C’est l’attraction du moment en Islande. Les randonneurs affluent depuis le 19 mars, date du début de l’éruption volcanique toujours en cours à une quarantaine de kilomètres de la capitale, Reykjavik. Au point que l’office du tourisme islandais leur avait même ouvert une page complète de conseils pratiques. Page fermée suite à l’ouverture, hier, d’une nouvelle faille crachant un torrent de lave en fusion, s’écoulant cette fois vers Merardalir, une autre petite vallée voisine du site originel.
La nouvelle fissure à la surface du volcan, longue d’environ 100 à 200 mètres, a été repérée par un hélicoptère de tourisme, hier, à midi, heure locale. En émerge aujourd’hui un ruisseau de magma qui s’écoule sur plusieurs centaines de mètres. Ce nouveau site se trouve à environ 800 mètres au nord-est du foyer original de l’éruption situé, lui, dans la vallée de Geldingadalir, aux abords du mont Fagradalsfjall, où le volcan a commencé à entrer en éruption le 19 mars dernier.
Depuis, les visiteurs affluaient dans la région. Certains faisant tranquillement griller des steaks sur le magma brûlant, ou jouant au volley devant le volcan, sans parler des nombreux randonneurs. Devant l’afflux, l’office du tourisme islandais avait même installé un compteur, le 24 mars : au dernier pointage dimanche, 36.293 personnes s’étaient rendues au pied des deux cratères déversant de la lave sur une surface évaluée aujourd’hui à 30 hectares. Mais devant l’extension de l’éruption, l’Icelandic Department of Emergency Management (département islandais de gestion des urgences) a ordonné l’évacuation immédiate du site. Aucune menace immédiate ne serait à craindre pour l’instant, les fissures étant situées à distance des sentiers de randonnée, mais l’accès au site a été fermé et tous les visiteurs sommés de quitter les lieux.
A commencer par les plus intrépides tentant l’ascension par l’un des deux sentiers balisés, « avec un terrain difficile sur des champs de lave, du gravier et un sol irrégulier », précise l’office du tourisme islandais qui jusqu’à hier encore leur facilitait la tâche en fournissant des informations précises et surtout en leur rappelant les règles de sécurité qui s’imposent.
En temps normal, un aller-retour prend en effet pas moins de 2-3 heures « pour des randonneurs en assez bonne forme », qui devront affronter « un peu plus de 4 km aller avec une pente très raide, équipée d’une corde pour s’accrocher ». Sur ce site – outre les recommandations d’usage en Islande sur la versatilité de la météo, pouvant passer sans transition du soleil à la tempête de neige – l’office du tourisme recommandait de rester sur les collines et les crêtes et de se tenir à l’écart des vallées et des zones basses. Elle rappelait également que la pollution gazeuse n’était pas visible et ne pouvait pas être détectée par l’odorat. « Le gaz peut se disperser à partir du nuage de fumée et la pollution peut augmenter rapidement dans une zone donnée », pouvait-on lire. « Si vous ressentez un quelconque malaise, quittez immédiatement la zone « . Elle ajoutait d’ailleurs qu’il était est fortement déconseillé d’emmener des chiens dans la zone d’éruption. Le fluor et la pollution gazeuse dans la zone n’étant pas sans danger pour eux. Enfin, elle expliquait que « de nouvelles fissures/cratères pouvaient s’ouvrir sans grand préavis. »
Quand on sait que la dernière éruption dans la péninsule de Reykjanes (il y a près de huit cents ans ) s’était étendue sur trois décennies avec plusieurs épisodes éruptifs de 1210 à 1240, il est fort probable que le site reste inaccessible pour plusieurs semaines encore, voire beaucoup plus. L’émergence d’une ou plusieurs nouvelles failles n’étant pas écartée par l’Icelandic meteorological office.
Voir l’impact de la nouvelle fissure
Voir l’éruption du site global (vidéo mise en ligne le 24 mars)
Et pour ceux qui veulent suivre l’éruption en direct, c’est ici.
Photo d'en-tête : Bjorn Steinbekk