Une expédition formée de huit chercheurs chinois a atteint le sommet du toit du monde mercredi 27 mai. Le groupe d’alpinistes – l’un des deux seuls présents sur la montagne ce printemps – était là dans un but très précis : prendre la mesure la plus précise du plus haut sommet du monde.
La pandémie de COVID-19 a mis fin à la saison printanière avant même qu’elle ne commence. Dès le mois de mars, la Chine a annulé tous les permis d’ascension du versant tibétain pour les étrangers. Le Népal suivait le lendemain, en interdisant les ascensions sur le versant sud. Mais lorsque la Chine a commencé à contrôler la propagation du coronavirus, elle a autorisé deux groupes à faire l’ascension de l’Everest : des experts géomètres et une expédition commerciale sponsorisée par le fabricant de produits capillaires chinois Yarlha Shampo. Sommet atteint ce matin jeudi 28 mai pour le deuxième groupe.
Le groupe de chercheurs avaient initialement prévu de faire un assaut final le 12 mai, mais les conditions météorologiques ont empêché l’installation des cordes fixes sur le dernier tronçon, les contraignant à redescendre au camp de base. Le 16 mai, les chefs d’expédition ont décidé de faire une nouvelle tentative avec une équipe plus petite qui atteindrait le sommet le 22 mai. Cette deuxième tentative a échoué suite aux fortes chutes de neige provoquées par le cyclone Amphan, selon le porte-parole du gouvernement chinois. Dès lors, la tempête semblait fermer toutes les possibilités d’ascension, anéantissant ainsi les espoirs des chercheurs chinois d’établir de nouvelles mesures sur le toit du monde. Tout au moins pour un temps.
L’altitude officielle du mont Everest est de 8848 mètres au-dessus du niveau de la mer depuis qu’une équipe de topographes indiens l’a mesurée en 1955. Depuis des années, le Népal et la Chine s’affrontent sur cette question, en particulier pour savoir si le chiffre officiel doit tenir compte ou non du cumul de neige au sommet.
En 2005, une équipe chinoise a déterminé que l’altitude de l’Everest était de 8844,43 mètres au niveau de sa base rocheuse, ce qui est la mesure la plus précise à ce jour. Le Népal réfute cette mesure et maintient que la couche de neige devrait être prise en compte. La quantité de neige et de glace au sommet aurait d’ailleurs diminuée après le terrible tremblement de terre de 2015.
L’expédition de 2020 visant à mesurer conjointement le pic a été le point culminant d’un accord conclu l’automne dernier lors de la visite du président chinois Xi Jinping au Népal.
Mercredi, l’équipe de chercheurs a passé près de trois heures au sommet à installer la balise satellite et d’autres équipements de mesure. La hauteur du sommet à été prise à l’aide du système de navigation par satellite BeiDou. Les chercheurs ont également recueilli des données sur l’épaisseur de la couche de neige, la météo et la vitesse du vent, qui seront utilisées pour surveiller l’impact du changement climatique sur la montagne et les glaciers.
De retour au camp de base, les chercheurs passeront ensuite jusqu’à trois mois à analyser les données avant de diffuser leurs relevés. Une équipe de géomètres mandatée par le Népal en 2017 et 2018 pour analyser la hauteur de l’Everest, se joindra aux équipes chinoises pour examiner tous les résultats et déterminer la hauteur officielle du sommet.
Quelle que soit sa nouvelle altitude, l’Everest restera le plus haut sommet du monde. Le K2, deuxième sommet le plus élevé, s’élève à 8616 mètres, soit 232 mètres de moins que l’Everest. Et même si les Chinois et les Népalais mettent fin au débat, la question ne sera jamais réglée. Les activités sismiques qui poussent la plaque du sous-continent indien sous la plaque asiatique continueront d’affecter la hauteur du toit du monde.
Photo d'en-tête : Photo: Xinhua News Agency/Getty