Les peuples autochtones qui vivent le long de l’Amazone ont un nom pour cette onde venue de l’Atlantique qui remonte leur fleuve en rugissant à marée haute : Pororoca. Le Brésilien Serginho Laus a surfé cette vague puissante qui charrie des débris et dissimule de dangereux ennemis.
Pororoca signifie « gros rugissement » dans la langue locale, car on l’entend bien avant de la voir déferler. Ce phénomène est régulier dans le delta de l’Amazone, où il se produit à une certaine période de l’année. La vague – la plus longue du monde avec ses 3,5 km – se forme au printemps, lorsque les marées de l’océan Atlantique sont plus hautes et viennent s’entrechoquer avec les eaux de l’Amazone, elle aussi en période de crue. Les eaux douces du fleuve, qui peuvent s’avancer dans l’océan sur plus de 50 km, forment alors un barrage à l’eau salée, et c’est lorsqu’elles finissent par céder que se déclenche le monstre boueux.
La vague atteint parfois jusqu’à 6 ou 7 mètres de hauteur et se répand dans l’Amazone, mais aussi dans ses affluents, sorte de tsunami prévisible qui s’avance vers les terres à une vitesse de 20 à 30 km/heure. Un phénomène apprécié des surfeurs, qui peuvent surfer la même vague pendant environ 30 minutes, quand la moyenne en mer se situe autour de 8 secondes.
Un plaisir qui n’est pas sans danger, puisque qu’au-delà d’être infestée de serpents et de piranhas, l’eau sombre charrie les débris en tous genres qu’elle a arraché sur son chemin… Le Brésilien Serginho Laus est un habitué de la bête, qu’il s’entraîne à dompter depuis de nombreuses années, avec à son actif deux Guinness Records pour l’avoir surfée sur plus de 10 kilomètres.
Photo d'en-tête : Great Big Story / Vimeo