Plus personne ne surfe à El Sacrificio, l’un des berceaux chiliens de la discipline durant les années 70. Pourtant, fin 2021, Greenpeace y a organisé la compétition « la plus dangereuse du monde », non pas pour la hauteur de ses vagues mais pour la toxicité des lieux. Une campagne symbolique, soulignant une menace plus réelle que jamais à l’heure où l’écologie est trop souvent relayée au second plan dans les médias, occultée par la guerre en Ukraine, ou balayée par un sentiment d’impuissance général.
Gaz toxiques volatils, eaux polluées par des produits chimiques, énormes tuyaux enfoncés dans la mer… Dans l’eau, dix surfeurs locaux, équipés d’un masque à gaz et d’une combinaison intégrale. Drôle de lieu pour l’organisation d’une compétition de surf. Une fois de plus, Greenpeace mise sur des images fortes pour « rendre visible la détérioration subie par la plage » d’El Sacrificio, devenue l’une des plus dangereuses du monde.
La cause du désastre ? La zone industrielle Quintero Puchuncaví et ses dix-neuf entreprises installées dans la région, qui empoisonnent la population locale à travers des vagues d’intoxication et des maladies chroniques liées principalement aux marées noires, aux dégazages et aux sols surchargés en arsenic. « Ils nous ont volé notre littoral, notre santé ainsi que le travail de nos pêcheurs », explique à l’ONG Katta Alonso, habitante de la région et porte-parole du groupe « Mujeres en Zona de Sacrificio en Resistencia ».
Photo d'en-tête : Geenpeace