles et crée par la suite son entreprise à Santa Cruz, en Californie. Ashley Lloyd Thompson a grandi dans un milieu artistique féru de musique, des traits que l’on retrouve dans son processus créatif : elle écoute souvent les playlists des clients pour se faire une meilleure idée de leurs envies lorsqu’elle peaufine leurs planches. Au début de sa carrière, Ashley était l’une des seules femmes à diriger une entreprise de ce type. Aujourd’hui, elle forme une apprentie, contribuant ainsi à faire évoluer cet univers très masculin.
Trouver une shapeuse est déjà difficile, mais trouver une glasseuse l’est encore plus. Le glass correspond à l’étape de stratification, où l’on applique différentes couches de différentes épaisseurs. Dewi Malopsy fait partie de ces rares spécimens. Sous la direction de Jeff Alexander, un shapeur de la première heure, elle a commencé à glasser sur l’île d’Oahu, à Hawaï, après avoir vécu en Indonésie. 20 ans plus tard, elle possède désormais son propre atelier, Tiger G Glassing, à San Diego.
Cher Pendarvis a surfé pour la première fois à l’âge de 13 ans sur une planche en bois empruntée à un maître nageur. Une cinquantaine d’années plus tard, elle est désormais une référence du surf féminin. Avec son mari Steve, shapeur, artiste et glasseur, ils ont créé Pendo et Pendoflex Surfboards à San Diego. Cher Pendarvis a été la première femme à surfer et shaper pour la marque Channin Surfboards et la première à participer au magazine Surfing, en tant que conseillère artistique. Pour ses planches de surf, elle aime peindre en s’inspirant de la nature. “Je suis très heureuse d’avoir tissé un lien avec l’océan et de fabriquer manuellement des planches qui seront en symbiose avec les vagues”.
Photo d'en-tête : Regina Nicolardi