Sorti le 5 novembre, « Defiance » ne laisse personne indifférent. Et surtout pas Victor De Le Rue, l’un des trois riders shootés sur l’un des meilleurs spots du Canada, en Colombie Britannique. Tout était parfaitement calé pour le tournage de ce film de 12mn. Enfin presque, raconte le champion du monde de freeride qui s’est fait une très grosse frayeur ce jour-là.
« Defiance », méfiance en anglais. On ne sait pas si le titre était déjà arrêté avant le tournage, mais il est certainement bien vu si l’on pousse la curiosité d’aller jusqu’à la 4:30 mn du film. Passés les premiers rides éblouissants de Victor de Le Rue, Leanne Pelosi et Jake Blauvelt – parmi les meilleurs freeriders du moment – arrive une séquence non prévue dans le scénario. L’avalanche. Ou plutôt les avalanches. Sans vouloir spoiler, disons que Leanne Pelosi, star canadienne du snowboard, a eu très chaud. Et que Victor De Le Rue n’a eu qu’un commentaire « I’m so lucky !!! ».
Interviewé par téléphone alors qu’il s’offre quelques jours de surf au Maroc avec des potes, il raconte.
« On avait fait une super ligne ce matin-là. Un peu engagée. J’étais super content. On a décidé d’en faire une deuxième. J’avais un cameraman sur le côté. Aucun stress, une balade. On savait qu’il y avait des risques d’avalanches, mais seulement dans la partie basse de la face où l’on pouvait voir des traces de veilles coulées. Mais c’était la partie la moins dangereuse, sans barre rocheuse. Donc on n’était pas vraiment inquiets.
Et ça a commencé à dévaler, beaucoup plus gros qu’on pouvait imaginer, à un endroit où je n’avais aucune chance de pouvoir m’échapper. J’ai eu moins de deux secondes pour déclencher mon ABS (système de sécurité incluant un airbag logé dans son sac à dos, ndlr). Les ballons m’ont protégé et surtout ils m’ont permis de rester plus léger que la neige et de ne pas me retrouver enterré au fond quand l’avalanche s’arrête et devient du béton.
Je ne me suis pas vu mourir. Mais j’ai vu que là, ce n’était pas bon du tout. Pendant toute la durée de la descente, je me suis battu, et je suis resté concentré sur nager, nager, nager. L’air bag m’a sauvé. Je me suis fait une très grosse frayeur, et j’ai eu de la chance. Ça prouve qu’il faut toujours être à l’écoute de la montagne. »
Une expérience qui n’est pas sans rappeler l’accident dont a été victime le frère ainé de Victor, Xavier De Le rue, également snowboardeur, deux fois champion du monde de cross. Lors d’une prise de vue, en mars 2008, Xavier a miraculeusement réchappé d’une énorme avalanche vers Orsières en Suisse, dans le bord Sud du massif du Mont-Blanc.
« Je n’ai pas trop réalisé à l’époque, j’étais très jeune », raconte Victor. Xavier est rentré et à dit ‘ j’ai été pris dans une avalanche’. Mais beaucoup plus tard, j’ai compris, quand j’ai vu les images. Il s’était fait tirer sur plus de 2 km. Lorsqu’on l’a récupéré, ses yeux étaient injectés de sang. Lui aussi a été sauvé par son ABS. On venait de le lui donner, c’était son premier jour de test.
« Si je fais des entrainements avalanche ? Oui, une fois par an, mais on devrait en faire plus … D’ailleurs, je vais participer aux Safety Shred Days, organisés en janvier par Victor Daviet.
Voir Victor De Le Rue littéralement avalé par la neige dans « Defiance » a fait frémir plus d’un spectateur et suscité pas mal de commentaires sur YouTube. Certains s’interrogeant sur le montage du film et l’apparition d’animations sur ce moment dramatique.
« Seriously? Is a near fatal avalanche something that should be made out as « badass » and animated as if it’s just some cool stunt?«
« Sérieux ? Est-ce qu’une avalanche qui a failli être mortelle doit vraiment être montée genre « trop fort » et truffée d’animations comme s’il s’agissait d’une cascade trop cool ? »
« As much of a spectacle as that was, I’m not sure how I feel about this kind of glorification.«
« C’est un vrai spectacle, c’est indéniable. Reste que j’ai des sentiments mitigés devant ce genre de glorification. »(de l’avalanche, ndlr)
Réalisé par Gabe Langlois et Dave Mossop pour Sherpa Cinema – excellente société de production canadienne à qui l’on doit entre autres « Into the mind, «All I can » et « The fine line – la video rompt définitivement avec les schémas classiques du film de ski. De là à « glorifier » l’avalanche ou à en minimiser le danger ? Pas du tout, réfute, Victor : « Pourquoi glorifier ?. C’est super cool pour une marque comme The North Face de montrer ce que les autres ne montrent pas. Elle prend le risque de se faire trasher. Alors que l’avalanche, ça arrive aussi à des pros. Et là, on le voit. Ce montage, c’est un parti pris. Je ne sais pas si je suis très fan des petits dessins, mais ils ont pris des risques sur ce film.
Ça ne me touche pas les critiques, c’est facile, derrière son clavier »