S’inclinant de peu face à sa rivale chinoise, la Française Tess Ledeux, nouvelle star du ski acrobatique, a décroché une médaille d’argent en big air, ce mardi 8 février aux Jeux Olympiques de Pékin. Et il y a de grandes chances qu’elle réitère l’exploit en slopestyle, le 13 février ! Car c’est certain, depuis Pyeongchang, Tess a gagné en technique mais aussi en assurance, comme elle l’explique longuement dans un podcast enregistré alors qu’elle s’entraînait pour Pékin, à découvrir dans cet article.
Première médaille olympique pour Tess Ledeux, à 0,75 point de l’or ! En big air, cette nuit, elle a parfaitement réalisé son double cork 1620, figure inédite éblouissante, suivi de deux switch 1440. Récemment vainqueur des X-Games sur les deux épreuves, réalisant au passage un doublé historique, la Française, exprimait au micro du podcast « Championnes du Monde » vouloir non seulement ramener la plus belle des médailles mais aussi profiter de l’événement pour faire connaître sa discipline au plus grand nombre. Et c’est chose faite, jamais on n’aura regardé en France le freestyle féminin avec autant d’intérêt : du très haut niveau ! Argent autour du cou, Tess n’a pas pourtant pas dit son dernier mot : la Française sera à nouveau sur les pistes olympiques, en slopestyle cette fois-ci, le 13 février. Tous les espoirs sont permis pour cette skieuse prodige, dont le parcours n’a pourtant pas toujours été un fleuve tranquille, raconte-t-elle.
L’alpin ? Un calvaire pour cette casse-cou
Née à la Plagne, Tess est sur des skis à un an et demi. Rapidement, elle suit des cours d’alpin, passage obligé pour obtenir le niveau et la maturité nécessaires pour se lancer sur le freestyle. « C’était un calvaire pour moi, je n’avais qu’une seule envie : aller au snowpark et faire des sauts […] Je savais que je n’étais pas à ma place dans le ski alpin » confie-t-elle. À 9 ans, elle intègre la section freestyle de la station, une évidence pour cette casse-cou : « je suis assez timide, assez renfermée mais sur les skis, je me sens intouchable ».
Précoce, elle rentre en équipe de France à 14 ans, gagne ses premières médailles internationales et obtient ses premiers sponsors, le tout en l’espace de six mois ! À cette époque-là, elle n’a qu’une seule crainte : que sa carrière ne dure qu’une saison. Pour faire face à la pression, elle peut compter sur son cousin Kevin Rolland, vice-champion du monde 2019 de ski half-pipe et porte drapeau sur les Jeux de Pékin. « Quand on est petit, qu’on veut réussir dans ce sport, on a beaucoup de doutes et on se dit que devenir le meilleur du monde est un objectif presque inatteignable. Mais Kevin m’a montré que c’était possible » expliquait récemment la jeune femme à France Info.
Corée du sud, blessure, les coups durs s’enchaînent
En 2018, la jeune étoile montante du ski freestyle, championne du monde slopestyle en titre, s’envole pour Pyeongchang. À la clé, une amère 15e place en slopestyle. « Je suis arrivée aux Jeux avec un énorme statut et ça m’a fait très peur. Je ne savais pas du tout comment gérer ça, c’était seulement ma deuxième saison au niveau international » explique-t-elle dans le podcast. Un passage qu’elle qualifie aujourd’hui de primordial dans sa carrière.
Depuis, Tess a enchaîné des coups durs qui l’ont rendue plus forte. En 2020, elle se blesse gravement au genou. « C’était le bon moment. […] J’avais tendance à skier et oublier tout ce qu’il y avait autour. La blessure, ça m’a remis les pieds sur Terre en me disant ‘‘Peut-être que je grille trop les étapes, que je ferme trop les yeux, il n’y pas que le ski dans la vie” » relative-t-elle aujourd’hui. L’année d’après, en 2021, elle perd son père : « Ça m’a donné une force énorme pour la suite ».
Encourager les petites filles à la rejoindre
Aujourd’hui encore, en équipe de France, Tess évolue dans un milieu quasiment 100% masculin, autant au niveau des athlètes que du staff. « Ils sont au courant : parfois je peux avoir des besoins autres que ceux des garçons. Ils le prennent en compte, j’ai énormément de chance avec ça », même si la championne concède qu’il est parfois difficile de s’épanouir en tant que femme dans un milieu très masculin.
« Plein de petites filles viennent me voir en disant : ‘‘J’aimerais trop faire du ski freestyle mais mes parents ne veulent pas parce qu’ils trouvent que c’est trop dangereux’’. […] On n’a pas plus de blessures que dans les autres disciplines de ski – tout est contrôlé, les entraîneurs sont là pour » détaille la jeune femme qui souhaite mettre son sport, dans la lumière et encourager, au passage, les femmes à la rejoindre, au micro de « Championnes du Monde ».
Comme elle le décrit, en ski freestyle, le chemin est long avant de réussir à vivre de sa passion : la France n’ayant pas les structures adaptées, les athlètes s’entraînent principalement à l’étranger. Et même en élite, ils ne bénéficient d’aucun soutien financier de la fédération et doivent généralement louper des compétitions pour des questions de coûts. Heureusement pour Tess, tout est allé très vite – en performant rapidement, les sponsors se sont vites intéressés à elle, ce qui lui a permis de commencer sa carrière sereinement.
« Un rêve de petite fille »
« Tess a fait la course parfaite. Elle a skié lors d’une finale olympique comme elle n’avait jamais skié auparavant. Le niveau des filles était incroyable. Elle a réalisé des ‘tricks’ qu’elle fait rarement », analyse Marie Martinod, double vice-championne olympique en halfpipe, pour France Info. Après une médaille d’argent ce mardi, « un rêve de petite fille », Tess sera également une sérieuse candidate en slopestyle, le 13 février où elle vise également un podium.
Pour suivre Tess Ledeux sur les Jeux Olympiques, rendez-vous dimanche 13 février, en direct sur Eurosport ou sur France Télévisions.
Article initialement publié le 7 février 2022, mis à jour le 8 février 2022.
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