Les nouvelles de l’aventurier un temps porté disparu, étaient rares depuis juillet, mais son équipe, contactée ce matin, vient enfin de nous en donner. Parti en mer le 15 juin dernier depuis le Massachusetts, aux États-Unis, pour rejoindre le Finistère en solitaire à la rame, Guirec Soudée ne cesse d’être confronté à des vents contraires, retardant son arrivée prévue initialement début septembre. Le Breton, qui en est à son 86ème jour d’expédition en solitaire et en autonomie, se rapproche progressivement de son point d’arrivée, à Brest. Il y a 5 jours, il se trouvait à 991 km des côtes finistériennes. Son arrivée, qui s’annonce déjà comme un événement, est imminente. A moins que les marées d’équinoxe ne s’en mêlent.
Le défi de traverser l’Atlantique à la rame, entre le Massachusetts et la Bretagne en solitaire et sans assistance, était déjà de taille. Mais c’était sans compter sur une tempête qui, depuis samedi 3 juillet, a noyé son téléphone satellite, le privant des données GPS et météorologiques. Depuis, Guirec Soudée réalise sa traversée « à l’aveugle » en ce qui concerne la météo, et se dirige à l’aide de son compas. Seule sa radio VHF lui permet d’alerter les navires à 2 ou 3 milles nautiques de sa présence et de communiquer son état et sa position à son équipe, qui l’attend impatiemment en Bretagne.
Mais contre vents et marées, l’aventurier breton persiste. Après 86 jours en mer, le voilà à l’approche des côtes bretonnes. Enfin, c’est ce qu’espère son équipe, qui a reçu de ses nouvelles pour la dernière fois le 5 septembre. « Il a croisé un cargo, à qui il a pu demander via sa radio VHF de nous envoyer un mail de sa part », explique Alice Claeyssens, membre de l’équipe du marin, chargée de la logistique de l’aventure, qui nous partage son message :
I’m fine, I had 2 weeks of bad weather, my present position is : latitude 48°21 nord et longitude 018°18 Ouest. I will be arrived soon to France, all is OK and safe !
Son équipe estime son arrivée pour la dernière semaine de septembre. « Il ne faut pas que ce soit plus tard, d’abord pour qu’il ne manque pas de vivres, mais aussi parce qu’il entrerait dans la période où il ne faut plus être sur l’eau : passé fin septembre, c’est le pic de la saison cyclonique, qui peut lui renvoyer de grosses dépressions. C’est ce qu’on appelle les marées d’équinoxe, ce sont les plus fortes de l’année avec de gros coefficients de marée, qui reviennent tous les 6 mois, vers mars et septembre en général », poursuit Alice Claeyssens.
Si la météo s’est déjà acharnée contre Guirec Soudée depuis le début de son aventure, le manque de vivres pourrait devenir un nouvel obstacle au navigateur. « Pour comparer, il avait réalisé sa première traversée de l’Atlantique en 74 jours. Là on en est à 86, il risque de passer la barre des 100 jours. À son départ, on a fait en sorte qu’il ait assez de nourriture pour tenir jusqu’au 20 septembre, mais s’il arrive plus tard, il va devoir trouver un autre moyen pour se rationner. On espère qu’il pêche un peu, ou qu’il arrive à demander à des bateaux de lui balancer un paquet de nourriture par dessus bord. »
Aidé seulement de son compas pour se diriger, Guirec Soudée reste largement influencé par la météo pour progresser. Contrairement à un voilier, qui possède une quille pour faire office d’anti-dérive, son rameur n’en a pas. « 80% de sa trajectoire est tracée par la nature », rappelle Alice Claeyssens, qui explique que « pendant une semaine, il ne pourra pas progresser vers l’est, à cause de vents assez soutenus. Même s’il a atteint la latitude de Brest, il lui reste au moins 500 milles. Il n’est pas encore sur le plateau continental, mais quand il y sera, les courants seront plus forts, il va arriver comme il est parti : au gré des courants. On n’est même pas sûrs qu’il arrive vraiment à Brest, mais on l’espère. »
Malgré le manque de communication avec la terre depuis deux mois maintenant, le navigateur poursuit sa route coûte que coûte. Si son silence radio pendant des jours entiers a fortement inquiété son équipe, ses proches et les personnes qui suivent son aventure, le voilà bientôt arrivé au bout d’un périple « en naviguant à l’ancienne, comme il y a 60 ans ».
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