Si votre charge d’entraînement dépasse votre temps récupération, vous risquez le surentraînement. Et si vous vous alimentez mal, que votre apport énergétique est régulièrement inférieur aux besoins liés aux entraînements, vous pourriez être confronté au syndrome REDs. Dans les deux cas vous rompez l’équilibre qui mène à la progression. En d’autre terme, vos entraînements seront contreproductifs et vous régresserez. « La performance véritable, celle qui perdure, repose sur un équilibre subtil entre le stress que le corps accepte de supporter et le soin que l’on accorde à sa récupération » rappelle Eric Lacroix, entraîneur et préparateur mental qui accompagne des athlètes de tous niveaux, dans un long article au cours duquel il donne les clés pour préserver cet équilibre fragile mais non moins crucial.
S’entraîner en endurance : Entre gloire et épuisement
L’endurance, essence de la performance sportive, incarne une lutte silencieuse contre la fatigue et un effort inlassable de la volonté et du corps pour avancer malgré tout. Dans les sports d’endurance, cet engagement se mesure non seulement en kilomètres parcourus ou en heures d’entraînement, mais aussi dans cette capacité presque inhumaine à prolonger l’effort, à s’installer dans la fatigue et à résister, longtemps, sans fléchir.
L’endurance musculaire, à la base de cette force, repose sur des processus internes invisibles mais cruciaux : la mobilisation des réserves énergétiques, l’optimisation des systèmes métaboliques, la robustesse des muscles.
Pourtant, cette quête de performance sans relâche impose au corps et à l’esprit un risque permanent de dépassement. Ainsi, deux phénomènes se dressent comme les conséquences extrêmes de cette ambition : le surentraînement et le syndrome de déficit énergétique relatif (REDs).
Le surentraînement se manifeste lorsqu’un déséquilibre s’installe entre la charge d’entraînement et le temps de récupération. Poussant les athlètes à bout, il les laisse dans un état de fatigue prolongée, où la performance ne parvient plus à s’élever malgré des phases de repos.
Quant au syndrome REDs, il va plus loin encore dans l’épuisement des ressources, perturbant non seulement la performance physique mais les fonctions vitales elles-mêmes. Causé par une disponibilité énergétique chronique insuffisante pour couvrir les besoins d’entraînement et les fonctions physiologiques de base, REDs dégrade la densité osseuse, le métabolisme hormonal, et même l’immunité.
Ces deux états, bien que parfois confondus, sont en réalité les réponses physiologiques à des mécanismes et à des déséquilibres différents, mais partagent un impact commun : la dégradation de la santé et la performance de l’athlète.
Dans un monde où la performance est une course constante contre ses propres limites, la compréhension de ces phénomènes, de leurs causes profondes et des signaux d’alerte, devient essentielle.
Entretenir l’endurance sans franchir le seuil du déséquilibre, c’est là le défi ultime. Car la performance véritable, celle qui perdure, repose sur un équilibre subtil entre le stress que le corps accepte de supporter et le soin que l’on accorde à sa récupération.
Qu’est-ce que l’endurance et l’endurance musculaire ?
L’endurance, cette capacité fascinante du corps humain à prolonger l’effort et à défier la fatigue, est l’un des piliers de la performance physique. Elle est bien plus qu’un simple attribut physique : elle incarne une alliance subtile entre la robustesse du corps et la détermination de l’esprit.
Maintenir une activité prolongée, c’est repousser, minute après minute, les signaux d’abandon que le corps envoie, pour continuer à avancer là où l’épuisement semble inéluctable. Dans des disciplines comme la course à pied ou le trail, l’endurance met à l’épreuve la durabilité de chaque fibre, de chaque pensée, révélant une harmonie entre persévérance mentale et robustesse physiologique.
L’endurance musculaire, composante essentielle de cette qualité, agit comme le moteur localisé de la performance. Elle représente la capacité des muscles à maintenir une contraction ou à répéter un effort sur une longue durée sans céder.
Ce phénomène repose sur des mécanismes biologiques minutieux : l’apport énergétique constant, la gestion des sous-produits métaboliques tels que les ions H⁺, et la puissance des fibres musculaires lentes, véritables gardiennes de la longévité de l’effort.
Dans les sports d’endurance, chaque foulée, chaque mouvement compte, et l’endurance musculaire devient donc le fondement invisible, mais crucial, de la gestion de la fatigue. C’est elle qui, dans le feu de l’action, transforme un corps ordinaire en une machine capable de durer.
Le rôle des mitochondries : Entre adaptation et dysfonctionnement
Au sein des fibres musculaires, les mitochondries jouent un rôle essentiel dans l’endurance, agissant comme de véritables « centrales énergétiques » cellulaires. Leur mission principale est de produire l’ATP (adénosine triphosphate), la monnaie énergétique universelle nécessaire aux contractions musculaires, via le métabolisme aérobie.
Cette production est le pilier de la performance en endurance, où chaque mouvement dépend de l’efficacité des mitochondries à fournir de l’énergie tout en retardant l’apparition de la fatigue. Comme le soulignent Brooks et Mercier (1994), « l’efficacité mitochondriale est l’un des principaux déterminants de la capacité d’endurance ».
Un entraînement d’endurance régulier induit une adaptation cruciale : l’augmentation de la densité mitochondriale, particulièrement dans les fibres musculaires de type I (fibres lentes). Cette densité accrue permet une utilisation plus efficace des glucides et des lipides comme carburants, réduisant ainsi la dépendance au métabolisme anaérobie. Comme démontré par Holloszy (1967), cette amélioration contribue à limiter la production de lactates et d’ions H⁺, deux facteurs responsables de l’acidification musculaire et de la fatigue.
Prenons l’exemple des coureurs d’élite. Leur entraînement structuré et prolongé dans les zones d’intensité basse à modérée favorise la stimulation de la biogenèse mitochondriale via l’activation de PGC-1α, un régulateur clé. Selon Lievens et al. (2020), cette adaptation permet non seulement une endurance prolongée mais aussi une meilleure capacité à supporter des efforts intenses grâce à une efficacité énergétique optimisée.
Quand les mitochondries fléchissent c’est le surmenage
Ce système si bien orchestré se trouve mis à rude épreuve en cas de surcharge d’entraînement. Une charge excessive ou mal calibrée, sans récupération suffisante, dépasse les capacités adaptatives des mitochondries face à une demande énergétique croissante. Cette situation entraîne une accumulation de sous-produits métaboliques tels que le lactate et les radicaux libres, signalant le début d’un dysfonctionnement mitochondrial. Ce phénomène marque souvent le surmenage fonctionnel, une étape où la fatigue dépasse temporairement les capacités d’adaptation physiologique. Cependant, si cette surcharge est suivie d’une récupération adéquate, elle peut paradoxalement induire des adaptations bénéfiques, notamment une densité mitochondriale accrue et une tolérance améliorée à l’effort.
Quand le dysfonctionnement devient chronique c’est le surentraînement
En revanche, une gestion de cette phase de surmenage peut basculer l’athlète vers le syndrome de surentraînement. Dans ce cas, les mitochondries, constamment surchargées, voient leur efficacité diminuer drastiquement, limitant la production d’ATP. Ce déséquilibre chronique aggrave l’accumulation des déchets métaboliques, favorisant l’apparition de dommages oxydatifs et de troubles systémiques.
Meeusen et al. (2013) décrivent cette situation comme un cercle vicieux où le stress métabolique chronique affecte les fonctions immunitaires, endocriniennes et psychologiques, manifestant des symptômes tels que la fatigue persistante, les troubles du sommeil et une baisse prolongée de performance.
Les mitochondries se trouvent au carrefour de l’adaptation et du dysfonctionnement dans l’endurance. Bien qu’elles soient les garantes de la performance prolongée, leur rôle souligne également les limites que l’organisme impose lorsqu’il est soumis à des charges excessives. Comme le rappelle Seiler (2010), « l’entraînement d’endurance est un art subtil d’équilibrer le stress et la récupération ».
La santé et la performance à long terme des athlètes dépendent donc de cet équilibre délicat, où les mitochondries illustrent à la fois la puissance et la fragilité de la physiologie humaine.
Rôle des mitochondries
- Les sportifs les plus performants en endurance possèdent des capacités mitochondriales développées.
- La mitochondrie est cruciale pour la production d’énergie, en particulier dans les sports d’endurance.
- La biogenèse mitochondriale est la formation de nouvelles mitochondries, essentielle pour l’amélioration de l’endurance.
Surentraînement : Quand la charge dépasse la récupération
Dans l’univers des sports d’endurance, le surentraînement représente une frontière invisible mais cruciale : celle où l’effort ne mène plus à la progression, mais à la régression. Décrit comme un déséquilibre prolongé entre la charge d’entraînement et les capacités de récupération, ce phénomène peut transformer une quête de performance en un chemin semé de fatigue chronique, de blessures et de perte de motivation.
Les 2 visages du surentraînement
1. La surcharge fonctionnelle ou « l’ombre bénéfique»
La surcharge fonctionnelle est une phase transitoire de fatigue où la performance diminue temporairement avant de rebondir grâce à une récupération adéquate. Cette approche, parfois intentionnelle, est un levier clé de nombreux plans d’entraînement : elle stimule des adaptations physiologiques telles que l’augmentation de la densité mitochondriale ou l’amélioration de la VO₂ max. Comme le souligne Foster et al. (1998), cette stratégie de « stress-récupération » repose sur une planification minutieuse pour éviter qu’elle ne bascule vers des excès dommageables.
Un exemple concret de surcharge fonctionnelle maîtrisée peut être illustré par la préparation d’un marathonien élite. À trois semaines de sa compétition cible, il entre dans une phase dite de « bloc de charge », où il enchaîne des sessions très intenses sur plusieurs jours, incluant des sorties longues à allure spécifique et des séances fractionnées à haute intensité.
Durant cette période, sa charge d’entraînement dépasse ses capacités habituelles, entraînant une fatigue physique et mentale notable, et une performance temporairement réduite, par exemple une baisse de sa vitesse moyenne sur les sorties légères ou une fréquence cardiaque légèrement plus élevée au repos.Cependant, cette surcharge est suivie d’une phase de récupération active : réduction progressive du volume et de l’intensité des entraînements (tapering). Ce protocole permet à son organisme de surcompenser : ses mitochondries s’adaptent en augmentant leur densité et efficacité, et sa VO₂ max s’améliore. Ainsi, le jour de la course, il atteint un pic de forme, capable de maintenir une intensité plus élevée pendant une durée prolongée.
Ce cycle d’entraînement illustre comment une surcharge fonctionnelle, intentionnelle et bien calibrée, peut transformer le stress de l’entraînement en un moteur de progression tout en minimisant le risque de basculer dans le surentraînement.
2. Le syndrome de surentraînement (OTS) ou « la façade sombre»
À l’inverse, le syndrome de surentraînement (Overtraining Syndrome, ou OTS) survient lorsque les mécanismes d’adaptation cèdent sous une charge excessive et mal contrôlée. Contrairement à la surcharge fonctionnelle, l’OTS entraîne une baisse de performance persistante, même après une réduction des charges d’entraînement. Ce syndrome peut s’étendre sur des semaines, voire des mois, accompagné de symptômes variés : fatigue chronique, troubles du sommeil, irritabilité, dépression, et un manque de motivation qui pousse parfois les athlètes à abandonner. Meeusen et al. (2013) décrivent ce phénomène comme un « effondrement systémique » impliquant des perturbations métaboliques, immunitaires et psychologiques.
Un exemple de syndrome de surentraînement (OTS) peut être observé chez un triathlète amateur préparant un Ironman. Motivé par l’objectif de performer, il décide d’intensifier son entraînement en combinant des séances de natation, vélo et course à pied à haute intensité, parfois deux fois par jour, sans intégrer de jours de repos dans son programme. Cette charge d’entraînement excessive s’étend sur plusieurs semaines, sans ajustement malgré des signaux de fatigue croissants.
Au début, il constate une légère baisse de performance, qu’il attribue à un manque temporaire de récupération. Cependant, après plusieurs semaines, il souffre de fatigue constante, son rythme cardiaque au repos reste élevé, et il ressent des douleurs musculaires persistantes. Sa performance continue de décliner, notamment une incapacité à maintenir ses allures habituelles en course ou à terminer des séances longues. En parallèle, des troubles du sommeil apparaissent, et il devient irritable, perd sa motivation et commence à ressentir une humeur dépressive.
Même en réduisant son entraînement, ces symptômes persistent sur plusieurs mois, impactant non seulement sa performance sportive mais aussi sa vie quotidienne. Les analyses révèlent des niveaux de cortisol élevés, une altération de la fonction immunitaire (plusieurs rhumes successifs), et des signes de déséquilibre hormonal. Ce tableau illustre un cas typique de syndrome de surentraînement, où l’absence d’équilibre entre charge et récupération conduit à un « effondrement systémique », nécessitant une prise en charge médicale et une pause prolongée pour rétablir l’équilibre physiologique et psychologique.
Le surentraînement, par l’activation prolongée de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, va aussi perturber la sécrétion hormonale en augmentant les niveaux de cortisol et en inhibant la production de testostérone ou d’œstrogènes. Ce déséquilibre peut entraîner un hypogonadisme fonctionnel (1), se traduisant par une fatigue accrue, une perte de masse musculaire, et des troubles de la reproduction. Ce phénomène souligne les limites biologiques de l’adaptation face à une surcharge chronique.
Les causes sous-jacentes du surentraînement: Une fragile alchimie
Le surentraînement est un phénomène multifactoriel où plusieurs éléments convergent pour rompre l’équilibre entre stress et récupération :
- Un certain déséquilibre entre la charge et la récupération: L’enchaînement de séances intenses sans temps de repos suffisant est souvent la cause première. Dans des sports comme le trail ou le triathlon, où les charges cumulées sur de longues semaines sont monnaie courante, la récupération devient le parent pauvre de la planification. Comme l’ont observé Aubry et Hausswirth (2016), les réponses physiologiques initiales au surentraînement, telles qu’une augmentation de la fréquence cardiaque au repos, précèdent souvent les baisses drastiques de performance.
- Une récupération perturbée par des facteurs externes:Les perturbations du sommeil, souvent sous-estimées, amplifient l’impact de la fatigue. Une étude de Le Meur et al. (2016) a montré que des athlètes surentraînés souffrent fréquemment d’une altération de la qualité et de la durée du sommeil, réduisant leur capacité de régénération. Ajoutez à cela des périodes de stress prolongé ou des responsabilités non liées à l’entraînement (travail, études), et le risque augmente de manière exponentielle.
- Une nutrition inadaptée: Bien que la nutrition ne soit pas la cause principale du surentraînement, un apport calorique insuffisant pour soutenir les charges élevées peut aggraver le déséquilibre. L’insuffisance énergétique chronique peut non seulement limiter les capacités de récupération, mais aussi déclencher des perturbations hormonales, exacerbant les symptômes.
Pour résumer, il semble nécessaire d’apprendre à reconnaître les signaux. En effet le surentraînement est un rappel constant que la progression n’est pas linéaire, mais cyclique, nécessitant des phases d’effort et de repos soigneusement orchestrées.
Comme le rappelle Seiler (2010), « l’équilibre entre charge et récupération est aussi crucial que l’intensité du travail lui-même« . Identifier les signes précoces et comprendre les mécanismes sous-jacents permet aux athlètes, comme à leurs entraîneurs, de transformer la surcharge en un outil de progression, plutôt qu’en un piège menant à l’effondrement.
Aspect | Surcharge Fonctionnelle | Syndrome de Surentraînement (OTS) |
---|---|---|
Définition | Fatigue temporaire due à une charge d’entraînement élevée. | Déséquilibre chronique entre charge et récupération, affectant durablement les performances. |
Caractéristiques | – Baisse temporaire de performance. | – Baisse prolongée de performance malgré une diminution de la charge. – Symptômes systémiques (fatigue, troubles du sommeil, irritabilité). |
Durée | Quelques jours à une semaine. | Plusieurs semaines à plusieurs mois. |
Résolution | Récupération adéquate et planifiée. | Repos prolongé et ajustements importants du programme d’entraînement. |
Utilité | Intentionnelle dans le cadre d’une planification pour stimuler les adaptations physiologiques. | Non intentionnel, entraîne une stagnation ou une régression. |
Causes principales | – Enchaînement de charges élevées.- Récupération partiellement insuffisante. | – Charges cumulées excessives. – Récupération inadéquate prolongée. – Facteurs aggravants (stress, nutrition insuffisante). |
Exemples | – Fractionnés intensifs suivis de récupération active. | – Enchaînement de compétitions sans repos. – Charges mal planifiées et nutrition déficiente. |
Symptômes associés | – Fatigue physique modérée.- Performances fluctuantes. | – Fatigue chronique. – Troubles du sommeil. – Irritabilité, manque de motivation.- Dépression potentielle. |
Effets sur le corps | – Augmentation de la densité mitochondriale.- Meilleure tolérance à l’effort. | – Dysfonction mitochondriale. – Accumulation de déchets métaboliques. – Perturbations hormonales et immunitaires. |
Interventions nécessaires | – Réduction temporaire de la charge. | – Repos prolongé. – Consultation médicale pour les cas sévères. – Révision globale de la planification. |
Tableau synthétisant les éléments sur le surentraînement, ses niveaux, caractéristiques, causes et exemples. Il illustre clairement les différences entre la surcharge fonctionnelle,phase souvent positive, et le syndrome de surentraînement, une situation à éviter.
Syndrome REDs : Un Déficit énergétique systémique
Le Syndrome de Déficit Énergétique Relatif dans le Sport (REDs), introduit par le Comité International Olympique en 2014, illustre l’impact d’une faible disponibilité énergétique sur les fonctions physiologiques et la santé globale des athlètes. Contrairement à une simple insuffisance calorique temporaire, le REDs résulte d’un déséquilibre prolongé entre les apports énergétiques et les besoins liés à l’entraînement, affectant de multiples systèmes corporels.
Cette condition est désormais reconnue comme un enjeu majeur dans le domaine de la performance sportive et de la santé des athlètes, et son étude a considérablement évolué, comme en témoigne la déclaration de consensus du CIO de 2023, publiée dans le British Journal of Sports Medicine.
Mécanismes et symptômes
Le REDs est principalement causé par une faible disponibilité énergétique (LEA), définie comme l’énergie restante après l’effort pour maintenir les fonctions physiologiques de base. Lorsque cette disponibilité devient insuffisante de manière chronique, le corps entre en « mode économie d’énergie », limitant les processus non essentiels pour préserver les fonctions vitales.
Symptômes Clés
- Physiologie : Fatigue persistante, diminution de la densité minérale osseuse, troubles gastro-intestinaux, et altération des performances.
- Endocriniens : Dysrégulation hormonale, aménorrhée fonctionnelle chez les femmes, baisse de la testostérone chez les hommes.
- Immunitaires : Vulnérabilité accrue aux infections et retards dans la guérison des blessures.
- Psychologiques : Irritabilité, troubles de l’humeur, anxiété, et dépression.
- Cardiovasculaires : Hypotension et risque accru de troubles cardiaques.
- Ces symptômes soulignent l’impact systémique du REDs, qui dépasse largement le cadre de la performance sportive pour affecter profondément la santé globale de l’athlète.
Comparaison avec le surentraînement
Bien que le REDs et le surentraînement partagent des symptômes tels que la fatigue et la diminution des performances, leurs mécanismes sous-jacents diffèrent fondamentalement. Le surentraînement découle d’une surcharge d’entraînement et d’une récupération insuffisante, tandis que le REDs résulte d’un déficit énergétique chronique.
Les hormones et le REDs : Un messager déséquilibré
Le système endocrinien, régulateur de nombreuses fonctions corporelles, est profondément affecté par le REDs comme par exemple :
- Les œstrogènes et santé osseuse : Chez les femmes, une diminution des œstrogènes réduit la densité osseuse, augmentant le risque de fractures de fatigue.
- Cortisol et stress : Un niveau élevé de cortisol, souvent associé au stress chronique et au REDs, amplifie la dégradation musculaire et freine la récupération.
- Leptine et métabolisme : Une réduction de la leptine, hormone clé de la satiété, entraîne des perturbations métaboliques.
Ainsi que le souligne Dauvergne et al. (2024) dans leur article du British Journal of Sports Medicine, le REDs agit en tant que « cascadeur silencieux », impactant une multitude de systèmes via des interactions hormonales complexes.
Aussi, le nouveau modèle physiologique REDs présenté par le CIO (2023) met en lumière une faible disponibilité énergétique pouvant être transitoire et adaptable. Toutefois, lorsqu’elle devient problématique, elle déclenche une cascade de déséquilibres. Ce modèle insiste sur la nécessité de différencier les adaptations physiologiques normales des désadaptations pathologiques.
Le REDs n’est pas une fatalité, mais un signal d’alarme sur l’importance de la nutrition adaptée, de la récupération et d’une gestion raisonnée des charges. En comprenant ses mécanismes et ses impacts systémiques, athlètes, entraîneurs et professionnels de la santé peuvent mieux prévenir ce syndrome et préserver le délicat équilibre entre performance et santé.
Prévention et gestion du Syndrome REDs : Une approche intégrée et proactive
La prévention et la gestion du syndrome REDs s’appuient sur une approche holistique et multidisciplinaire pour équilibrer santé et performance. Inspirées des recommandations du Comité International Olympique (2023), ces stratégies visent à prévenir les déséquilibres énergétiques et leurs conséquences systémiques en combinant éducation, surveillance et interventions adaptées.
Un des piliers essentiels réside dans la surveillance nutritionnelle. Il est crucial de garantir un apport énergétique en adéquation avec les besoins spécifiques de l’entraînement, tout en évitant les régimes restrictifs non supervisés. Par exemple, un athlète de triathlon engagé dans une période de charge intense peut collaborer avec un nutritionniste pour intégrer des repas riches en glucides complexes et en protéines, évitant ainsi les carences énergétiques.
De même, dans des sports d’endurance, où parfois le contrôle du poids est souvent mis en avant, des séances éducatives peuvent sensibiliser les jeunes athlètes aux dangers d’un apport calorique insuffisant, renforçant ainsi une approche axée sur la santé.
Le suivi physiologique est également un outil clé pour détecter les signes précoces du REDs. Chez les femmes, par exemple, un suivi des cycles menstruels peut identifier une aménorrhée hypothalamique, souvent associée à une faible disponibilité énergétique.
Pour les athlètes masculins, des indicateurs tels qu’une baisse de la libido ou une récupération insuffisante après l’effort peuvent être des signaux d’alerte. Des technologies comme la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV) offrent une mesure objective du stress physiologique global. Un athlète d’endurance présentant une baisse persistante de cet indicateur pourrait ainsi bénéficier d’une réduction de sa charge d’entraînement et d’un soutien nutritionnel accru.
La gestion du REDs nécessite une réponse coordonnée impliquant médecins, nutritionnistes, psychologues et entraîneurs. Par exemple, une marathonienne présentant des fractures de fatigue peut voir son programme d’entraînement adapté pour réduire l’impact mécanique, tout en travaillant avec un nutritionniste pour combler ses déficits caloriques et avec un psychologue pour traiter une éventuelle perception négative de son corps. Cette approche globale favorise une récupération complète et prévient la récidive.
Enfin, une sensibilisation continue est essentielle pour bâtir une culture sportive durable. Intégrer des modules éducatifs sur la nutrition et la récupération dans les programmes de formation des jeunes athlètes peut aider à poser les bases d’une carrière sportive saine.
En insistant sur l’importance de la santé à long terme, il est possible de transformer les environnements sportifs en espaces où l’équilibre énergétique et le bien-être global sont des priorités, permettant à chaque athlète d’atteindre son potentiel tout en préservant sa résilience physique et mentale.
Aspect | Mesures clés | Objectifs |
---|---|---|
Surveillance nutritionnelle | – Garantir un apport énergétique suffisant en fonction des besoins d’entraînement. – Éviter les régimes restrictifs non supervisés, particulièrement en périodes de forte charge. | – Prévenir la faible disponibilité énergétique. – Maintenir un équilibre nutritionnel optimal. |
Planification et Éducation | – Organiser des sessions éducatives sur la nutrition et la récupération.- Sensibiliser aux signes avant-coureurs du RED-S (fatigue persistante, troubles menstruels, baisse de performance). | – Promouvoir une meilleure compréhension des risques. – Encourager une détection précoce. |
Monitoring physiologique | – Suivre les cycles menstruels chez les femmes.- Utiliser des outils comme la HRV (variabilité de la fréquence cardiaque) pour évaluer le stress global. | – Identifier les signes physiologiques de déséquilibre. – Ajuster les charges d’entraînement en temps réel. |
Gestion multidisciplinaire | – Inclure une équipe pluridisciplinaire (médecin, nutritionniste, kinésithérapeute). – Adopter une approche holistique (nutrition, repos, gestion du stress). | – Fournir un suivi complet et coordonné. – Répondre aux besoins spécifiques de chaque athlète. |
Nutrition | – Réévaluer les apports caloriques. – Inclure des aliments riches en micronutriments essentiels (fer, calcium, vitamine D). | – Restaurer les niveaux énergétiques. – Renforcer la densité osseuse et le métabolisme général. |
Réduction de la charge | – Adapter l’entraînement pour réduire le stress physiologique. – Introduire des périodes de repos actif. | – Favoriser la récupération.- Réduire le risque de blessures ou de fatigue chronique. |
Suivi médical | – Contrôler régulièrement la densité osseuse. – Évaluer les niveaux hormonaux et les biomarqueurs immunitaires. | – Prévenir les effets à long terme sur la santé. – Détecter les anomalies métaboliques et endocriniennes. |
Syndrome REDs: Aspects, et mesures préventives
Pour conclure: L’Endurance navigue entre performance et robustesse
L’endurance, telle qu’on la perçoit dans le prisme des sports d’ultra distance, n’est pas qu’une simple quête de performance. Elle est aussi un dialogue intérieur, un effort de réconciliation entre le corps et l’esprit, souvent poussé à la limite de la rupture.
Comme le décrit Sylvain Tesson, « L’effort extrême est une esthétique : un art de poser le pied, un style dans la persévérance, une manière de tenir. » (Les Chemins noirs, 2016). Cette réflexion illustre parfaitement la dualité de l’endurance : une science de l’adaptation physique et une aventure profondément humaine.
Dans le labyrinthe des sports d’endurance, le chemin vers l’excellence n’est jamais linéaire, entre la robustesse et la fragilité, entre l’envie de dépasser ses limites et la prudence d’éviter la cassure. Les mitochondries s’activent, les hormones se réajustent, mais tout ce système sophistiqué a ses limites, imposées par la biologie elle-même.
Apprendre à entendre les murmures de son corps, à respecter ses silences, c’est embrasser l’endurance comme un art de vivre. Dans cette quête, la récupération n’est pas un luxe, mais une nécessité. Les phases de repos, souvent décriées, ne sont pas des pauses dans l’effort, mais les espaces où l’effort trouve son sens. C’est là que l’équilibre se restaure, que l’énergie se régénère, et que l’on apprend à transformer le stress de l’entraînement en robustesse.
En fin de compte, l’endurance est un miroir. Elle reflète notre capacité à durer, non seulement dans le sport, mais aussi dans la vie. Elle enseigne que le dépassement de soi est une danse délicate entre le contrôle et l’abandon, entre l’ascension et la retenue. Ceux qui l’embrassent savent que, dans l’effort comme dans la vie, l’important n’est pas seulement de continuer, mais de continuer avec justesse.
Voir aussi ⎮ Récupération, conduites déviantes et santé mentale dans l’ultra distance
(1) Hypogonadisme dans le cadre du surentraînement et du RED-S
Définition générale :L’hypogonadisme désigne un dysfonctionnement des glandes gonadiques (testicules chez les hommes, ovaires chez les femmes), conduisant à une production insuffisante d’hormones sexuelles (testostérone ou œstrogènes). Dans le contexte sportif, il peut survenir comme une conséquence du surentraînement ou du syndrome de déficit énergétique relatif (RED-S), lorsque des déséquilibres énergétiques et hormonaux perturbent la fonction reproductive.
Hypogonadisme dans le surentraînement :
1. Mécanisme physiopathologique :
• Le surentraînement, caractérisé par un stress métabolique et psychologique chronique, active l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), augmentant la sécrétion de cortisol (hormone du stress).
• Le cortisol, en excès prolongé, inhibe l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique (HHG), réduisant la libération de la GnRH (gonadotropin-releasing hormone).
• Cela entraîne une diminution des gonadotrophines (LH et FSH), et par conséquent, une baisse de la production de testostérone chez les hommes et d’œstrogènes chez les femmes.
2. Symptômes associés :
Chez les hommes :
• Baisse de libido.
• Diminution de la fréquence des érections matinales.
• Fatigue accrue et perte de masse musculaire.
Chez les femmes :
• Troubles menstruels (aménorrhée hypothalamique fonctionnelle).
• Ostéopénie ou ostéoporose (due à la baisse des œstrogènes).
3. Exemple concret :
Un coureur d’ultra-trail intensifiant son entraînement en vue d’une compétition peut entrer dans un état de surentraînement. S’il néglige les périodes de récupération, il pourrait développer un hypogonadisme transitoire, se traduisant par une diminution des performances et des symptômes hormonaux.
Hypogonadisme dans le RED-S :
1. Mécanisme physiopathologique :
• Le RED-S résulte d’une faible disponibilité énergétique (LEA), c’est-à-dire un apport calorique insuffisant pour couvrir les besoins liés à l’entraînement et aux fonctions physiologiques de base.
• L’organisme, en mode « économie d’énergie », priorise les fonctions vitales (comme le fonctionnement cardiaque et pulmonaire) et réduit les fonctions « non essentielles » telles que la reproduction.
• Cela se traduit par une suppression de l’axe HHG :
– Réduction des niveaux de LH et FSH.
– Diminution de la testostérone chez les hommes et des œstrogènes chez les femmes.
2. Symptômes associés
Chez les hommes :
• Hypogonadisme fonctionnel (faible testostérone) avec perte de masse musculaire et diminution des performances.
Chez les femmes :
• Aménorrhée fonctionnelle (perte des règles) avec des risques accrus d’ostéoporose.
Chez les deux sexes :
• Risque accru de fractures de stress, troubles de l’humeur, et fatigue persistante.
3. Exemple concret :
Une cycliste féminine adoptant un régime hypocalorique pour optimiser son poids pourrait développer une aménorrhée fonctionnelle et une densité osseuse réduite. Cette condition met en lumière la relation entre RED-S, hypogonadisme et impact sur la santé à long terme.
Aspect | Surentraînement | RED-S |
---|---|---|
Origine principale | Stress chronique et surcharge d’entraînement | Faible disponibilité énergétique |
Mécanisme hormonal | Inhibition de l’axe HHG par le cortisol | Suppression de l’axe HHG par la LEA |
Manifestation | Fatigue, irritabilité, baisse de libido | Aménorrhée, hypogonadisme fonctionnel, ostéopénie |
Approche thérapeutique | Réduction de la charge d’entraînement, amélioration du sommeil | Augmentation des apports énergétiques, suivi médical |
Distinctions clés entre surentraînement et RED-S en lien avec l’hypogonadisme
Implications pour les athlètes :
L’hypogonadisme lié au surentraînement et au RED-S met en lumière l’importance de préserver un équilibre entre charge d’entraînement, récupération, et apport énergétique. La surveillance régulière des marqueurs hormonaux, associés à une approche multidisciplinaire, est essentielle pour prévenir les effets délétères à long terme.
Références
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Dauvergne M., Grant M., Mountjoy M. (2024). Déficit énergétique relatif dans le sport (REDs) : le rôle du kinésithérapeute. British Journal of Sports Medicine. Lire
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Photo d'en-tête : UTMB