Malgré le froid polaire, les vents violents, le peu de nourriture restant et les débuts d’engelures, Mike Horn et Borge Ousland ont décidé de poursuivre leur périple à travers l’Arctique et de rallier leur point d’extraction sans aide extérieure.
Non, il n’y a jamais eu de SOS lancé par les deux explorateurs. Oui, l’eau mouille et est plutôt très froide en cette saison sous la fine couche de glace qui compose la banquise lorsque celle-ci craque sous le poids des aventuriers et de leurs traîneaux. Oui, Mike est tombé dans cette eau glacée – comme cela lui était déjà arrivé à maintes reprises au cours de ses précédentes expéditions : de 2002 à 2004 lorsqu’il parcourait les 20 000 kilomètres autour du cercle polaire arctique, puis en 2006 déjà avec Borge Ousland lorsque les deux aventuriers ralliaient le pôle Nord de nuit. « Il était plus facile de mourir que de rester vivant… », déclarait Mike à son arrivée.
Le Sud-africain souffre d’engelures aux doigts et au nez, ce qui atténue sa sensibilité, les deux hommes affirment être « affaiblis » par leur exténuante épopée, mais en dépit de ce constat médical, ils ont décidé de poursuivre leur itinéraire jusqu’au point d’extraction matérialisé par le voilier Pangaea. L’équipe de Mike Horn est arrivée au nord de la Norvège aujourd’hui et se prépare à faire cap vers les Spitzberg puis la banquise. Le navire de Mike va briser la glace au maximum de ses possibilités pour aller les retrouver.
« Nous nous sentons inarrêtables »
Jessica, la fille de Mike, nous a informé tôt ce matin que son équipe réfléchissait à toutes les éventualités si jamais Mike et Borge venaient à déclencher un secours d’urgence. La dernière publication de Mike Horn ne semble pas prendre cette direction comme il l’explique : « Après les interminables obstacles et difficultés de la semaine dernière, nous sommes contents de repartir sur une nouvelle semaine avec un nouvel état d’esprit. Aujourd’hui, malgré nos plaies et notre grande fatigue, nous nous sentons inarrêtables. Nous savons que la fin est proche alors nous devons rassembler les forces qu’il nous restent et nous battre pour y arriver ».
Les deux explorateurs ont essuyé ce week-end une forte tempête qui les a poussés à rester cloîtrer dans leur tente, et qui dans le même temps leur a redonné le moral, puisque ce sont des vents les poussant vers le Sud, la direction de leur extraction de cet enfer blanc. Mike et Borge n’ont plus qu’une semaine de nourriture avec eux car ils avaient initialement prévu de terminer leur expédition mi-novembre mais les conditions météorologiques et la dérive des glaces défavorable à leur progression leur ont rendu le trajet plus long.
Affublés de leurs jumelles infrarouges, Borge et Mike tentent de définir le meilleur itinéraire possible pour passer en ski sans que la glace ne se rompe. Il fait noir à cette époque au pôle Nord et les températures descendent à -34°C comme l’écrit Borge Ousland dans son dernier message. Les deux hommes se disent satisfaits d’avoir parcouru 19 kilomètres aujourd’hui même si la glace est de plus en plus instable et fine. « La glace s’est brisée sous mes skis », déplore le Norvégien, spécifiant qu’il s’en était tiré cette fois-ci en toute sécurité.
« Les choses ont été un peu folles ces derniers jours »
L’emballement médiatique autour de l’explorateur sud-africain et de son compère norvégien a atteint des sommets ce weekend. Tout a été dit et aussi un peu n’importe quoi. Le charismatique aventurier fait vendre et dépasse aujourd’hui largement le cadre strict des amoureux de l’outdoor. Titres racoleurs, envoi d’un SOS, secours en cours… Non. Rien de tout ça n’est arrivé confirment nos sources, venues directement de la famille de Mike, des équipes des aventuriers et du centre de coordination de sauvetage en Norvège du nord.
Ce matin, Jessica confiait que « les choses ont été un peu folles ces derniers jours » à propos de cet emballement. Même si tout est exténuant, harassant et fatiguant sur une traversée de ce type sur le pôle Nord à l’approche de l’hiver, il est important de souligner que le pedigree des deux aventuriers dépasse la norme. Ils sont rompus à ce genre de climat et à ce type d’effort surhumain. Pour Mike Horn, cette expédition est la plus dure jamais effectuée, rendue davantage compliquée par le réchauffement climatique et les conditions météorologiques. Si l’adage « le calme avant le tempête » n’est plus à prouver, souhaitons-leur le retour de la quiétude. « On peut dire que j’ai eu des week-ends plus faciles dans ma vie d’explorateur », a souri l’explorateur.
Photo d'en-tête : Mike Horn- Thèmes :
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