Comment montrer que la crise environnementale n’est pas forcément synonyme de restriction mais plutôt une opportunité ? C’est le défi qu’Enzo Valax et Benoit Canal ont relevé entre deux compétitions de snowboard. Partis en selle au fin fond de la Norvège pour un périple rocambolesque de 700 km et 26 jours, ils en ont tiré une expérience inoubliable et un film de 26 minutes sélectionné au High Five 2022. Sans prétention, mais tellement vrai.
Ils rêvaient de grosses figures de snow, de voir des aurores boréales et, pourquoi pas… des baleines. Bref un « trip incroyable », mais responsable. L’histoire montrera qu’on ne contrôle pas tout et surtout pas la météo quand en plein été 2022 les snowboarders Enzo Valax et Benoit Canal prennent le train, direction la Norvège, équipés de vélo, packraft et snowboard.
Leur objectif initial ? Faire du snowboard en montagne en dehors des compétitions, explique Benoit. « Sauf que la seule période de l’année où je peux essayer de me rendre disponible, c’est en Avril. Et en avril il n’y a pas de la neige partout. Je devais soit monter en altitude, soit en latitude. », poursuit-il. « Mes connaissances en hautes montagnes sont aussi beaucoup trop limitées pour faire un voyage en autonomie. J’ai donc choisi de monter en latitude. C’est comme ça que je suis tombé sur cet endroit en Norvège. Le vélo et le train, c’était ensuite une évidence. Pas question de prendre l’avion et de louer une voiture. Ensuite, l’ambition que j’ai eu au travers de ce film était de prouver à moi-même et aux autres que l’on peut voyager, vivre ses rêves sans détruire notre écosystème, qu’on peut vivre ses rêves en restant sobre. À mon plus grand malheur, on assimile souvent les comportements éco-responsables comme liberticide (réducteur de notre champ d’action), et ils sont motivés par la peur et de la culpabilité. ‘Il ne faut plus faire ci ou cela car on détruit ça et ça … ‘. Alors que selon moi (et pas que), le meilleur moyen pour que les comportements changent, c’est donner envie, pas de faire peur, car la peur paralyse alors que l’envie est motrice. Et il y a pleins d’arguments pour donner envie de changer de comportement. »
Tant pour Benoit que pour Enzo, son ami d’enfance, le choix du vélo et le bivouac s’impose, « parce qu’ils permettent de rester proche des endroits traversés et d’obtenir un impact plus faible (pas seulement carbone mais aussi sonore) », explique Benoit. « C’est tellement chouette de traverser des paysages, discrètement et en silence. Cela permet de découvrir les endroits tels qu’ils sont vraiment. J’ai ensuite pensé à prendre un kayak, parce que cet endroit en Norvège est super réputé pour ça. » Quand ils apprennent que Decathlon peut potentiellement les aider pour ce voyage, c’est bingo !
Leur périple s’avèrera tout sauf facile, la météo ne leur épargnant rien, mais dont ils ne reviendront pas les mêmes. « Ce qui est extraordinaire avec ce genre d’aventure, notamment dû au fait qu’on se déplace à vélo, c’est que parfois, les choses les plus simples, ou qui pourraient paraître anodines, se transforment en moments magiques », raconte Benoit. « Par exemple les virages extérieurs à vélo au bord d’un fjord : on ne voit rien, à part le fjord, et on découvre le paysage d’un coup une fois le virage terminé. À chaque fois, j’avais des papillons dans le ventre avant de découvrir un nouveau paysage. » Mémorables aussi pour lui ces moments où ils installaient le camp : « des moments d’harmonie au cours desquels on préparait notre petit cocon, où l’on connaissait chaque geste à faire et ceux de l’autre, c’était notre petite routine ». Sans parler bien sûr d’un coucher de soleil au-dessus de Nordkjosbotn ! « j’ai surement passé l’une des plus belles journées de ma vie ce jour-là, et c’est exactement pour des moments comme celui-ci que j’ai voulu faire ce voyage ! Tout a pris du sens ! », se souvient Benoit.
« On a passé cette journée du 19 avril sur le snow de 8h du matin à presque 23h, et le plus fou, c’est qu’on a croisé absolument personne ! On était seul au monde, c’est comme si cette montagne nous appartenait ! On prenait nos décisions sur le moment et en fonction des envies, on prenait le temps de profiter de l’instant sans penser à ce qu’on allait faire une heure après ! Et c’est aux alentours de 18h-18h30 qu’Enzo m’a dit « et si on allait sur la montagne d’en face pour voir le coucher du soleil ? » ça semblait fou au vu de la distance à parcourir, mais la notion du temps est vraiment différente ici ! On a gravi cette montagne, les lumières devenaient folles ! Le soleil baissait, le ciel devenait rose et on était encore seuls, quelle folie ! Et puis on a ridé cette face, toute vierge, dans une neige de printemps pas incroyable, mais c’était les meilleurs virages de ma vie ! Tout y était : un paysage de malade, un pote, un snowboard au bout des pieds, je n’avais besoin de rien de plus ! Encore aujourd’hui quand je regarde le film sur grand écran ça me fout les frissons ! »
De quoi oublier les galères, la pluie, les rafales de vent et les « våt bolle » ( on ne va pas spoiler le film, l’explication s’y trouve !) et surtout arborer un bilan environnemental encourageant. « Pour tenir les accords de Paris ( -1.5 °C de réchauffement) », explique Benoit », « il faut qu’on émette au maximum 2 tonnes de CO2 par personne et par an. On a dépensé 13% de ce quota pour les transports en 1 mois (dont trois jours de train aller-retour). Nous n’avons pas calculé les fournitures ni nos achats pour manger parce que c’est trop compliqué. Mais nous avons eu une alimentation végétarienne, et le matériel que l’on a utilisé, comme les vélos, a été renvoyé à Decathlon dans le but de servir sur d’autres aventures. Ce voyage est donc soutenable avec des ambitions écologiques ! C’est une petite victoire. Chaque kilomètre et chaque paysage se mérite, et devient par conséquent une récompense. C’est encore plus gratifiant de voyager de cette manière-là ! Cela nous fait ouvrir les yeux et relativiser sur notre vie de tous les jours. On se rend compte de la chance d’avoir ce confort au quotidien, que ce soit une douche chaude ou simplement avoir un toit où dormir. »
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