« Être dehors, c’est plutôt bon », dixit Emmanuel Macron. Le gouvernement aurait-il enfin commencé à se rendre aux évidences ? C’est ce que l’on espère à l’issue de la conférence de presse que viennent de donner Jean Castex et Olivier Véran. Devant la progression préoccupante de l’épidémie dans 46 départements, un « confinement hybride » va être appliqué dès vendredi soir minuit. Des modalités nouvelles intégrant la nécessité vitale de profiter des espaces extérieurs et de pratiquer des activités sportives. Explications.
Nouveaux variants, nouveau type de confinement. Un enregistrement d’Emmanuel Macron, réalisé à son insu, révélé par France Bleu Paris, laissait entendre que des mesures particulières allaient être appliquées pour les 46 départements compris en île de France et dans les Hauts-de-France, deux régions qui ont franchi ou s’apprêtent à franchir les seuils d’alerte. « En Ile-de-France, l’incidence est aujourd’hui de 446, ce qui représente hausse de plus de 23% en une semaine. » a précisé le Premier ministre.
Échangeant avec un maire par visioconférence, à l’issue d’une visite à l’hôpital de Poissy dans les Yvelines, le chef de l’État adhérait à l’idée d’une spécificité de la « vie francilienne »: « La vie dans cette région est quand même un peu différente, le confinement le week-end est une mesure qui est compliquée à prendre » […] On a des gens qui rentrent tous les soirs très tard chez eux » et donc « on ne peut pas les reconfiner du vendredi soir au dimanche soir, parce que là c’est une vie qui est impossible ». D’autant, admettait-il, que les confinements des week-ends appliqués au Pas-de-Calais et dans les Alpes-Maritimes avaient une une »efficacité relative ». Et le président d’insister sur la nécessité de laisser aux Franciliens la possibilité de s’aérer et de faire du sport. « Être dehors, c’est plutôt bon ».
Après avoir subi des restrictions absurdes – fermeture des remontées mécaniques, des parcs publics, des plages et forêts, limitations à une heure de sortie par jour – voilà que le gouvernement prend enfin en compte les nombreuses études démontrant que les risques de contaminations à l’extérieur sont minimes comparés aux risques encourus dans les supermarchés, les bureaux ou les transports en commun.
En phase également avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, demandant de « laisser des marges de respiration aux Parisiens », le nouveau scénario se dessine donc à compter du vendredi 19 mars, minuit, il est largement inspiré des modèles allemands ou suisses.
Les nouvelles règles
- Confinement 7 jours sur 7 en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France. Soit 46 départements. Cela concerne donc 23 millions de personnes
- Application à compter du vendredi 19 mars minuit pour une durée de quatre semaines « au moins ».
- Possibilité de sortir en journée pour faire une promenade ou pratiquer une activité sportive « sans aucune limitation de durée » avec une attestation. A condition de rester dans un rayon de 10 kilomètres autour de chez soi, d’éviter les attroupements et de respecter les gestes barrières.
- Les activités sportives à l’école reprennent ainsi que les activités sportives extrascolaires, un point qui demande à être précisé.
- Le couvre-feu est décalé à 19h à compter de samedi.
- Maintien de l’ouverture des écoles. Aucun changement en ce qui concerne les universités.
- Fermeture des commerces non essentiels, mais les librairies et disquaires restent ouverts.
- Mais … interdiction de sortir des 16 départements concernés !
Et c’est là que la logique nous échappe. « La règle du jeu est claire », elle repose sur le « principe de confiance », a déclaré Jean Castex. On peut sérieusement en douter ! Car comment ces sorties sans limites de temps vont-elles être contrôlées ? Et surtout, ces mesures vont-elles être efficaces ? Enfin, sachant que la vaste migration des Parisiens au printemps dernier n’a pas généré de clusters, pourquoi empêcher tous ceux qui le peuvent d’aller se mettre au vert, en profitant du télétravail, fortement encouragé ?
Du mieux, donc ce soir, mais une fois de plus, on a la désagréable impression de naviguer à vue. Et surtout avec un temps de retard.
Photo d'en-tête : Jennifer Birdie