Décrocher de la vie citadine, s’immerger dans la nature, sans eau ni nourriture? Un fantasme pour beaucoup. Une expérience vécue pour Jennifer Murzeau, écrivain et journaliste, spécialiste des sujets environnementaux. Partie vivre une semaine dans les bois, elle fait l’expérience de la survie et livre son « journal d’une immersion ». Récit mi reportage, mi traité d’écologie nourri de solides références, il se lit comme un roman.
« Je me demande comment on a pu atteindre un tel degré d’incompétence et de dépendance » , écrit Jennifer Murzeau dans « La vie dans les bois », paru chez Allary Editions . « Je ne sais pas faire pousser de légumes, je ne sais pas assurer la substance de ma famille. Je me fournis dans une AMAP, ou des magasins bio. Quelle prouesse! » Un constat accablant pour la journaliste, indigne fille d’un publicitaire et d’une directrice marketing. Alors, ni une, ni deux, ce pur produit des années 80, viré bobo parisienne, fait le grand saut et décide de partir plusieurs jours s’immerger dans la nature avec un hamac, un couteau et François, un guide de survie.
Jusque là tout va bien. Ou plutôt tout va aller mal. Ecartant les stages de survie, jugés trop collectifs, elle a misé sur un tête à tête de cinq jours avec un « survivaliste » repéré sur internet grâce à son blog. « Il est grand, porte un bermuda, des sortes de rangers, une barbe fournie, de longs cheveux bruns et un chapeau d’Indiana Jones. Arrivée à sa hauteur, je lui découvre de tout petits yeux noirs, un peu enfoncés, et un regard plutôt fuyant ». Ca commençait mal. Et ça ira de mal en pis.
Certes elle apprendra au cours de sa descente de la Charente en canoë à dormir dans un hamac, à faire du feu avec du bois humide et à se nourrir de plantes bouillies, mais elle découvrira surtout que l’enfer, c’est les autres. En l’occurence, l’autre, son guide, qui cultive un goût immodéré pour l’Apocalypse.
Jennifer Murzeau poursuivra donc l’aventure, seule, dans les Pyrénées, où elle découvrira l’immensité, la peur, l’orage, la beauté et l’humilité. « Revoir notre rapport à la nature, c’est revoir notre rapport aux autres, à la consommation. C’est une issue, une renaissance, une libération. S’immerger dans la vie sauvage, c’est ressentir cela intimement. Je sais que je retournerai souvent sur ces hauteurs, que je dormirai dehors à nouveau (…). « J’en suis revenue avec une seule envie : repartir », conclut-elle.
« La vie dans les bois » – Jennifer Murzeau – Allary Editions – 240 pages
Photo d'en-tête : Filip Mroz/Unsplash- Thèmes :
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