Le Mozambique, une forêt protégée de l’intrusion des hommes par des parois de granit de 700 m, des alpinistes, un chercheur britannique en quête de nouvelles espèces … tous les ingrédients d’un bon documentaire sont réunis dans ce film de 20 minutes que vient de mettre en accès libre National Geographic.
C’est une souris à la main, devant son écran d’ordinateur, que Dr Julian Bayliss, chercheur gallois expert en papillons et écologiste, découvre par hasard en 2012 une petite forêt inexplorée par l’homme, au sommet du Mont Lico, une montagne du Mozambique. Depuis une quinzaine d’année déjà le scientifique utilise Google Earth pour explorer les forêts tropicales humides de haute altitude en Afrique. Rien d’extraordinaire donc, si ce n’est que cette zone de trente hectares semble totalement protégée de toute intrusion humaine. Nichée au sommet d’une redoutable forteresse de granit aux parois atteignant 700 mètres de haut, elle est inaccessible aux habitants des petites exploitations agricoles et des plantations de thé implantées aux alentours.
En 2017, un survol de drone confirme le repérage de Julian Bayliss : il existe bel et bien une forêt tropicale au sommet de cette imposante masse rocheuse. Un site vierge où étudier l’impact du bouleversement climatique et, espère-t-il, découvrir de nouvelles espèces végétales et animales. « Une capsule temporelle », selon les chercheurs.
Un an plus tard, au printemps 2018, le scientifique parvient à monter une expédition de 28 personnes, tous bénévoles. Des scientifiques, experts dans tous les domaines, de la datation au carbone aux petits mammifères, un chef cuisinier, un expert en logistique, un médecin, des cameramen et des alpinistes. Le rôle des grimpeurs britanniques, Jules Lyons et Mike Robinson, est crucial. Aucun sentier ne conduisant au sommet du Mont Lico, c’est à eux que revient d’équiper la voie de granit. Et surtout d’organiser l’ascension de chercheurs totalement inexpérimentés en la matière.
Au sommet les attend un territoire inexploré où depuis leur camp satellite, les scientifiques font des prélèvements, collectent des échantillons et documentent le site. Des travaux qui s’inscrivent dans un vaste programme de préservation des montagnes du nord du Mozambique », selon Julian Bayliss. La découverte de nouvelles espèces et une meilleure cartographie de la région devraient en effet contribuer à protéger les écosystèmes environnants et à mieux connaître la biodiversité du Mozambique, explique Hermenegildo Matimele, le chef mozambicain de l’expédition. « Par ailleurs, poursuit-il, ces études devraient profiter aux communautés locales. Dépendantes des forêts de la région pour leur alimentation, elles subissent aujourd’hui les effets négatifs de la déforestation. Les données recueillies sur ce site vierge devraient contribuer à guider nos stratégies en termes d’utilisation de la terre », explique-t-il.
Pas de cobra ni de léopards à débusquer dans ce court documentaire de 20 minutes (en anglais, sous-titres en français possibles), mais une immersion dans les coulisses d’une expédition exceptionnelle et riche de sens.
Photo d'en-tête : Orlando Von Einsiediel