Sitting is the new smoking (« La sédentarité tue autant que le tabac » / « La sédentarité, le tabac du 21e siècle ») disent les Américains. Même si l’expression est à contraster, méfaits du tabagisme et de l’inactivité n’étant guère comparables, être assis plus de trois heures par jour est responsable de 3,8 % des décès, toutes causes confondues, selon l’ONAPS (Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité), indépendamment du niveau de pratique sportive. Entre télétravail et manque de sport, facteurs accrus avec la crise sanitaire, on passe de plus en plus de temps assis, devant un écran. Mais des solutions existent, à commencer, par exemple, par laisser tomber le fauteuil de bureau pour un siège incitant… à bouger. Explications, et conseils, de Kévin Rayess, ostéopathe et co-fondateur du Bloon, un accessoire qui pourrait changer la donne si l’on en croit notre journaliste qui l’a testé pendant 6 mois.
Près de 40 % des 10 000 salariés interrogés lors de l’étude de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniques de la CGT sur le télétravail, publiée début septembre 2021, se plaignent de troubles musculo-squelettiques (TMS) ou de migraines oculaires. Pourtant, nous sommes encore nombreux à ne pas avoir un poste de travail adapté.
« La sédentarité, c’est effectivement le problème du siècle », explique Kévin Rayess, ostéopathe spécialiste des postes de travail. « On a beaucoup dit : « le problème c’est le mal de dos, être mal assis ». Non, aujourd’hui, on manque cruellement de mouvement. On se lève le matin, on prend le métro, on s’assoit au bureau pour une journée devant l’ordinateur. Une fois rentrés, on n’a généralement pas le temps d’aller faire du sport. Et le soir, on regarde la télé en famille. Rajouté à cela le télétravail, on rencontre des gens qui finissent par ne plus sortir de chez eux. Finalement, c’est confortable – on se fait même livrer les courses à la maison. Souvent, on retrouve un phénomène de surpoids accompagnant un mal de dos. Certaines personnes ont également perdu beaucoup de masse musculaire parce qu’elles ont arrêté le sport, parce qu’elles ne bougent plus. Beaucoup souffrent par manque de mouvement ».
Inverser la tendance : les bons gestes
« Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de bouger », poursuit l’ostéopathe. « De se lever toutes les 20 minutes dans l’idéal, faire quelques mouvements, des étirements, ne serait-ce que se pencher sur le côté pour toucher ses genoux, faire bouger son dos. Quand on est concentré sur notre travail, il est vrai que l’on ne peut pas toujours se lever aussi souvent. C’est pourquoi, il faudrait avoir, au minimum, une petite pause bien-être de 10 minutes par demi-journée où l’on fait des exercices, des étirements, notamment avec un ballon de gym au bureau pour se détendre. L’idée, c’est d’inverser la colonne vertébrale. Au bureau, quand on est assis, on est projetés vers l’avant. Il peut utile d’ouvrir son dos dans l’autre sens. C’est vraiment un exercice qui fait du bien pour éviter que son corps ne s’imprime trop dans une position courbée vers l’avant. »
Virer sa chaise de bureau
Ce fauteuil ultra confortable dont vous vous êtes équipé depuis le premier confinement est peut-être un faux ami. « Être sur une chaise classique pose quelques problèmes » nous explique Kévin Rayess. « Comme on a vraiment tout notre poids sur nos fesses, notre bassin ne bouge pas. Quand on travaille par exemple, seule l’élasticité relative de la colonne vertébrale permet le mouvement du tronc. Mais si l’on est sur quelque chose de plus mobile, debout, ou assis sur un ballon, le bassin est libre de bouger. Aujourd’hui, on sait que maintenir une mauvaise posture prolongée n’est pas tant le problème. Dans tous les cas, on converge toujours vers moins de mouvement ». Selon lui, il est important de « réinjecter du mouvement dans la position assise, empêchant l’apparition de douleurs et autres troubles à long terme ».
Des alternatives existent, notamment le célèbre siège ergonomique assis genoux, le bureau assis debout ou encore le ballon, option que nous avons testée. Parmi les modèles disponibles sur le marché, nous avons repéré le « Bloon », un produit créé par Kévin Rayess en association avec le designer Thomas de Lussac. Ces Français n’ont certes pas inventé le ballon destiné à s’assoir, mais ils en ont perfectionné le principe – apportant notamment un socle lesté garanti anti-roulement – et surtout ils n’ont pas oublié de rendre l’objet très esthétique, nettement plus déco qu’un fauteuil de bureau.
« Ce n’est pas un produit miracle. Il faut l’utiliser à bon escient et bien intégrer tous les conseils que l’on donne autour pour que ce soit un allié bien-être », précise toutefois Kévin qui nous a confié ses astuces et une petite série d’exercices à adopter au quotidien pour en tirer le maximum de profit.
On a testé le Bloon !
A la rédaction d’Outside, on file aussi souvent que possible en montagne ou en mer, reste qu’il faut bien passer quelques heures par jour devant nos ordis pour écrire les articles que vous lisez… Aussi étions-nous plus que curieux de tester ce « siège ballon » censé nous apporter un peu plus de mobilité au quotidien. Après six mois de test – oui, six mois, il fallait bien ça pour voir si le produit tenait la distance sur la durée – voici nos conclusions.
1 Le montage : facile. Le Bloon peut être livré déjà gonflé, nous avons préféré l’option « à monter ». Livré dans un petit carton contenant une petite pompe manuelle, le ballon intérieur en PVC et sa housse en textile – d’un beau bleu turquoise en l’occurrence, mais le produit est disponible dans une large palette de couleurs – nous l’avons facilement et rapidement gonflé en suivant les instructions du mode d’emploi détaillé fourni dans l’emballage. Ne nous restait plus qu’à ajuster la ceinture clipsable qui donne un beau fini au produit et surtout permet de le déplacer facilement.
2 Le ressenti à l’usage : bon. Curieusement, on trouve facilement la bonne position – le gonflage permet d’ajuster le ballon à votre taille et à la hauteur de votre bureau – et le confort est réel. La constante, et relative, instabilité n’est pas gênante, au contraire. On peut facilement se déplacer pour attraper un document sur une étagère ou une pile sur le bureau. Et surtout on découvre qu’on éprouve naturellement l’envie de se lever régulièrement pour bouger un peu, ce qui est recommandé par les médecins, rappelons-le.
En effet, sur ce ballon confortable, mais mobile, il est impossible de s’avachir pendant des heures, parfaitement immobile, comme on le ferait dans un fauteuil de bureau avec accoudoirs. C’est tout l’intérêt de ce type d’accessoire. On en ressent vite les effets, entre micro mouvements en position assise et courtes pauses debout venant naturellement, on gagne incontestablement en mobilité et en bien être. En revanche, cette position instable ne nous aura pas permis de gagner des abdos en béton (faut pas rêver !), mais ce n’est pas la promesse du fabricant, hélas.
3 L’entretien : bon. La housse en textile n’a pas peluché au fil des mois et elle a bien résisté à un lavage à la main à 30°C. Notre Bloon n’était pas assez sale pour justifier un nettoyage en pressing, mais c’est ce que recommande le fabricant en cas « d’encrassement important ».
Conclusion : un produit de qualité, remplissant ses promesses et évoluant plutôt bien à l’issue de 6 mois de test. Ajoutons qu’il est plus facile à entretenir qu’un fauteuil de bureau, car entièrement lavable, qu’il est transportable (il suffit de le dégonfler pour le regonfler ailleurs), et qu’enfin il est très réussi au niveau design. Rien à voir avec les fauteuils classiques, lourds et encombrants. Ce ballon-là, on a envie de le glisser dans son coin bureau, voire de le mettre en valeur dans son salon. Enfin, en fin de journée, on a bien aimé pouvoir l’envoyer rouler entièrement d’un léger coup de pied sous le bureau, où il a su se faire oublier jusqu’au lendemain.
Reste le prix : de 179€ pour le modèle de base, à 649€ pour les plus luxueux. Vu la superbe palette des premiers prix, inutile d’investir plus, selon nous, le modèle de base fait largement l’affaire. Cher ? Pas vraiment vu ses avantages et plutôt un bon investissement comparé à un fauteuil de bureau ergonomique dont les prix tournent en moyenne autour de 150€, voire beaucoup plus.
Au quotidien, comment s’y prendre avec ce nouvel accessoire ?
- Bien régler la hauteur du ballon (contrairement à l’idée reçue selon laquelle il faut avoir les genoux à 90°, les genoux doivent être plus bas que le bassin ce qui permet de débloquer le complexe lombo-sacré, gardant le bassin mobile).
- Bien régler la distance entre le ballon et le bureau
- Garder les deux pieds à plat au sol (vous allez être en permanence en train du bouger lorsque vous êtes assis)
- Bien poser ses coudes et ses avant-bras sur le bureau pour être bien relâché à niveau des épaules
- Régler l’écran à la bonne hauteur. En termes de fatigue visuelle, des conseils spécifiques sont à apporter, notamment détourner régulièrement les yeux des écrans, pour accommoder les muscles de l’oeil à une vision plus en profondeur entre autres.
Les 5 exercices à faire au quotidien proposés par Kévin Rayess
1er exercice : équilibre + renfort du complexe lombo-sacré. À réaliser 3×30 secondes de chaque côté.
2e exercice : parfaitement adapté pour le renfort de la chaine postérieure + renfort de l’équilibre et de la synchronisation des chaines croisées du dos. À réaliser 3×30 secondes de chaque côté.
3e exercice : gainage classique permettant un renforcement global des chaines motrices et stabilisatrices antérieures. À réaliser 3×30 secondes de chaque côté.
4e et 5e exercices (étirements) : permettent de gagner en souplesse au niveau des lombaires et des hanches. Focus sur la respiration et le relâchement. À réaliser 3×45 secondes par jour.