Depuis quelques années, de nouvelles technologies ont fait leur apparition dans le domaine des casques de vélo. Du MIPS au Wavecel cette année, de plus en plus de fabricants proposent des solutions pour améliorer leur niveau de protection et aller au-delà des exigences légales. A quoi ça sert ? Comment ça fonctionne ? Outside et son partenaire Vojo vous expliquent tout.
Un peu d’anatomie…
Pour bien comprendre l’intérêt de ces nouveaux produits, il faut d’abord savoir ce qu’on a dans notre tête. Notre cerveau est l’un nos organes vitaux et il est de ce fait plutôt bien protégé.
L’ensemble du cerveau flotte dans la boîte crânienne grâce au liquide cérébro-spinal. Cela lui procure une très bonne protection contre les chocs car il peut ainsi se déplacer légèrement dans toutes les directions sans heurter les os du crâne. Le cuir chevelu est également bien plus utile qu’il n’y paraît car il peut glisser sur la boîte crânienne. En cas de chute sur la tête, ce glissement va dissiper une partie des rotations liées au choc, aussi importantes que la force de l’impact en lui-même.
Aussi efficaces soient-ils, ces mécanismes ont leurs limites. Lorsque ces mécanismes sont dépassés et que les structures sont lésées, on parle de traumatisme crânien.
Les différentes technologies
MIPS
Le MIPS (Multi-directional Impact Protection System) est probablement le plus connu et le plus courant de ces systèmes. Développé par une équipe suédoise indépendante dès 1996, les premiers modèles à en être équipés ont vu le jour en 2007. Très répandu, de nombreuses autres marques intègrent un liner MIPS dans leur casque.
Le principe du MIPS est similaire à celui de notre cuir chevelu : offrir à la coque du casque une certaine liberté de mouvement vis-à-vis de notre tête. Cela permet de réduire l’impact des accélérations angulaires. En revanche, ces dispositifs n’apportent rien sur le plan de l’absorption directe de l’énergie du choc.
Poc SPIN
Le système SPIN (pour Shearing Pads INside) a été lancé par la marque suédoise Poc l’année dernière. L’idée derrière ce système est la même, réduire l’impact des forces rotationnelles, mais le mode de réalisation est beaucoup plus simple. Ici, c’est directement les mousses de confort à l’intérieur du casque qui intègrent un gel qui peut s’étirer dans toutes les directions. En revanche, il n’apporte pas de solutions pour la réduction de la force des impacts.
Fox Fluid Inside
Très similaire dans sa conception au SPIN de Poc, la technologie Fluid Inside (développée au Canada, à l’Université d’Ottawa) prend place entre la mousse EPS du casque et les mousses de confort. Ces pads sont censés “imiter le comportement du liquide cérébro-spinal”. MIPS a racheté le 29 mai la marque Fluid Inside et tous les brevets qui y sont liés.
Leatt 360° Turbine Technology
La solution proposée par Leatt prend place entre la coque EPS et le système de serrage + mousses du casque, comme le MIPS. En revanche, sa conception est très différente. On a ici de nombreuses petites turbines (comme son nom l’indique) de quelques millimètres d’épaisseur en gel. Ces turbines peuvent à la fois s’écraser pour réduire l’énergie du choc et se tordre pour réduire les accélérations angulaires transmises à la tête. Pour ceux qui souhaitent creuser un peu plus le sujet, l’étude est disponible ici.
Kali LDL
Le LDL (pour Low Density Layer) est le système proposé par la marque californienne Kali. Il est assez similaire à la 360° Turbine Technology de Leatt, dans la mesure où ce sont des inserts en gel qui prennent place entre la coque du casque et le système de serrage + mousses. Là aussi, ces inserts peuvent s’écraser et se tordre pour réduire à la fois l’impact du choc (sur ceux de faible intensité) et les accélérations angulaires.
Bontrager Wavecel
Le dernier en date dans la catégorie ! Le Wavecel de Bontrager a fait beaucoup de bruit à sa sortie il y a quelques semaines en annonçant réduire le risque de traumatisme crânien jusqu’à 48 fois par rapport à un casque standard. Si vous souhaitez comprendre d’où sort ce chiffre impressionnant, l’étude (en anglais) est disponible ici.
Le Wavecel est une structure cellulaire capable de s’écraser et de se déformer. Sa construction particulière en forme de vagues (d’où le nom) lui permet à la fois de s’écraser pour réduire l’énergie du choc, de se tordre et de glisser vis-à-vis de la mousse EPS pour atténuer les accélérations angulaires transmises à la tête.
6D Helmets ODS
L’ODS (pour Omni-Directional Suspension) prend la forme de nombreux petits “amortisseurs” en élastomère qui relient 2 coques en mousses EPS. Celle au contact de la tête est donc littéralement suspendue vis-à-vis de celle en contact avec l’extérieur (et le sol en cas de chute). En forme de sabliers, ces élastomères peuvent à la fois s’écraser et se tordre pour absorber les accélérations dans toutes les directions. Mais l’ODS alourdit considérablement le casque.
Koroyd
Dernière technologie importante dans ce domaine, le Koroyd est un matériau développé par une entreprise monégasque. Il ne se cantonne donc pas aux casques de vélos et on le retrouve notamment dans des skis, des snowboards, des sacs à dos, des protections de cervicales pour moto et même des casques de chantier.
Le Koroyd se compose de tubes en polymère de faible densité avec une résistance à la compression élevée, “soudés” entre eux par un autre polymère. Visuellement, il ressemble à une structure en nid d’abeille, la forme hexagonale en moins. Elle annonce réduire jusqu’à 8 fois le risque de fracture du crâne sur un choc à 22 km/h, par rapport à la norme européenne.
Quelques conseils pour choisir un casque de vélo
La surface du casque
Si la surface du casque est lisse, c’est pour lui permettre de glisser au sol en cas de choc et de réduire (encore une fois) les accélérations angulaires. Evitez donc les autocollants, les supports de caméra non démontables…
Le poids
Le poids du casque est un facteur très important. Moins il y de masse suspendue au-dessus du cou, moins l’énergie de l’impact sera importante. Cela ne signifie pas qu’il faut prendre un casque de route pour faire de la DH mais si vous hésitez entre 2 casques similaires, le meilleur choix est probablement le plus léger.
L’ajustement
L’ajustement du casque est essentiel et, comme pour les chaussures, il faut essayer avant d’acheter. Un casque mal ajusté et/ou mal réglé qui tourne ou glisse sur la tête sera beaucoup moins efficace en cas de chute.
Et l’électronique dans tout ça…
A l’ère des objets connectés, des systèmes électroniques commencent aussi à être intégrés aux casques. On pense notamment au Specialized ANGi présenté l’année dernière et qu’on retrouve sur les casques haut de gamme de la marque. Il consiste en une petite balise capable de détecter une chute et d’envoyer un signal à des contacts d’urgence choisis au préalable.
Par ailleurs, le développement de l’impression 3D permettra peut-être l’émergence de nouveaux matériaux et structures plus adaptés que la mousse EPS pour la gestion des chocs.
Une chose est sûre, même sans contrainte légale, nos casques n’ont pas fini d’évoluer et c’est plutôt une bonne chose…
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